Revue de presse

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Hublots

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Un billet sur le blog de Philippe Annocque, le 23 novembre :

Bertina tire le fil

Reprise de nos émissions littéraires. Le Salon de l’Autre Livre n’a duré que l’après-midi d’un 13 novembre, mais j’ai quand même eu le temps d’y faire quelques emplettes. Des lions comme des danseuses, d’Arno Bertina, paru cette année aux éditions La Contre Allée, est une fiction audacieusement prophétique puisqu’elle se passe l’an prochain notamment. L’auteur tire un fil et comme dans cet album de Oui-Oui dont la lecture avait traumatisé ma dernière année de maternelle c’est le pull entier qui se détricote, rendez-vous compte : l’Europe devient gratuite ! Cela grâce au roi d’un village du pays bamiléké, au Cameroun, lequel a l’idée d’intenter une procédure contre le Musée du quai Branly afin d’en obtenir la gratuité pour ses concitoyens, qui ne vont pas quand même pas payer pour voir les œuvres de leurs propres ancêtres (œuvres que décrit le titre, avec cette grâce propre à tous les titres Bertinaïens). C’est une fable, d’où sa brièveté, son humour aussi, et c’est aussi une vraie question, à l’heure où des pays en proie au pillage de leur patrimoine se trouvent amenés à demander qu’on conserve en Europe, au moins pendant un temps, les œuvres d’art volées et saisies par la douane.

Lire le billet sur le blog ici

La Cause littéraire

La Cause littéraire

Un article écrit par Marc Ossorguine, le 16 octobre :

« De quoi l’Europe est-elle le nom ? » aurait pu être le sous-titre de ces Lions. Arno Bertina se projette dans un futur proche et vient questionner la présence des « arts premiers » dans les musées de France et d’Europe, à commencer par celui du Quai Branly. Une question qu’il fait poser par le roi de Bangoulap, le Fo’ Yankeu Jean, à l’administrateur dudit musée : il serait bien étrange que les ressortissants de son royaume payent l’entrée du musée pour voir des œuvres qui viennent de chez eux ; donc le roi exige la gratuité du musée pour ceux-ci. Précisons que le royaume et le roi en question existent bien, en pays Bamiléké à l’ouest du Cameroun. Précisons aussi, pour ceux qui n’auraient pas suivi ces débats qu’une telle demande (a-t-elle vraiment été faite ? nous sommes là sur la limite entre fiction et réel…) s’inscrit dans les démarches et programmes de restitution des œuvres d’art menés sous l’égide de l’Unesco (l’agence des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture). L’auteur s’amuse alors à imaginer les conséquences de cette demande, qui semble des plus légitimes, des plus logiques, même. Et voilà l’Europe, ou plutôt la CEE, interrogée dans ses fondamentaux, ses logiques et arguties libérales qui savent si bien – dans le discours et dans les actes – transformer les rapports de domination culturels institués en libertés économiques assumées et recherchées – par ceux à qui elles profitent surtout, bien entendu.

On peut sourire et même rire, mais jaune, à la lecture de cette politique fiction. On peut aussi y voir, sous le masque de l’ironie, une critique sans concession du monde tel qu’il est, tel qu’il est devenu et tel que certains le voudraient, encore plus fort, encore plus radicalement inégalitaire. Cela résonne aujourd’hui bien fort dans l’actualité car, l’actualité ne fait que le rappeler, ces enjeux que l’on a pu qualifier de nord-sud, c’est au cœur même de l’Europe qu’ils existent, avec une brutalité qui ne prête guère à sourire. On se prend alors à espérer que la fiction ironique puisse devenir réalité politique et que l’insistance tranquille mais incisive de ceux qu’on oublie toujours puisse transformer les choses. Surtout celles dont on ne cesse de nous dire qu’elles ne peuvent pas être autrement car ce serait pure bêtise et inconscience, pure folie… Mais folie pour qui ?…

Un court récit, aussi plaisant à lire que stimulant et revigorant et qui apporte sa propre couleur à cette formidable petite collection, fictions d’Europe, que la Contre allée a inaugurée avec ce titre, ainsi que Berlin, Bucarest-Budapest : Budapest-Bucarest, du portugais Gonçalo M. Tavares, et Terre de colère, du grec Christos Chryssopoulos. Nous attendons les prochains titres avec impatience et délectation !…

Lire l’article sur le site de La Cause Littéraire, ici

Fils de lecture

Fils de lecture

Un article de Marc Ossorguine sur son blog, daté du 11 juillet 2015.

