Vincent, Librairie l’Allée des feuilles (Saint-Germain-en-Laye)
Un travail d’écriture magnifique, tel un poème entêtant.
La vie du danseur Nijinski décrite dans une myriade de fulgurances touchantes et éternelles.
Quel livre !
Un travail d’écriture magnifique, tel un poème entêtant.
La vie du danseur Nijinski décrite dans une myriade de fulgurances touchantes et éternelles.
Quel livre !
Sur la table (chaque jour florissante) des coups de coeur le nouvel opus de Perrine Le Querrec paru aux merveilleuses éditions La Contre Allée
Les portes d’entrée sont nombreuses, la danse les ballets russes Nijinski bien entendu mais pas seulement, la poésie, la passion de l’archive comme matière, la saveur d’une langue travaillée et sensible, la santé mentale ses oscillations et bascules, l’histoire, la récupération des trajectoires d’humanités trop talentueuses, ou talentueuses par conséquence de traumatismes, l’écrasement de destinées. La liste est sans fin des raisons de se procurer ce bijou. La beauté de l’objet, la richesse des fac-similés intégrés… Venez nous en parler !
Extraordinaire !
Quand les mots virevoltent en suspension,
quand le sens choit comme une évidence en accord avec la gravité dont dépendent les événements qui firent de cette vie la sienne, celle du génie, du fou, du magnifique Nijinski,
quand chaque phrase s’enchâsse dans le mouvement du corps, quand l’objet de lettres et de papier vous semble de chair, d’air et d’os…
Soudain, il y eut la danse. Il y eut Nijinski, le scandale d’un corps, l’érotisme, l’homme-animal, l’homme-dieu. S’en suit la chute de l’idole, les ailes qui brûlent, le noir de la folie.
Perrine Le Querrec multiplie les sources et les imaginaires. Son écriture explose d’inventivité pour mieux esquisser ce portrait où ombres et lumières oscillent en permanence, lyriques, baroques, follement dramatiques.
Une grande réussite !
[Soudain, un matin
et le temps se remit à danser
jusqu’à… ]
“De Nijinski on sait qu’il fut danseur étoile
De Nijinski on sait qu’il sautait plus haut que quiconque
De Nijinski on connaît les Ballets russes, Diaghilev, L’Après-midi d’un faune
De Nijinski on connaît beaucoup la légende, les récits, les approximations
De Nijinski on croit connaître
De Nijinski sait-on qu’il dansa jusqu’à ses 29 ans
De Nijinski sait-on la dernière danse le 19 janvier 1919
De Nijinski sait-on ensuite l’effondrement
De Nijinski sait-on qu’il fut interné plus de 30 années
De Nijinski connaissons-nous le grand oubli où il fut abandonné
De Nijinski sait-on l’immobile comme une autre danse”
Perrine Le Querrec
« S’appuyant sur de nombreuses sources d’archives, Perrine Le Querrec explore l’histoire du danseur Vaslav Nijinski. Des salles de spectacle aux couloirs des cliniques psychiatriques, le danseur passe de la lumière de la célébrité aux ombres de l’absence, du mouvement à l’immobilité.
Dépassant la légende grâce à des années de recherches, écoutant les mille voix qui évoquent le danseur, cherchant une vérité au milieu des interprétations, démêlant la vie intime de la vie publique, Perrine Le Querrec dresse le portrait de son Nijinski… Soudain Nijinski…»
« Le rythme déclenche les forces, il dénoue les conflits, rattache les mouvements passés aux mouvements présents, et ceux-ci aux autres à venir. »
Riche et beau
Singulier et rythmé
Syncopé et poétique
Documenté et bien construit
Un texte que nous avons aimé
Un artiste que nous avons rencontré
Une légende que nous avons approchée
« La joie, refuge des enfants abandonnés. »
Qui es-tu Nijinski ?
Ce danseur fou ? ce fou qui dansait ?
Un homme ? un oiseau ? un hommoiseau ?
Un peu de tout ça et rien de tout ça.
« Devenir redevenir puis revenir
À la vie. »
Danser c’est ta vie
Danser c’est ta raison de vivre
Titre de la première partie
On te voit heureux
On te voit aérien
On te devine souriant et fier
Mais très vite…
« Écrire pour ne pas tomber »
Danser ou mourir ?
On t’entend geindre
On t’entend gratter le papier
On t’entend écrire pour survivre
On t’entend t’activer pour ne pas t’aliéner
« Son sourire danse sur sa bouche
Le masque de son sourire
Encore son sourire
Usé jusqu’aux dents
Un sourire daté de l’enfance
Masque facile »
Mourir
On te sent impuissant
On te sent prisonnier
On te sent à l’étroit
Dans ce corps, dans ce lieu, dans cette prison
Plaire, donner le change
Espérer
Combattre l’immobilité
Et soudain… Nijinski
« Nijinski – reconstruit par les autres, ceux qui le dansent, ceux qui l’étudient ceux qui l’écrivent. Ces flux vitaux entre lui et le reste du monde, entre lui et le reste du temps.
Le reste du temps, il reste parfaitement immobile. »
Perrine le Querrec a compulsé des tonnes d’archives
En a extrait la substantifique moelle
Et a créé son Nijinski
Un danseur exceptionnel
Une légende
Un sulfureux
Un fou
Un ange brûlé
Dans une langue vivante, mélodieuse, poétique
À la ponctuation orale
Un texte à lire à voix haute
Un texte à slammer
Un texte à déguster
Un texte que nous avons adoré
Soudain Nijinski sort le 18 octobre.
