Les libraires en parlent

← Une présence idéale

Librairie La pluie d’été (Mèze)

Librairie Atout Livre

Et si l’endroit où l’on trouvait les plus belles histoires sur la force de la vie était une unité de soins palliatifs ?

On n’y croit pas trop au départ, mais on est vite saisi par la puissance des textes courts d’Eduardo Berti, qui y a passé un petit moment pour s’imprégner des lieux, de l’atmosphère, avant d’écrire ce livre. Il égrène ses petites histoires, un geste surprenant, une ambiance tamisée où la douceur ressemble à de la joie, une anecdote où le tragique laisse soudain place au rire… Une suite de très, très beaux moments, forts comme un très gros câlin.

Merveilleux !

Librairie Esperluette (Lyon)

«Elle me posait des questions : c’est quoi pour moi la douleur, c’est quoi accompagner un patient. Et, surtout, pourquoi cette unité. « Je ne veux pas travailler sans mes valeurs, sans tenir compte de l’humain » lui ai-je dit de but en blanc.»

Eduardo Berti est argentin, pourtant c’est en français qu’il a écrit ce roman choral. C’est qu’il a puisé dans les interviews qu’il a faites auprès d’aides-soignantes, infirmières, médecins, brancardiers, bénévoles de l’unité de soins palliatifs du CHU de Rouen. Alors rester en français lui semblait plus juste (peut-être même que le fait que ce ne soit pas sa langue maternelle l’a poussé à aller à la recherche du mot le plus précis). Et de justesse il y en a. Ce livre en est même truffé. Chaque propos vient toucher dans le mille. Pas de fioriture, pas de mélo, simplement l’essence de ce qui se joue dans ce service. Et cela touche forcément le lecteur. Il s’agit bien ici d’une fiction et non d’une retranscription des entretiens. Les noms ont changé, l’auteur a agencé ces prises de paroles, les a romancées si besoin pour qu’elle forment un tout cohérent, et qu’elles nous livrent ce qui se joue dans ce service si particulier.

Il ne s’agit pas d’embellir la réalité, ni de la noircir. La première aide-soignante du livre parle justement de cette crainte, que le roman ne reflète pas la réalité car, selon elle, les romans ou films se passant dans des hôpitaux déforment toujours ce qui s’y passe «ou bien c’est excessif : un catalogue de coups bas. Ou bien c’est rose, embelli.» C’est pourquoi elle prévient l’écrivain qu’elle ne lira pas le livre. Le ton est donné. Mais on ne peut que souhaiter que l’aide-soignante dont s’inspire ce texte le lira finalement

Ce sont tantôt des anecdotes, leur première expérience dans cette unité, tantôt un sentiment, une réflexion sur la vie et la fin de vie, sur les patients, leurs proches et les professionnels. Il est également question de place, de présence et d’absence.

Bien sûr la mort est présente, mais finalement, ce roman nous parle surtout d’humanité.

Si les soignants doivent trouver la présence idéale, Eduardo Berti a trouvé la plume idoine.

«Ma fille de 30 ans est médecin. Cela nous rapproche toutes les deux. Je lui dis souvent que les autres se trompent quand ils assurent qu’un bon soignant doit trouver la distance idéale face aux patients. Je lui dis que ce que nous devons trouver c’est la présence idéale. Et que c’est loin d’être un simple jeu de mots. Je lui dis aussi que, dès que j’ai compris ça, je suis devenue un médecin digne de ce nom.»