Luisa Carnés

itinéraire

Si l’on connaît bien, ou mieux, les auteurs de La Génération de 27, comme Federico García Lorca, Dámaso Alonso, Gerardo Diego, Luis Cernuda, Vicente Aleixandre, Manuel Altolaguirre, Emilio
Prados, Jorge Guillén, Pedro Salinas, ou encore Rafael Alberti…, on ne connaît pas, ou très peu, Rosa Chacel, Ernestina de Champourcín, María Teresa León, Concha Méndez… Leurs noms sont nombreux mais, avant la guerre, ils n’occupaient pas la place méritée aux côtés de leurs compagnons littéraires. Ils, les grands de La Génération de 27, ont pourtant partagé avec elles rencontres, amitiés, projets ou photographies. Mais elles restent encore trop souvent, aujourd’hui comme hier, ignorées, voire oubliées.

Ces dernières années, le travail de certaines d’entre elles a enfin été réédité. Et l’une de « ces figures » qui émergent remarquablement de l’oubli est certainement celle de Luisa Carnés, née à Madrid en 1905 et décédée à Mexico en 1964.

Les circonstances historiques qui ont vu émerger Luisa Carnés comme journaliste et romancière, ses engagements sociaux et politiques dans l’Espagne des années 1930, puis durant la guerre civile (elle était membre du PC Espagnol), son exil au Mexique, puis la censure du régime de Franco, ont largement contribué à la « rendre invisible » pendant de longues années dans l’histoire de la littérature espagnole.

Née dans une famille d’ ouvriers, Luisa Carnés commence à travailler très tôt, dès l’ âge de 11 ans, comme apprentie dans l’ atelier de chapellerie que dirige une de ses tantes. Elle compense son manque d’ instruction par une curiosité littéraire féroce et multiplie ses lectures, en particulier des auteurs russes. Son apprentissage littéraire est autodidacte et la conduit vers la littérature et le journalisme, jusqu’ à devenir, selon la critique de
l’ époque, l’ une des meilleures écrivaines des années 1930. Elle publie très jeune (entre 1926 et 1929) quatre nouvelles dans la presse, puis en 1928, son premier recueil est édité, Peregrinos del calvario, suivi d’ un roman
Natacha qui campe ses personnages dans un atelier textile semblable à celui qu’ elle connaît bien. De son nouvel emploi dans un salon de thé, elle tire, en 1934, le roman qui la consacre, Tea Rooms (femmes ouvrières), un roman-reportage d’ une surprenante modernité qui s’ inscrit dans la tradition de ce genre littéraire apparu dès les années 1920. Elle deviendra journaliste à temps plein suite à sa publication.

Inventaire