Par la magie d’une écriture nerveuse et fluide qui épouse le mouvement de la danse, Nijinski, destin foudroyé, figure christique, est là devant nous. Texte incandescent qui fascine par sa singularité et par la force des mots. Et qui est le fruit d’un travail de recherche de sept années. Texte mosaïque où se mêlent éléments d’archive et évocation poétique du destin de celui qui a fait entrer la danse dans une ère nouvelle. Un texte comme un surgissement
« Soudain Nijinski » de Perrine Le Querrec vient de paraître aux éditions Editions La Contre Allée .
Alors que le texte laisse place au danseur, l’autrice donne elle toute la place au corps poétique. Si les mots dansent sur le papier, c’est qu’ils ont l’élégance de raconter celui qui laisse surgir le corps pensant mais bien plus que cela le corps pensant poétique. C’est une immense ode à la force littéraire et artistique. L’espace scénique s’élargit, le corps du texte raconte cela dans une mise en abyme sublime. C’est bien la force de la littérature : élargir l’espace de la pensée en lui offrant d’autres formes pour advenir notamment les formes intra-corporelles du mouvement. Et pour paraphraser les choses « le corps vivant poétique suffit » (p 22) alors pas de paraphrase. Il suffit. Il se suffit : Nijinski danse.
« Un soir, j’ai assis la beauté sur mes genoux – Et je l’ai trouvé amère. Et je l’ai injuriée »… ce récit traverse le feu du langage par le désordre que la danse instille dans la société bien pensante. Il faudrait alors revenir à « Feux » de Perrine Le Querrec paru aux Éditions Bruno Doucey .
Et il y a toujours chez elle cette attention portée aux corps meurtris, aux corps immobilisés. Car Nijinski fait face au morcellement psychique qui immobilise son corps puis ce sont les traitements qui, au lieu de prendre soin de l’être, brise le corps. Nijinski se met à écrire… saison en enfer.
C’est un texte magistral… Gratitude pour ce texte et bien sûr pour « Rouge pute » et « Le prénom a été modifié » qui restent bien là, bien présents surtout dans ces temps ci.
« Le plancher » reparait aussi aux éditions Editions La Contre Allée .
« Après l’expérience du mouvement qu’il a menée jusqu’à son terme, avec son génie de l’excellence et de la créativité le voilà le danseur dans l’expérience de l’immobilité. »
De Vaslav Nijinski on connait le nom. Pour peu qu’on s’intéresse un peu à la danse, on l’associe à la virtuosité de la danse classique, aux ballets russes du début du 20ème siècle. Peut-être aussi au scandale de l’Après-midi d’un Faune ou du Sacre du Printemps de Stravinski. Et puis, en 1919, tout s’arrête. Ou plutôt, sa carrière de danseur s’arrête. Un mythe est né. Généralement on n’en sait pas bien plus.
Mais Perrine Le Querrec ne s’arrête pas à cet aspect de Nijinski, elle s’intéresse au contraire surtout à ce qu’on ne connait pas ou peu de lui. Elle s’appuie alors sur son expérience d’archiviste pour aller, pendant 7 ans, chercher, creuser, fouiller, compiler des informations et ainsi tenter de reconstituer l’après, combler des blancs, saisir l’état de cet homme, dans ses silences, son immobilité et ses états psychiques. « Sept années de recherches, de découvertes, de déceptions, de bouleversements. »
Elle nous partage la fulgurance de la danse de cet homme hors du commun, les louanges qu’il a pu recevoir (« Et un soir il conquit Paris. Dès son apparition. Nijinski danseur étoile. Paris défile autour de lui. »), mais aussi les critiques les plus acerbes (« de justes sifflets ont accueilli la pantomime trop expressive de ce corps de bête mal construit, hideux de face, encore plus hideux de profil »), face à une incarnation de la danse qui vient déranger, heurter, peut-être toucher trop fortement le spectateur. « Qui entre en danse entre en transe entre dans la procession du diable entre en possession »
Perrine Le Querrec passe aussi derrière le rideau, et nous découvrons alors les fêlures présentes dès l’enfance, les accidents de la vie (« l’enfant innocent condamné à la noyade, le père immobile devant la Neva où s’enfonce le petit Vaslav », « Stanislas [son frère] grimpe sur le rebord de la fenêtre », « il y a l’histoire du pupitre à musique », « il y a [aussi] l’histoire du mariage. Romola de Pulszky, la groupie, arrive à ses fins. »), la manipulation des personnes qui l’entourent (le prince Lvov, le chorégraphe Diaghilev – « un corps sur lequel les mots Désir et Possession et Sexe et Assaut et Consommation se plantent »), jusqu’à sa femme qui ne supporte pas son état de folie et va jusqu’à orchestrer son ultime saut.
Et Nijinski s’arrête de danser, alors Perrine Le Querrec s’intéresse à ses écrits (sa notation de la danse et ses cahiers) et nous fait ressentir son état lors de ses 30 années d’errance entre différents asiles d’aliénés, passant dans les mains des éminents spécialistes de l’époque, subissant jusqu’à 228 chocs d’insuline. L’écriture de Perrine Le Querrec donne forme à cet état fait d’immobilité, de folie et de danse intérieure. Il y a les saccades, les répétitions, les silences, les respirations et les apnées, les envolées, la souffrance, le bouillonnement intérieur.
Ce livre c’est une rencontre entre le lecteur et Nijinski, entre Perrine Le Querrec et Nijinski (« autant d’interprétations, autant de pas vers lui, mon Nijinski »).
« Nijinski-le-faune, Nijinski-le-spectre, Nijinski-le-pantin, Nijinski est, Nijinski sait, sa tête penchée sous le poids des cornes invisibles, force pure, il ne fait pas «le faune», «le fou», il devient, totalement. »