Yoyo, Librairie des Signes (Compiègne)
Amandine Dhée met les pieds dans la glaise, directe, sans ambages ; les pieds dans la glaise, cuite et recuite, de nos macérations maladives ; elle plonge au cœur de la pâte qui nous façonne (“Nous sommes tous fabriqués.” p.103) et qui conditionne la “(…) dramaturgie de la chatte.” p.106). Sa matière, c’est la vie, la vie des femmes. Et cette matière, elle la pétrit avec pertinence, malice, talent ; elle élabore, en toute simplicité, un bréviaire humaniste parce que féministe. Elle se cogne, se confronte, aux contradictions, celles qui lui sont propres et celles qui lui sont imposées. Elle gratte sous l’écorce, sous la croûte du réel, du quotidien. Elle nous propose une superbe réflexion, planante malgré ses enjeux, dans la lignée, en moins punk et foutraque dans la forme (quoique), mais tout aussi audacieuse et radicale du “King Kong Théorie” de Virginie Despentes. C’est un enchantement, une explosion d’intelligence, un court texte qui libère ou, du moins, qui rend possible la liberté. C’est une leçon de vie, de liberté potentielle, de “Gai savoir” qui fait pétiller l’esprit. C’est d’une virtuosité et d’une lucidité incandescente. “A mains nues”, ce sont des mains abrasives qui arrachent, extirpent, refaçonnent, mains sublimes qui travaillent la matière littéraire avec la force radicale des pensées vraies et nues (et donc scandaleuses).“A mains nues”, c’est l’écume tumultueuse et géniale de “King Kong Théorie.” Un véritable don de soi. Un superbe texte.