Madeline, Librairie L’Eau vive (Avignon)
« « Tous les jours, les mains. Tous les jours, les rires. On ne peut plus s’en passer. J’ai sauvage maintenant. J’ai sauvage. Dans cet échange sans promesse et sans certitude, la peur se retire dans mes flancs. Tout disparaît dans le fatras charnel. Je bloque le souvenir de l’exclusivité dans l’irritation de mon col.
Quelle femme n’aurait pas aimé ? L’entente était parfaite. Nous étions complices dans notre dérive, activistes, résistants. Nous ne voulions pas mourir. Rester vivants passait par ces moments d’étreinte, nous étions d’accord. »
Le Nord du monde paraîtra le 20 août aux éditions de La Contre allée. Je l’ai trouvé dans ma boîte aux lettres avec un mot qui disait : « ce premier roman est pour toi, j’en suis convaincue ». Jusqu’au bout, je ne savais pas. Je n’étais pas sûre. Parce qu’il est âpre, ce texte, et qu’il me dérange.
A la suite d’une rupture amoureuse, une femme part sur les routes, toujours en direction du Nord. Elle fuit l’homme chien. Elle va trouver d’autres hommes. Et elle va trouver un enfant. Les phrases sont courtes comme j’aime, l’écriture est sans cesse aux bords de la folie, il y a la route, il y a l’errance, Nathalie Yot dit que « c’est un texte organique qui prend le lecteur en otage, qui le remue physiquement. » Il y aurait encore beaucoup de choses à dire mais nul doute que ce roman fera parler de lui – et on parlera de ces choses à ce moment-là. Parce que je ne suis pas certaine d’être d’accord avec elle sur l’idée du pardon. Mais c’est encore toute la force de la littérature, je crois. « Si le texte génère un mouvement interne, s’il désaxe un peu, voire simplement s’il crée une fragilité qui offre l’opportunité d’un léger déplacement et d’un ordre intérieur modifié, je gagne mon pari. »
Bon, gagné.
« J’ai cru qu’on pouvait se remplir et se vider à outrance, que le monde était glissant, la perte facile et sans aspérités. J’ai cru qu’on pouvait nager toujours, j’ai cru à l’insensé. J’y crois encore. Alors mes doutes implosent, mon hésitation disparaît et je reprends le trot. Alors je ne veux qu’une seule chose, je la veux fortement : revoir Isaac ». »