Pour aller plus loin

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Librairie La pluie d’été (Mèze)

Jacques de la librairie Livre’s (Marche-en-Famenne, Belgique)

Une plume qui émeut jusqu’aux larmes pour une lecture dure mais qui déborde d’humanité et d’amour au delà du désespoir. Comment un livre peut-il exprimer avec tant de justesse la détresse des parents dont les enfants souffrent de maladie psychiatrique ?

Une réussite !!

Librairie Météores (Bruxelles)

Qui a déjà dû côtoyer une hôpital psychiatrique, une prison, une maison gériatrique ou de soin, connaît ce moment sourd d’angoisses et de peurs juste avant d’en franchir la porte, sur le parking, dans le sas, dans cet entre-monde. Que l’on soit directement concerné par l’institution ou un proche en visite. C’est dans cet entre-deux que toutes les pensées se mettent à s’agiter, nous prennent au corps, que les petites culpabilités, le moment où on retient ses larmes ou au contraire, celui où on les fait couler, enfin, parce qu’on ne voulait pas pleurer à l’intérieur. Un livre plein de cette souffrance, mais aussi plein de tout l’amour que portent les proches. Fort de son passé d’animatrice en HP , Eva Kavian dans L’Engravement nous restitue les vécus, les manières dont on entre et on sort d’une institution psychiatrique, sans pour autant en faire une analyse de surplomb.

Claire de la FNAC Victor Hugo (Grenoble)

Coup de coeur de L’engravement

Engraver, c’est échouer (sur le gravier), mais c’est aussi renforcer… Un roman au style étonnant, qui prend ses distances avec le sujet terrible de l’internement d’un enfant, et en même temps vous immerge totalement dans la vie de ces parents. Une réussite !

Karoo

Karoo

L’engravement d’Eva Kavian. Le silence des deuxièmes personnes. Un article de Nicolas Baudoin.

Le dernier roman d’Eva Kavian, paru à La Contre Allée, se concentre sur un espace très limité et auquel on ne pense jamais : le sentier qui sépare le parking de l’hôpital psychiatrique de sa porte d’entrée. Ce chemin, c’est celui que foulent les pas lourds, pressés, rageurs ou découragés des proches venus visiter un enfant, une compagne, un ami. Un patient interné.

Dans L’Engravement, vous lirez à la deuxième personne les pensées qui agitent ce troupeau de visiteurs alors qu’ils vont et viennent. Inlassablement. Ceux-là ont assisté à la transformation parfois soudaine d’un intime, souvent d’un enfant, dont l’état mental a été jugé trop instable pour « la vie normale ». La plupart de ces jeunes ont tenté de mourir. Certains essaient encore.

C’est dans ce moment difficile, dans cette souffrance impartageable, que vous rejoindrez cette foule de parents. Vous marcherez à côté d’eux, parfois proches au point de sentir la moiteur de leur souffle. Il s’agira certes de personnages, mais vous aurez du mal à y croire. Très vite, vous pourrez les sentir se matérialiser. Leur mal-être un peu trop pareil au vôtre, leurs questions creuses, simples, percutantes.

 » L’amour peut-il devenir un devoir ? « 

Il y aura un drame qui se produira à l’intérieur d’un drame plus grand. Vous suivrez les pages comme des rails, les menues variations des destins se répondant, les phrases presque illisibles tellement on y a gratté le superflu. Vous vous ferez vouvoyer, puis tutoyer. Vous lirez le mot « effondrement ». À distance, vous entendrez le corps médical.

 » Cette semaine, tout le monde se pend. Une véritable pandémie. La semaine passée, c’étaient des mutilations. « 

Il y aura avancement. Il n’y aura pas de petites victoires. Loin de s’égarer, le récit se construira au fur et à mesure des très minces chapitres, empruntant différentes voix, mais toujours le même sentier.

 » Vous êtes trente ou vingt, parfois dix, peu importe, vous rampez sur l’allée, écrasés, vidés, fautifs, égarés sur le chemin que vous connaissez si bien. […] Il y a un parking, un arrêt de bus, une rue que personne ne veut habiter, et votre vie qui continue. « 

Les noms reviendront, les lieux même décrits imprécisément deviendront familiers. Vous repenserez aux regards d’un habitué que vous avez évité, à l’histoire de Claudy, à votre belle fille. Vous mettrez le sac plein d’habits souillés que l’infirmière vous a tendu dans le coffre. Vous vous installerez dans la voiture. Et vous aussi, lecteurs et lectrices, vous vous mettrez à chialer sans plus aucune retenue.

Ancienne ergothérapeute en HP et animatrice d’ateliers d’écriture depuis 37 ans, Eva Kavian maîtrise autant son style que son sujet. On sent le labeur pour rendre justice à ces histoires singulières, pour ne pas juste produire une charge facile contre l’institution clinique ou un essai social sur le mal être psychologique. Soutenu par cette exigence qui le traverse, le texte parvient à susciter des moments d’émotion intense, sans jamais renoncer à la justesse du propos.

