Emmanuel Ponsart du cipM de Marseille, Lettre ouverte à M. Daniel Hermann. A faire circuler.

centre international de poésie Marseille
Lettre d’information n°290, du 5 juin 2012

Lettre ouverte

à l’adjoint au Maire de Marseille, chargé de l’action culturelle
des musées, des bibliothèques et du Museum

M. Daniel Hermann

 

centre international de poésie Marseille
Lettre d’information n°290, du 5 juin 2012

Lettre ouverte

à l’adjoint au Maire de Marseille, chargé de l’action culturelle
des musées, des bibliothèques et du Museum

M. Daniel Hermann

 

Suite à notre tract dénonçant les nouvelles baisses de subvention de la Ville votées pour notre structure, nous venons de lire votre première réponse dans un article de La Marseillaise, daté du 30 mai 2012.

Étrangement, votre discours est exactement le même que celui de l’année dernière, ainsi que celui de 2009, et pour le même motif… Moins 10 000 € en 2009, moins 30 000€ en 2011, moins 30 000 € en 2012, et les mêmes arguments…

Morceaux choisis :
30 avril 2008, Marseille L’Hebdo : «… le cipM ! Moi qui adore la poésie, je viens de découvrir ce lieu unique ».

23 juillet 2009, Libération : « Le cipM, je les ai baissés (…). Ils sont logés gratis et si je leur enlève 10 000 €, ils ne sont pas morts. Pourtant, j’aime bien la poésie. Mais ils peuvent faire un petit effort ».

28 février 2011, La Marseillaise : « Et comme le cipM est particulièrement bien financé par la Ville avec 230 000 €, j’ai un peu rogné leur financement ».

2 mars 2011, Marseille L’Hebdo : « Question subventions, le cipM est un des mieux lotis et ils sont logés gratuitement. Je dois rééquilibrer les budgets car la Région a diminué ses subventions à plusieurs associations ».

7 mars 2011, La Provence : « Ce n’est pas une attaque en règle contre la poésie ; d’ailleurs ils sont logés gratuitement à la Vieille Charité. Quand la Région enlève ses subventions, je suis bien obligé de compenser… Je rééquilibre, je prends un peu aux uns pour donner aux autres ».

30 mai 2012, La Marseillaise : « Le cipM n’est pas en péril quand j’enlève 30 000 € sur 490 000 € au total, en comptant les subventions de toutes les collectivités. Le cipM est très bien aidé, de plus il est logé gratuitement à la Vieille Charité, ils disposent de financement pour 2013 ».

C’est sans doute ce qu’on appelle du comique de répétition :
il ne nous amuse plus.

Quand vous répétez que « le cipM est très bien aidé », vous omettez de dire, que la Ville ne cesse de diminuer sa participation depuis plus de 15 ans — 1996 : 305 000 € ; 2012 : 200 000 € — alors que cette structure est unique dans son genre, au niveau national comme au niveau européen. C’est ce qu’on appelle communément, et trop souvent à Marseille, gâcher une chance.

Quand vous dites que le cipM « est logé gratuitement à la Vieille Charité », vous passez un peu vite sur sur les tentative à répétition de la Ville, depuis 8 ans, de nous faire quitter ce site sur tous les prétextes, sans bien sûr vouloir même étudier sérieusement une possibilité de relocalisation… Or le cipM, créé à la demande de la Ville en 1990, est bien logé par elle depuis son origine.

Quand vous dites que le cipM « dispose de financement pour 2013 », vous semblez oublier que Marseille-Provence 2013 décide de façon indépendante de financer des actions nouvelles pour l’année 2013. Mais il est difficile de programmer des actions nouvelles quand le budget habituel d’une structure culturelle s’effondre, grâce à vous. La Charte de Marseille-Provence 2013, que la Ville a pour obligation de respecter, précise bien que le budget est « constitué exclusivement de mesures nouvelles (…) sans réduction des budgets structurels préexistants ».

Pendant ce temps, notre structure se bat pour développer ses activités, trouver de nouveaux soutiens institutionnels — de la part de l’Etat, de la Région, du Département —, multiplier les partenariats avec des structures culturelles en France et à l’étranger. De fait, la Ville est passée depuis longtemps sous la barre des 50 % de notre budget. Grâce à nos efforts, notre structure s’est maintenue à flot.

Cette nouvelle accélération du désengagement de la Ville, moins 60 000 € en deux ans, n’est donc pas justifiable par vos approximations à répétition. Elle nie tout le travail de développement — culturel, structurel, financier — du cipM, compromet la programmation 2012 engagée, et sape ses efforts pour 2013.

Aujourd’hui, nous nous interrogeons sérieusement sur les motivations réelles de ces diminutions. Nous ne vous demandons pas d’aimer la poésie, comme vous le dites souvent. Nous attendons simplement que vous soyez un élu sérieux et responsable, dans vos décisions comme dans vos propos.

C’est pourquoi nous vous demandons de corriger cette baisse de subvention dès 2012.

Nous vous demandons aussi, si cela vous est possible, un peu de respect pour le travail de fond mené ici depuis 22 ans.

Nous vous transmettrons prochainement tous les messages de soutien qui nous sont parvenus, et qui continuent d’affluer.

En vous souhaitant une bonne lecture.
Emmanuel Ponsart
et l’équipe du cipM,      Lettre ouverte à M. Daniel Hermann