Les libraires en parlent

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Librairie Les Vinzelles (Volvic)

Un écrivain qui parle de son amitié avec un autre écrivain… Cet autre étant Tabucchi, le géant Antonio Tabucchi. Entre autre.

On monte dans un tramway, le tramway numéro 28 de Lisbonne, en lisant ce petit livre bref mais intense et rouge comme un profond sentiment. Le tramway jaune amène, comme un pèlerinage sauvage, sur la tombe de l’auteur du « Fil de l’horizon », d’ «Une malle pleine de gens », hommage à l’hétéronyme Pessoa, de « Pereira prétend », à Lisbonne, étincelante. Et on est emporté dans cette balade, ces souvenirs, ces anecdotes discrètes, par l’amitié, la beauté d’une relation amicale, les engagements sociétaux, littéraires et politiques, aussi.

Car Tabucchi l’était, engagé politiquement. Très. Comme tout écrivain un peu clairvoyant, par ailleurs.

Roberto Ferrucci a eu la chance de rencontrer deux auteurs sur lesquels il finalisait un mémoire de maitrise, et de devenir leur ami : Daniele Del Giudice et Antonio Tabucchi… Et c’est ce qu’il nous livre dans ces pages : le lien, l’amitié.

Ce livre est ce défi : écrire sur les cheminements de pensée qui se rencontrent et se connectent, se lient profondément, sans avoir forcément à se déclarer une flamme à grands cris, non, dans ce livre l’attachement, la connivence sont offerts tout en discrétion mais émergent en chaque joli mot savamment choisi. Le mécanisme de la connivence à sourire partagé fonctionne et touche, comme par magie, on sait qu’on est entré dans ce livre dans une sorte de jolie bulle dans laquelle on se sent réellement invité. Infiniment touchant, ce livre, vraiment.

« Il y a des années, j’avais recopié ces mots de lui : « Les histoires ne commencent pas et ne finissent pas, elles arrivent ». Je suis sûr de les avoir recopiés pendant que j’écrivais mon mémoire de maîtrise, de les avoir soulignés, appris par coeur. Je dois même les avoir empruntés pour une lettre d’amour – je crois, ou de rupture, je ne sais pas -, parce qu’à vingt ans, les lecteurs, c’est bien connu, sont de vrais pillards. Dès que j’ai pensé au titre que je pourrais donner au livre que j’étais en train d’écrire – que vous êtes en train de lire -, je me suis mis à leur recherche. J’étais convaincu. »

Celui qui lit ceci, aussi. Tellement. Et humblement, discrètement, pudiquement. Et du coup, je me suis rendue compte que je n’avais pas tout lu de Tabucchi. Pas encore. Ni de Roberto Ferrucci. Mais ce sera rattrapé , un jour… Que lire est délicieux tant il donne toujours envie de lire encore et toujours plus.

Les Editions La Contre Allée sont une piste intarissable de belles douces et justes découvertes, même quelques années après leur sortie !