Gens du Huit mai
Jean-François Pocentek
« J’ai tourné. Il n’y avait plus rien. Juste une lande de macadam. »
Avertissement sans frais. L’idée était simple. Un territoire, comme disent les urbanistes et les sociologues, des gens qui y vivent, et des choses qui changent. Pas de petites choses, non, carrément des bouts d’histoire. Déconstruire (pas démolir) reconstruire. Et moi qui m’y balade. J’écoute, je parle, je demande si je peux garder mémoire de tout ce que l’on me dit : le sombre et le rose, la terrasse ensoleillée du café et les portes tachées de sang, le jardin d’Eden et le Bronx. La joie de partir surtout. La tristesse de partir surtout. Place du 8 mai, Bloc Havret, Commune de Paris. Les rues qui y conduisent. Je fais le cahier intime des habitants, ce petit journal tenu dans nos adolescences et que l’on cachait en un endroit secret pour que personne ne le trouve. Tout y est vrai. Même les illusions. Ne cherchez pas, j’ai changé tous les prénoms.
Jean-François Pocentek