“De quoi l’Europe est-elle le nom?” aurait pu être le sous-titre de ces Lions. Arno Bertina se projette dans un futur proche et vient questionner la présence des “arts premiers” dans les musée de France et d’Europe, à commencer par celui du Quai Branly. Une question qu’il fait poser par le roi de Bangoulap, le Fo’ Yankeu Jean, au administrateur dudit musée: il serait bien étrange que les ressortissant de son royaume paye l’entrée du musée pour voir des œuvres qui viennent de chez eux; donc le roi exige la gratuité du musée pour ceux-ci. Précisons que le royaume et le roi en question existent bien, en pays Bamiléké à l’ouest du Cameroun. Précisons aussi, pour ceux qui n’aurait pas suivi ces débats qu’une telle demande (A-t-elle vraiment été faite? Nous sommes là sur la limite entre fiction et réel…) s’inscrit dans les démarches et programmes de restitutions des œuvres d’art menés sous l’égide de l’Unesco (l’agence des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture). L’auteur s’amuse alors à imaginer les conséquences de cette demande, qui semble des plus légitimes, des plus logiques, même. Et voilà l’Europe,  ou plutôt la CEE, interrogée dans ces fondamentaux, ses logiques et arguties libérales qui savent si bien – dans le discours et dans les actes – transformer les rapports de domination culturels institués en libertés économiques assumées et recherchées – par ceux à qui elles profitent surtout, bien entendu.

On peut sourire et même rire, mais jaune, à la lecture de cette politique fiction. On peut aussi y voir, sous le masque de l’ironie, une critique sans concession du monde tel qu’il est, tel qu’il est devenu et tel que certains le voudraient, encore plus fort, encore plus radicalement inégalitaire. Cela résonne aujourd’hui bien fort dans l’actualité car, l’actualité ne fait que le rappeler, ces enjeux que l’on a pu qualifier de nord-sud, c’est au cœur même de l’Europe qu’ils existent, avec une brutalité qui ne prête guère à sourire. On se prend alors à espérer que la fiction ironique puisse de venir réalité politique et que l’insistance tranquille mais incisive de ceux qu’on oublie toujours puisse transformer les choses. Surtout celle dont on ne cesse de nous dire qu’elle ne peuvent pas être autrement car ce serait pure bêtise et inconscience, pure folie… Mais folie pour qui?…

Un court récit, aussi plaisant à lire que stimulant et revigorant et qui apporte sa propre couleur à cette formidable petite collection, fictions d’Europe, que la Contre allée a inaugurée avec ce titre ainsi que Berlin, Bucarest-Budapest: Budapest-Bucarest du portugais Gonçalo M. Tavares et Terre de colère du grec Christos Chryssopoulos. Nous attendons les prochains titres avec impatience et délectation!…

Voiir l’article sur le site ici

La vie des idées

La vie des idées

La mémoire restituée des œuvres volées

Entretien avec Bénédicte Savoy, par Cristelle Terroni, le 26 juin :

Objet de toutes les convoitises, l’œuvre d’art est intimement liée à l’histoire des guerres, des annexions et des conquêtes. Dans cet entretien Bénédicte Savoy évoque l’histoire transnationale des spoliations ou « translocations patrimoniales » et évoque la mémoire longue de ces événements traumatiques…

Article complet sur le site de La vie des idées ici.

Collège de France

Collège de France

Bénédicte Savoy, Professeur à l’Université de Berlin (Allemagne), invitée par l’Assemblée des Professeurs du Collège de France, sur la proposition des professeurs Carlo Ossola et Marc Fumaroli, a donné une série de leçons au sujet de « Les objets du désir. Trophées, conquêtes et spoliations artistiques – Une constante anthropologique ? » dont le troisième volet,  « L’argent des spoliations » retransmis sur France Culture dans l’émission L’éloge du savoir, est à écouter ici.

Quand, soudain, à la minute 50′, la Contre Allée fait son entrée au collège de France avec Arno Bertina !

A voir et écouter ici.

