Revue de presse

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Babelio : critique

Critique d’Acidus sur Babelio, à propos du Sommeil d’Europe de Yoko Tawada, parue le 18 février 2019.

Yoko Tawada. Pourtant multiprimée dans son pays d’origine (le Japon) et dans son pays d’adoption (l’Allemagne), le nom de cet écrivain m’était totalement inconnu. Je la découvre donc avec ce court ouvrage dans lequel l’auteur nous raconte une partie de son passé à savoir son arrivée en Europe. Elle y fait des rencontres, partage ses impressions sur cette nouvelle culture et surtout sa perception des villes et de ses habitants.

J’ai fini la lecture de « Sommeil d’Europe » avec un avis mitigé sur celui-ci. D’un côté, l’écriture de Yoko Tawada m’a impressionné par sa qualité. Sa plume est à la fois belle, poétique et subtile. Elle est extrêmement plaisante à lire même si le contenu m’a, hélas, moins emballé. Son propos m’a effectivement un peu déçu ou tout du moins laissé sur ma fin. Yoko Tawada s’attarde plus sur les « petits riens » de sa vie alors que j’aurais préféré qu’elle développe davantage son point de vue vierge et neuf sur cette Europe qu’elle ne connaissait pas avant d’y mettre les pieds. L’écrivain n’est pas assez généreuse sur ce point. Même sentiment avec les personnes qu’elle rencontre et dont elle traite les relations trop rapidement..

« Sommeil d’Europe » se lit toutefois très facilement, avec plaisir et intérêt. Je remercie Babelio et les éditions de la Contre Allée pour cette découverte effectué dans le cadre d’une opération Masse critique.

Retrouvez la critique ici.

Babelio : critique

Critique de Melopee sur Babelio, à propos du Sommeil d’Europe de Yoko Tawada, parue le 13 février 2019.

J’aime les livres un peu OLNI et avec celui-ci je me suis régalée. C’est l’histoire d’une petite heure de lecture mais ça questionne l’identité et la migration. Car ce livre, écrit par une Japonaise, a été traduit de l’allemand ce qui n’est pas courant. Y a-t-il de son cheminement personnel dans cette pérégrination ? Peut-être…

La narratrice obtient une bourse pour étudier la musique à Vienne. Elle décide en premier lieu d’apprendre l’allemand puis, une fois sur place, de déambuler pour s’imprégner de l’architecture et de la culture locale.

Elle est ensuite invitée à Berlin et fait connaissance, comme dans une auberge espagnole, avec un Australien, puis une Ukrainienne et bien d’autres encore. Cela l’amène à repenser les frontières qui sont pour elle friables car sitôt dans un pays, elle s’acclimate et se fait une place.

J’en retiens une balade vivifiante qui donne la part belle au point de vue d’une étrangère sur le continent européen. C’est croqué avec gourmandise alors elle aurait eu tort de se priver !

Merci à Babelio et aux éditions de la Contre-allée pour l’envoi de ce livre dans le cadre d’une opération Masse critique.

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Babelio : critique

Critique de Juliette Lerhribi, sur Babelio, à propos du Sommeil d’Europe de Yoko Tawada., parue le 3 février 2019.

Une japonaise nous raconte son arrivée en Europe il y a 30 ans. Après avoir obtenu une bourse pour étudier la musique classique à Vienne, elle découvre l’Europe, sa culture, ses peuples et son brassage culturel. Passe de ville en ville, de pays en pays, change de projet mais sa fascination reste intacte.

Une parenthèse de 70 pages qui m’a rappelé le privilège d’être née en Europe et l’attraction irrésistible que ce continent exerce sur le reste du monde.

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Radio Boomerang

Radio Boomerang

Version écrite de la chronique diffusée sur RadioBoomerang le 15 décembre 2018, écrite par Floriane Janicot (IUT Métiers du Livre de Tourcoing, Université de Lille)

Vous trouvez que les voyages sont source de questions ? Eh bien figurez-vous que le livre que je vais vous présenter le confirmera.

Le Sommeil d’Europe, c’est un récit écrit par Yoko Tawada et traduit par Bernard Banoun. Il a été publié en octobre aux éditions La Contre Allée dans la collection Fictions d’Europe dont les récits prennent place sur ce territoire et s’intéressent à ses mutations.

Yoko Tawada publie en allemand et en japonais. Elle a étudié la littérature à Tokyo, Hambourg et Zurich: elle est donc plutôt familière des voyages et des variations de langue.

