Revue de presse

← Les derniers mots de Falcone et Borsellino

Eric Darsan

Eric Darsan

Un article sur le blog d’Eric Darsan

publié le 01/05/2015

Parmi les éditeurs qui comptent, ici comme ailleurs, aux côtés de ceux précédemment cités, du Tripode, du Mot et le Reste, de Monsieur Toussaint Louverture, ou encore de Zones sensibles, de 2024, de L’Oeil d’or et d’Allia, j’aimerais mettre une nouvelle fois à l’honneur La Contre Allée qui, aujourd’hui comme hier, est présente ce 1er mai à l’occasion du Salon d’expression populaire et de critique sociale d’Arras avec Roberto Scarpinato mais aussi Jérôme Skalski. Aussi, à l’occasion de la nouvelle édition augmentée et préfacée par Edwy Plenel de l’excellent Retour du Prince de Scarpinato et Lodato dirigé par Anna Rizzelo dont je vous avais amplement parlé ici, ainsi que de Cosa Nostra son admirable pendant, j’ai l’honneur de vous présenter aujourd’hui Les derniers mots de Falcone et Borsellino sorti en avril 2013. Un ouvrage que j’avais reçu à l’époque et que, du fait de ma propre actualité, je n’avais pas chroniqué.

Cette même actualité m’amène aujourd’hui à revenir sur cet essai dirigé par Antonella Mascali, préfacé par Roberto Scarpinato et traduit par Anna Rizzelo et Sarah Waligorski qui avait déjà travaillé sur les précédents ouvrages de la série. « Martyrs », « entravés », « calomniés » : ainsi Antonella Mascali décrit-elle dans son avant-propos les deux juges « tués par la mafia » selon une rhétorique d’État qui tente encore par delà la mort d’étouffer leurs voix. C’est donc « hors du texte », dans le non-dit et l’indicible, qu’il faut aller chercher la véritable clé de lecture de tout cela comme nous l’indique Roberto Scarpinato dans une longue préface d’une cinquantaine de pages avant de laisser place à trois parties d’une trentaine de pages chacune, respectivement consacrées aux deux puis à l’un et l’autre des juges assassinés. Une somme courte mais dense, technique mais accessible, erratique mais construite, abrupte mais passionnante, qui rend compte dans la forme comme dans le fond des difficultés qui se présentent sitôt que l’on brise l’omerta.

« L’Etat n’est pas crédible » déclare Scarpinato sans ambages, sa représentation tient de la farce, comme le démontre à lui seul l’exemple de Giulio Andreotti, sept fois premier ministre et vingt-deux fois ministre, connu pour ses rapports — officiellement établis par la cour d’appel de Palerme — avec la mafia. Ou celui de ce procureur qui approuve la nomination d’un membre d’une mafia présentée comme ayant toujours respecté la magistrature et la justice. Un constat renforcé par les expériences respectives de Giovanni Falcone qui dénonce la mise à l’écart dont il fit l’objet, et de Paolo Borsellino qui condamne le désengagement de l’État, en un mot le manque de fiabilité de celui-ci, cause et conséquence du règne d’une mafia qui, selon eux « n’est pas invincible » comme l’a prouvé le pool antimafia dont l’exemple nous enjoint aujourd’hui à fuir et à dénoncer la convergence des intérêts politiques, économiques et mafieux.

Un ouvrage qui, comme les précédents, ne se cantonne pas au témoignage et à l’anecdote mais propose une analyse systémique globale non seulement de la mafia mais de l’appareil d’État. Une analyse qui s’applique parfaitement à la France au moment où Nicolas Sarkozy, impliqué dans pas moins de neuf affaires, après avoir été placé en garde à vue, mis en examen pour corruption active et trafic d’influence actif, reprend une nouvelle fois à son compte le discours mafieux qui consiste à condamner cette justice « qui fait la guerre au pouvoir politique » et serait une entrave au « miracle de la République ». Une république à l’italienne, mafieuse, cela va sans dire, et qu’il distingue donc de la démocratie. Un ouvrage salutaire, enfin, pour l’envoi duquel je tiens à remercier La Contre Allée et tout particulièrement Benoît qui depuis des années fournit un travail aussi incessant qu’exemplaire que j’ai eu le plaisir et l’honneur, y compris en tant que libraire, de pouvoir mettre en avant.

