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Un article sur le site de l’actualité littéraire, de Marie-Laure Fréchet, daté du 15 décembre :

 

Fort de son expérience d’éditeur d’auteurs étrangers, La Contre Allée initie un programme de rencontres régulières autour du thème de la traduction littéraire. L’occasion de réfléchir aux rapports entre l’œuvre, l’écrivain et le traducteur. De partager aussi ses « aventures et découvertes » avec les acteurs locaux des métiers du livre. Bienvenue en terre (quasi) inconnue.

Un article sur le site de l’actualité littéraire, de Marie-Laure Fréchet, daté du 15 décembre :

 

Fort de son expérience d’éditeur d’auteurs étrangers, La Contre Allée initie un programme de rencontres régulières autour du thème de la traduction littéraire. L’occasion de réfléchir aux rapports entre l’œuvre, l’écrivain et le traducteur. De partager aussi ses « aventures et découvertes » avec les acteurs locaux des métiers du livre. Bienvenue en terre (quasi) inconnue.

« Traduire est un choix. Soit on traduit tout ce qui se vend bien outre-frontières, soit l’on traduit ce qui manque à notre littérature, ce qui peut la bousculer, la prendre et la retourner, la forcer et la faire hurler. » Ces mots de Christophe Claro dit Claro, auteur, éditeur et traducteur de grands noms de la littérature anglo-saxonne, La Contre Allée pourrait les graver au frontispice de ses nouveaux bureaux.

Tant ils résument le parcours de la maison d’édition lilloise. Spécialisée dans les ouvrages qui questionnent la place de l’individu dans la société contemporaine, elle a, depuis sa création, beaucoup cherché ailleurs, hors du territoire régional, et même des frontières françaises, les auteurs qui traitaient de cette problématique. « La traduction est venue très vite, confirme Anna Rizzello, arrivée elle-même dans la maison initialement comme traductrice d’un livre d’entretien avec le juge italien Roberto Scarpinato (Le dernier des juges, 2011). On s’est alors aperçu que nous avions des échanges très riches avec les traducteurs. 

Rapidement, un autre constat s’est imposé. « Beaucoup des livres que nous lisons n’existeraient pas pour nous s’ils n’avaient pas été traduits, commente Benoît Verhille, le fondateur. Politiquement ça nous questionne aussi. La traduction interroge le lecteur et l’électeur. On ne peut pas tourner le dos à nos voisins. Traduire, c’est permettre un transfert culturel de savoir. » 


Un coup de projecteur 

La Contre Allée a donc engagé, parallèlement à ses activités d’édition, une réflexion sur les rapports entre l’œuvre, l’écrivain et le traducteur, initiée l’année dernière par un premier cycle de rencontres. Objectif : mettre un coup de projecteur sur celui que l’écrivain Alberto Manguel appelle le « lecteur idéal », pour sortir de l’ombre cette figure méconnue du public. « Son rôle dans l’échange culturel est pourtant fondamental : il rend possible la rencontre avec la parole d’un autre absent, tout en se portant garant du respect et de l’intégrité de cette parole », rappelle La Contre Allée.

Après des rencontres dans les librairies en juin 2015 et un premier colloque en octobre dernier, c’est désormais un programme annuel, baptisé « D’un pays l’autre, découvertes et aventures de la traduction littéraire », qui va être développé. Cette année, il sera marqué en octobre par un colloque autour du thème : la condition du traducteur. Autre temps fort : une résidence de traducteur, autour de Roberto Ferrucci.

Le traducteur et écrivain italien interviendra notamment à Lille 3 et au lycée Faidherbe de Lille où il animera un atelier avec les étudiants de langue et culture italiennes, en proposant des exercices de traduction autour d’extraits de textes de Jean-Philippe Toussaint. 

Un partenariat a également été noué avec l’IUT Métiers du livre de Tourcoing. Dès la rentrée, un module spécifique autour de la traduction littéraire sera mis en place. Les élèves seront également associés à l’organisation des colloques et, pour la section librairie, à celle des rencontres avec les traducteurs. Enfin, un partenariat est initié avec la Délégation académique aux arts et à la culture (DAAC) pour définir ce que pourrait apporter un traducteur à la pratique de classe.

Un maillage serré donc entre lecteurs grand public et professionnels du livre, enseignants ou étudiants, avec la volonté également de couvrir un territoire. « Nous sondons le terrain pour savoir où il serait bon d’intervenir », confirme Anna Rizzello. Et il y a fort à faire, semble-t-il. « On a vu ce qui se passe ailleurs et ce qui manque ici », commente laconiquement Benoît Verhille. Plus clairement, rien ou presque en dehors du milieu universitaire.

 

Une expertise

Soutenu par des financements Ville de Lille, DRAC, Département et Région, avec une recherche en cours de financement européen, le projet de La Contre Allée pose les prémices d’une sorte de laboratoire régional de la traduction. « Nous voulons surtout servir de médiateur », souligne Benoît Verhille. Et partager une expérience de terrain qui est devenue aujourd’hui une expertise. Traduire avec qui ? Comment ? Pourquoi ? Pour qui ? Autant de questions auxquelles l’éditeur, dans sa pratique, répond in fine.

Bien souvent, il essaie de faire « au mieux », comme le remarque Benoît Verhille. Objectif : faire mieux encore, pour faciliter les échanges entre le local et l’international. « Nous avons quelque chose à apporter à cette région, pour l’irriguer avec des auteurs étrangers ou en exporter d’autres », rappelle-t-il. L’aventure ne fait que commencer.

 

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