L’Humanité

L’Humanité

Faut-il vider le musée du quai Branly ?

par Alain Nicolas, le 30/04/2015

Des rois bamilékés, en demandant la gratuité pour les Camerounais voulant admirer leurs chefs-d’œuvre, provoquent un séisme planétaire. Un conte philosophique enjoué.
Des lions comme 
des danseuses, d’Arno Bertina. Éditions La Contre Allée, 
60 pages, 6 euros. Jeunes, demandeurs d’emploi, « bénéficiaires » des minima sociaux, enseignants, journalistes et autres handicapés peuvent accéder gratuitement aux musées et monuments historiques. C’est le cas, en particulier, de celui que, faute de se mettre d’accord sur une dénomination, on a appelé musée du quai Branly. Beaucoup de monde, donc, peut admirer statues, vases, parures en plumes. Beaucoup de monde, mais pas les principaux concernés : ceux à qui appartiennent les objets exposés. Mais ils appartiennent au musée, disent les conservateurs. Ils ont été achetés, en principe, c’est-à-dire troqués « contre peu d’argent, ou des babioles, ou des menaces ».

Arno Bertina nous embarque dans une cascade de péripéties

Tout commence par un voyage du narrateur à Bangangté, en territoire bamiléké, au Cameroun. Il y rencontre Sa Majesté Yonkeu Jean, « fo », c’est-à-dire souverain d’un royaume que l’administration coloniale appelait avec condescendance une « chefferie locale ». Le fo, qui connaît Paris, est choqué de devoir dépenser douze euros pour voir les œuvres de ses ancêtres. Le narrateur surenchérit en disant que le ministère de la Culture ferait un « coup fumant » s’il faisait payer l’entrée aux Français et accorder la gratuité aux peuples, africains, amérindiens, océaniens, dont les objets font partie des collections. Quelques années plus tard, en 2016, le directeur du musée reçoit un courrier de l’assemblée des rois du pays bamiléké réclamant la gratuité pour ce peuple. Classement sans suite, faut-il préciser, malgré la mention « copie au ministre ». Mais quelques mois plus tard, la demande est réitérée, assortie d’une précision : en cas de refus, une demande de restitution pourrait être déposée auprès de l’Unesco. On ne plaisante plus. Comment peut-on prétendre diriger un musée rendant hommage aux créations des civilisations « premières » et en faire payer l’accès à leurs représentants ? Peut-on se payer le luxe de se mettre l’Unesco à dos ?

Explorant toutes les conséquences de son hypothèse de départ, Arno Bertina nous embarque dans une cascade de péripéties qui, de demandes en concessions, de menaces en remises en cause, sapent tout l’édifice qui unit nationalisme, impérialisme et sacralisation de la culture. Les « fo » camerounais ont pris au mot l’universalisme occidental pour passer de l’exigence de gratuité à sa généralisation, à l’accès pour tous les Africains, Amérindiens, Asiatiques aux musées européens, et jusqu’à l’organisation d’expositions d’art contemporain d’Europe et d’Amérique du Nord en Afrique. Si la modernité s’est nourrie de l’art « nègre », les peuples qui sont ses ancêtres doivent les admirer, chez eux, en masse et gratis.

Des lions comme des danseuses, fable dense et enlevée, est une des nombreuses facettes du travail d’un auteur, qui peut donner des ouvrages brefs et tranchants mais aussi d’amples romans comme Anima Motrix ou Je suis une aventure (1), en passant par tous les genres, comme ce roman biographique consacré à Johnny Cash (2), qui agrippe le lecteur comme le plus efficace des romans américains. Si vous connaissez Arno Bertina, vous savez ce qui vous attend. Si vous ne l’avez pas encore découvert, une nouvelle page de votre vie de lecteur va se tourner.

L’article ici

Mediapart

Mediapart

Des lions comme des danseuses

par Christine Marcandier, le 26 mars 2015

« Des lions comme des danseuses confronte l’Europe à ses démons colonialistes, à un passé faussement passé. Le roi de Bangoulap, un village de l’Ouest du Cameroun, ne compte pas se laisser impressionner par les directives européennes et il lance une procédure, en avril 2016, contre le Musée parisien du Quai Branly. « Vous les Européens vous avez la montre ; nous, en Afrique, nous avons le temps. » Sa Majesté réclame la gratuité du musée des arts premiers pour les ressortissants bamilékés — 12 ou 15 € « pour voir les œuvres de ses ancêtres ? ! » —, puisque les œuvres exposées leur appartiennent. L’Union européenne finira par céder, déclenchant, comme dans un « billard à trois bandes », une série de requêtes « excentriques » (vraiment ?) aux conséquences politiques plus larges : « C’était le monde, qui, subrepticement, se retrouvait au bord de la gratuité ». « C’était ça ou l’ouverture des frontières ». En effet, après la gratuité des musées, pourquoi pas les visas gratuits et la libre circulation des hommes ? On reconnaîtra là des enjeux contemporains : la restitution des œuvres d’art spoliées, la reconnaissance de l’histoire de l’Afrique, le complexe de supériorité politique (et culturelle) des ex-pays colonisateurs. »

L’article complet ici

 

France Culture

France Culture

La Fabrique de l’Histoire

par Emmanuel Laurentin, le 17 avril 2015.