Le blog est à retrouver ici.

L’express – dossier sur la mafia

L’express – dossier sur la mafia

Petite bibliographie en complément de l’Express du 19 juin qui propose un dossier de quatorze pages intitulé « le livre noir de la mafia » à l’occasion du procès ouvert depuis le 27 mai dernier, à Palerme… (on vous en parlait ici). A noter qu’il y est donc largement question de Falcone et Borsellino
– « Les derniers mots de Falcone et Borsellino » – La Contre Allée 2013 ( Coll. Un singulier pluriel)
– Et, tout de même, difficile de passer à côté de « Cosa Nostra » de Giovanni Falcone, entretien avec M.Padovani. La Contre Allée 2012 (Coll. Un singulier pluriel)
Nous pourrions ajouter « Le retour du prince« , de Roberto Scarpinato, mais enfin…

Mediapart

Mediapart

La tétralogie antimafia des éditions La contre allée
Par Lucie Eple, 06/06/13

Les éditions lilloises La Contre Allée ont commencé un travail salutaire en 2011 autour de la traduction et de la publication de textes et mémoires de magistrats italiens antimafia. Ces écrits sont depuis plusieurs années des textes incontournables en Italie : manifestes de liberté et de foi en la possibilité d’une société civile et d’un pouvoir politique émancipés de la corruption mafieuse, leur notoriété n’a d’égale que celle de leurs auteurs, considérés comme de véritables héros, et pour cause… Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, tous deux assassinés à Palerme à deux mois d’intervalles lors d’attentats spectaculaires, sont les deux juges qui ont permis l’inscription explicite dans le droit italien du « délit d’association mafieuse ». Ennemis numéros 1 de la pègre et de la classe politique sclérosée, ils ont également été instigateurs de l’exceptionnel Maxi-Procès de 1986 durant lequel pas moins de 475 mafieux, de la petite main aux parrains avérés, ont pour la première fois été mis en accusation et présentés à la Justice.

Fin mai 2013 c’est le procès de l’Etat italien qui s’est ouvert à Palerme, certains membres du gouvernement de l’époque sont directement mis en cause dans la série de meurtres dont furent victimes les deux juges.

Roberto Scarpinato est le dernier juge de cette génération qui fut épargné par ces vagues d’assassinats massives de magistrats. Il est aujourd’hui procureur général auprès de la cour d’appel de Palerme. Il a rejoint le Pool anti-mafia à l’origine du Maxi-Procès en 1989.
Les trois juges antimafia italiens dont les textes sont publiés aux éditions La contre alléeLes trois juges antimafia italiens dont les textes sont publiés aux éditions La contre allée © Libfly.com

Quatre textes majeurs nous sont aujourd’hui donnés à lire par les éditions La Contre Allée, dont fait partie Anna Rizzello, traductrice, qui connaît bien le juge Scarpinato et l’accompagne depuis plusieurs années dans ses déplacements en France. Nous vous proposons ici de faire le tour des textes, d’écouter des interviews, de lire des chroniques de lecture puisées sur Libfly.com (le réseau social du livre) et de revoir une rencontre en librairie.

Lire l’article complet, comprenant lectures et interviews ici

Canal + – Interview de Paolo Borsellino (italien)

Interview de Paolo Borsellino réalisée par Canal +

le 21 mai 1992, 2 mois avant son assassinat.

Journalistes : Fabrizio Calvi et Jean-Pierre Moscardo

L’express – Mafia: « Mon père a été tué pour ‘raison d’Etat' »

L’express – Mafia: « Mon père a été tué pour ‘raison d’Etat' »

Retrouvez l’interview du fils de Paolo Borsellino, juge antimafia assassiné trois mois après Giovanni Falcone,
en cliquant ici.