Son traducteur, Bernard Banoun, est quant à lui un spécialiste de la littérature allemande, de la musique et de la traductologie: des thème que l’on retrouve dans ce roman.

D’ailleurs, venons en à ce roman, roman qui est d’abord l’histoire d’un parcours.

Une femme asiatique arrive en Europe pour construire une carrière dans la composition musicale, un langage particulier. Elle va faire face à l’étrangeté, à l’inconnu, ca qui la conduire à une fascination. Une fascination pour ce qui l’entoure. Une fascination pour les langues qu’elle entend, l’architecture, la ville mais également pour ses propres sensations.

Ce récit est un voyage spatial mais aussi un voyage temporel à travers la vie de notre protagoniste. On évoque son arrivée à Vienne et sa découverte de la ville, une ville qui la fascine par son architecture, son histoire, sa peinture mais également sa littérature. On y retrouve des références à des hommes marquants de la modernité viennoise : Hofmannsthal, Freud ou bien Zweig. Une fascination qui la mènera au besoin de découvrir de nouveaux lieux comme Berlin, où elle fera des rencontres qui l’amèneront à s’interroger sur plusieurs sujets : sa langue, les langues, les multiplicité des langues et des sons pour une même lettre.

On y lit par exemple, à propos des langues: « Mon voyage intérieur vers l’Europe commença au moment où, m’étant inscrite à ce cours d’allemand à Tokyo, j’ouvris le manuel. Prononcer l’alphabet autrement que pendant les cours d’anglais eu un effet libérateur ».

On y lit aussi, à propos de l’Europe: « Une nuit européenne est une robe de velours noir. On n’illumine que certains bâtiments choisis pour raconter une version de l’histoire européenne », un passage qui met en avant deux visions de l’Europe. L’Europe comme un territoire qui attire à l’échelle mondiale, mais aussi une Europe protectionniste.

L’actualité des questionnements dans ce livres tels que l’appartenance à un territoire, la quête de l’identité et l’Europe en font un livre important et nécessaire au paysage éditorial.

L’Humanité

L’Humanité

Chronique d’Alain Nicolas pour le média L’Humanité, publiée le 15 novembre 2018

YOKO TAWADA, À L’ÉCOUTE DE L’EUROPE

« Euphrasia » est le nom d’une plante dont est fait un collyre. Celle qui l’emploie y entend surtout la collision entre « Europa » et « Asia ». Soigner son regard en alliant, à l’oreille, les deux continents, n’est-ce pas ce que tente Yoko Tawada dans le Sommeil d’Europe ? La narratrice a commencé son « voyage intérieur vers l’Europe » au moment où les sons de la langue allemande, qu’elle étudiait, ont remplacé ceux de l’anglais « langue d’Amérique », au moment où elle découvre que le z de « Mozart » se prononce non comme « zéro » mais comme « pizza ». Musicienne et compositrice, la jeune narratrice de ce bref texte de l’autrice de l’Œil nu et d’Opium pour Ovide s’établit à Vienne, la première ville d’Europe dont, enfant, elle avait retenu le nom, puis à Berlin. Mais elle voyage aussi entre image et son, entre musique et peinture, et l’art se joue entre geste et language. C’est pourquoi le livre de Yoko Tawada, itinéraire sensible entre les perceptions et les cultures, donne de notre continent une sorte de clé de lecture, ou d’écoute. A. N.

La chronique est également disponible ici

L’autre quotidien

Chronique par Charybde pour le blog L’autre Quotidien, publiée le 5 février 2019

YOKO TAWADA INTERROGE LE SOMMEIL D’EUROPE

Langues, lettres et musique en vecteur oblique de découverte de soi et de l’Europe, par une jeune japonaise des années 80.

« Voilà plus de trente ans que j’ai atterri dans cette région du continent euroasiatique. Plus exactement : au cœur d’une monarchie qui n’existait plus.« 

« Durant tout le vol, j’avais été comme sonnée, je n’arrêtais pas de songer à quel point il était étrange et curieux qu’un film passe, juste à l’arrière du dossier de mon siège, et qu’un passager inconnu puisse le regarder. Ce film, c’était celui de ma vie, et moi, précisément moi, je n’avais pas le droit de le voir. Quelle musique jouerais-je dans l’avenir ? Quels musiciens rencontrerais-je ? Combien de temps resterais-je en Europe ? Mon enfant, si j’en mettais un au monde, serait-il doué pour la musique ? J’aurais pu allumer l’écran face auquel j’étais et, au lieu de mon film, regarder celui du passager assis devant moi. Mais j’avais préféré laisser sans image le bleu obscur de sa surface. L’homme assis devant moi ne se doutait pas que j’observais ses cheveux bouclés aux pointes fines. Un homme dans la quarantaine qui, en position assise, était un géant : telle avait été ma première impression. Quand il se leva, il apparut que, debout aussi, c’était un géant. À l’ère des voyages en avion, sa taille pouvait devenir embarrassante : cette pensée me réconforta, moi qui éprouvais en général un complexe d’infériorité à cause de mes petits poumons. »

