Les libraires en parlent

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Lénaïg Jézéquel, aux Déferlantes (Morlaix)

Dans ce récit documentaire d’un genre nouveau, l’auteure
interroge la représentation et la place des déchets dans nos
sociétés contemporaines. En nous racontant l’histoire de
Freshkills, Lucie Taïeb questionne nos modes de consommation
et ce qui en découle. Pendant près d’un demi-siècle, en plein
cœur de New York, cette décharge à ciel ouvert fût l’une des
plus grandes du monde, allant jusqu’à traiter 29000 tonnes de
déchets par jour. Aujourd’hui ce site, comme d’autres avant
lui, a été transformé en un parc verdoyant. Quel monde
construisons-nous lorsque nous sortons les déchets de notre
champ de vision et que nous confions à d’autres le soin de les
faire disparaitre ?

http://www.eco-bretons.info/dans-les-deferlantes-de-lenaig-jezequel/

Léa Bronet à La chouette librairie (Lille)

Freshkills est l’histoire d’une décharge, mais pas que: c’est aussi l’histoire d’un enjeu environnemental qui se tait, qu’on fait taire: celui de nos déchets et de leur traitement. À l’heure où tout est remplaçable, où le neuf, l’immaculé semble être l’envie de tous, le besoin même, que faire de ce qu’on laisse derrière nous?

À l’origine, il était une fois un lieu verdoyant, un quartier, pauvre certes, mais dans lequel ses habitants vivaient décemment, où les enfants pouvaient jouer dehors sans crainte; puis les pouvoirs locaux ont décidé, afin de préserver l’imag sans défaut de Manhattan, la création d’une décharge à Staten Island, pour trois ans initialement. Mais, d’année en année, de tonnes de déchets en tonnes de déchets, plutôt que de disparaitre, elle s’est développée, atteignant une taille monstrueuse, et gagnant le triste titre de la plus grande décharge à ciel ouvert du monde, traitant jusqu’à vingt-neuf mille tonnes de déchets par jour durant ses heures de gloire.

Lucie Taleb brosse ici le portrait de cette décharge, aujourd’hui en pleine réhabilitation. Transformer une décharge en parc idyllique, et redorer l’image de Staten Island, lui redonner son lustre d’antan, est-ce vraiment possible? À la fois carnet de voyage sur les traces de cette transformation et écrit écologique et philosophique, Fresh kills amène une réflexion nouvelle, nous montre l’hypocrisie de nos sociétés actuelles, nous qui fermons les yeux face à nos propres déchets, oubliant qu’ils ne disparaissent pas simplement dans la nature une fois mis à la poubelle.

Mais le traitement des déchets n’est pas le seul sujet au cœur de cet ouvrage. Lucie Taieb rappelle notre devoir de mémoire, et espère réveiller les consciences sur des sujets qui nous semblent lointains, et qui nous sont pourtant intimes, avec une plume très poétique, qui n’édulcore néanmoins en rien la réalité sinistre de notre hygiénisme aveugle.

Librairie Compagnie (Paris)

New-York. Au sud-ouest de Manhattan, la Staten Island a hébergé pendant des décennies ce qui fut l’une des plus grandes décharges à ciel ouvert du monde : Freshkills, fermée définitivement après avoir accueilli les déchets issus de l’effondrement du World Trade Center en 2001.

Près de vingt ans après cette fermeture, Freshkills est devenu l’un des enjeux immobilier, écologique et financier les plus emblématiques de l’état de New-York. La décharge est toujours là, enfouie, cachée et voit s’éléver au-dessus d’elle parc, logements, espaces verts, le tout assorti d’un discours politico-environnemental qui élève l’oubli et la langue de bois au rang des beaux-arts. Dans son enquête, Lucie Taieb retrace cette histoire édifiante, en s’intéressant à la relation fusionnelle que nous nouons avec nos propres déchets, et aux éléments de langage que nous ne cessons de créer pour en parler.

Entre documentaire et œuvre littéraire, « Freshkills » est le récit exemplaire d’une aberration écologique, doublée de notre capacité infinie à transformer ou réhabiliter nos plus sombres réalités.

Une histoire moderne, en somme.