Glasba

Glasba

Un article de Sylvain Damy sur le site Glasba :

Il faut pitcher, alors pitchons, quitte à réduire « Des Lions comme des Danseuses » à un quiproquo, à une image tronquée, décapitée, forcément trop réduite :

Le roi de Bangoulap, province du Cameroun intente une procédure de gratuité auprès du Musée du Quai Branly et fait vaciller toutes les fondations sableuses de la vieille Europe dans une théorie des dominos administrative.

Récit d’anticipation, rêve, utopie, mise en garde, pamphlet, comédie, possibilité, absurdité, revanche, fable, conte, vérité, et mensonge. Le livre d’Arno Bertina est tout cela à la fois. En imaginant la lutte ubuesque que se livrent les administrations européennes et françaises avec la délégation africaine, il fait le constat d’une Europe fragile d’être condescendante, cynique, menteuse et hypocrite envers ses anciennes colonies, ces territoires d’Afrique qu’elle a toujours traité dans le mépris et le paternalisme, et qui là, se mettent à jouer avec les mêmes armes, les mêmes arguments, les mêmes illusions dont elle a toujours su se servir.

On assiste à une série d’instants drôles tant ils pourraient être vrais. Dans une langue pince-sans-rire, qui semble prendre un plaisir sadique à voir la vieille dame indigne être tancée par le vieux continent africain, devenu par le truchement de la propagande et des expropriations, l’adolescent qui se révolte.

Car c’est bien de se renversement que naît toute la tragi-comédie de cette histoire : de Terre matricielle de l’Humanité, l’Afrique s’est trouvée déconsidérée et reléguée au rang de l’enfant des pays occidentaux. A une erreur près : en fait de l’enfant que l’Europe pensait avoir face à elle, il s’agissait d’un adulte qu’elle paralysa, vola et brisa. Elle lui insuffla les pires de ses valeurs ( finit d’ailleurs par y croire elle-même), et se trouve désormais confrontées à ce réveil, à ce retour de manivelle qu’elle ne croyait pas possible.

Arno Bertina rend toute la dimension quasi kafkaïenne de cette lutte en évitant le manichéisme et l’angélisme et c’est là une part de la grande réussite de son texte. Il parvient à nous faire rire de cette sombre Europe, du cynisme, de cette Histoire qui semble n’avoir jamais avoir de revers. Il nous éveil à la logique implacable de l’argumentaire africain, qui nous place dans nos contradictions et nos discours vidés de leur sens auxquels nous nous sommes habitués. Et pour cela, pour mettre à jour toute l’hypocrisie de ces situations (notre Histoire, nos richesses, nos relations internationales….) sans jamais tomber dans la caricature malgré le petit nombre de pages (60!), il faudra être reconnaissant à l’auteur et louer un remarquable talent qui se fait rare dans ces moments de troubles identitaires et moraux, où toutes les certitudes, toutes les valeurs factices du « dieu Pognon » peuvent voler en éclat grâce à la force implacable du syllogisme.

Une magnifique démonstration de ce que la logique et l’humanisme peuvent avoir encore comme avenir grandiose pour peu que l’un d’entre nous y croit encore.

S.D

MEL

MEL

Une chronique dans la revue MEL, de janvier-février :

De la fiction à la science-fiction

« Quand les pays africains réclament la gratuité du musée du quai Branly pour leur ressortissants, arguant que les oeuvres exposées leur appartiennent… Ils l’obtiennent et ne s’arretent pas là ! Avec Des Lions comme des danseuses, Arno Bertina inaugure avec humour la collection de fictions créée par La Contre Allée et la Maison Européenne des Sciences de l’Homme et de la Société qui s’interroge sur les fondations de l’Europe. En abordant la question délicate des oeuvres arrachées à l’Afrique et exposées dans les musées européens, l’auteur observe goguenard le désenchantement du Vieux Continent qui doit céder aux requetes des pays émergents. Une collection qui s’annonce réjouissante ! «