Avec le faux air rêveur d’un Xavier prenant l’avion pour Barcelone dans L’auberge espagnole de Cédric Klapisch, qui aurait été mâtinée avec la violoncelliste prodige embarquée à bord du cargo du Canal Dreams de Iain Banks, une jeune étudiante japonaise s’envole pour l’Europe, décidée à suivre une formation de composition musicale en Autriche. Contournant joliment la tentation autobiographique – mais rusant naturellement avec elle (l’autrice étudiait les langues et les lettres, plutôt que la musique, et son étape avant l’installation en Allemagne – à Hambourg, et non à Berlin – fut la Russie, et non l’Autriche) -, Yoko Tawada nous offre à son tour, à l’automne 2018, après de belles réussites comme celles d’Emmanuel Ruben Le coeur de l’Europe (2018), d’Arno Bertina (Des lions comme des danseuses ,2015) ou de Roberto Ferrucci (Ces histoires qui arrivent, 2017) sa « Fiction d’Europe », dans la jolie petite collection dédiée des éditions de La Contre-Allée. Bernard Banoun, son traducteur attitré en français, était à nouveau à la manœuvre ici.

« Au cours de ma troisième année d’études, une bourse pour Vienne fut proposée et je fus, par bonheur, l’unique candidate. À cause des informations télévisées, toujours éprises de sensationnel, les Japonais avaient une image déformée de l’Europe. Soit c’étaient des bombes qui explosaient au beau milieu d’un concert, soit des néo-nazis qui attaquaient des étudiantes étrangères marchant en pleine rue avec leur étui à violon. Moi, je n’avais pas peur, je ne croyais pas les médias, surtout lorsqu’ils nous donnaient le sentiment que c’était chez nous que nous étions le plus en sécurité. En Europe aussi, les gens pensaient probablement qu’ils étaient le plus en sécurité chez eux. Mes sources d’information à moi étaient les partitions musicales et les romans de Stefan Zweig.« 

Il n’est après tout pas si étonnant, pour l’autrice du redoutable Opium pour Ovide (2002), que ce curieux récit jouant à merveille de divers décalages, soit peut-être avant tout celui d’une métamorphose, d’une transformation intime dont les deux catalyseurs auraient été les langues (l’autrice elle-même écrit aussi bien en allemand qu’en japonais depuis plus de trente ans, selon le type de texte, de public ou d’effet recherché), terreau d’initiation et de réflexion, et la musique – incluant avec ruse le rejet même de la pratique instrumentale. Avec une infinie délicatesse qui ne l’empêche aucunement de pratiquer certaines incisions profondes et précises dans la chair des préjugés de toute sorte, Yoko Tawada tisse en moins de 60 pages un récit de découverte de soi et des autres, un récit de géographie personnelle – et de navigation, hauturière ou de cabotage – où il s’agit de tracer un chemin étroit et puissant entre hasards et nécessités, en s’appuyant mine de rien sur un ensemble de signes, culturels ou non, qui définissent comme en creux un concept d’Europe autrement réjouissant que celui proposé de nos jours par le consensus de moins en moins mollement néo-libéral (et toujours aussi dur avec le faible) qui affecte de nous diriger, plus ou moins directement, dans vingt-sept pays.

« Mon projet fut tout de suite accepté, et le déménagement ne fut pas bien compliqué puisque je ne possédais rien d’autre que quelques caisses de livres et mes vêtements. Ma clarinette eut droit à un billet d’avion pour elle toute seule. Je n’eus même pas à déménager d’une langue dans une autre, mais mon attitude par rapport à la langue allemande changea. À Vienne, la langue allemande avait représenté pour moi le moyen indispensable pour lire des livres. Je ne voulais pas l’utiliser dans mon travail, car la musique, justement, devait permettre de se libérer de toute langue concrète. Mais c’était une erreur. La musique contemporaine cherche à se rapprocher de la langue, voire à collaborer avec elle, comme l’avaient compris mes condisciples habsbourgeois.« 

La chronique est également disponible ici