À retrouver ici.

Stéphanie du Furet du nord (Lille)

Plusieurs voix se mêlent dans ce texte beau et sensible. Ce sont celles des proches d’adolescents hospitalisés en psychiatrie.

Préparez votre mouchoir ! Vous allez être bouleversés et émus par ces histoires de vies accidentées.

Un immense coup de coeur et surtout une lecture INOUBLIABLE…

Marie de la Librairie Filigranes Corner (Bruxelles)

Dans ce livre…

Vous trouverez un style particulier, poétique et percutant. Vous aurez la gorge terriblement nouée. Vous risquez de le garder dans votre coeur un bon bout de temps.

Le Carnet et les Instants

Article de Séverine Radoux pour Le Carnet et les Instants :

Le cri des baleines échouées

Dans son nouvel opus, Eva Kavian nous donne à lire des fragments de vie de personnages qui se croisent dans l’allée menant à un asile psychiatrique où leur enfant est admis suite à une tentative de suicide. Nous sommes amenés à palper le quotidien de ces êtres dont la vie s’est arrêtée, ponctuée par les visites et marquée par la fin de la tranquillité. Ces parents désormais obsédés par leur enfant en rupture avec la vie sont traversés par des émotions très fortes : ballotés entre la colère, le chagrin, la honte, la culpabilité et un profond sentiment d’impuissance, ils apprennent les vertus de la patience et de l’espoir ténu. Au bord de l’épuisement, nous les voyons lutter pour « vivre avec ».

« Bonjour mon chéri (c’est bien ou pas bien de dire mon chéri à son fils de vingt-trois ans ?) je suis contente de te voir (je ne suis pas oppressante, là ?) comment vas-tu aujourd’hui (intrusive ?) Papa n’a pas pu venir mais il t’embrasse (c’est vrai qu’ils sentent quand on ment ?) ne t’inquiète pas je n’ai plus mal (ne pas dramatiser, de toute façon « il ne ressent pas les choses comme vous »). Tu hésites. Est-ce un jour où tu peux le toucher ? Vos corps se rapprochent, mais vous n’allez pas l’un vers l’autre. L’autre en toi n’existe plus pour lui. Ça veut dire quoi ? Et l’autre en lui, c’est qui ? Il est devenu qui ? Quoi ? Pourquoi ? Pourquoi lui ? Toi ? Tu l’as porté dans ton ventre, tu as marqué chaque centimètre de sa croissance sur l’embrasure de chêne, tu as raconté les histoires, chanté les comptines et un jour il est devenu fou.« 

Hantés par leurs questions, ces parents aimants tentent d’adopter la distance juste vis-à-vis de leur enfant qui a désormais besoin d’un cadre différent. Tels des automates, ils sont devenus indifférents aux bruits du monde, habités par leur obsession de « bien faire », guidés par leur amour devenu synonyme de devoir. Leur vie quotidienne est déterminée par des séjours aux urgences, des services psychiatriques saturés ou inadaptés, des contraintes administratives insensées, mais aussi le compte des jours sauvés. Dans cette réalité, ne plus quitter son portable, même la nuit, est devenu une nécessité ; bondir à la première sonnerie peut être une question de vie ou de mort. S’effondrer est dorénavant proscrit.

« Un infirmier fouille ton sac à main et le cabas avec les vêtements propres. Il enlève les cordons, les ceintures. Te rend le sac, comme si cette situation ne te défonçait pas les tripes. Tu ne dis rien. Si tu parles tu pleures. Ou tu deviens méchante. Et tu ne veux pas que ça retombe sur Loreen. Tu l’as repérée du coin de l’œil. Elle est couchée sur le sol de la section fermée, elle gratte le film plastique opacifiant posé sur la porte, tu vois son œil, collé à la vitre, sa langue qui pend dans l’effort, qui bave. Elle gratte. Comme un chien. L’infirmier a vingt clés à son trousseau mais il sort la bonne au premier essai, il t’ouvre. Tu as droit à deux heures et tu as envie de disparaître.« 

À travers L’engravement, Eva Kavian donne la parole à une minorité silencieuse : les parents des enfants brouillés avec la vie. Écrits à la deuxième personne, ces morceaux d’histoire entrecoupés de répliques froides de psychiatres confèrent un sentiment d’étrangeté qui nous donne un aperçu de celui que les héros vivent. Avec un style travaillé axé sur la profondeur et l’intensité des émotions, nous sommes amenés à lire la beauté de ces êtres aliénés face à une structure médicale inadaptée qui a tout de même le mérite d’exister. Un récit très sensible sur la solitude des parents qui s’imposent de vivre pour leur enfant, sur la force de l’amour parental qui transcende les souffrances les plus indicibles.

À retrouver ici.

Librairie Papyrus (Namur)

Ce livre est un accélérateur d’empathie. Le style d’Eva Kavian fait mouche et on lit d’une traite, le coeur serré, inquiet avec chaque parent, chaque semaine…