Librairie Les Vinzelles (Volvic)
« Lorsqu’on s’adresse à une île déserte, au fond, les potentialités dans la destination sont extrêmes. Mais n’intellectualisons pas trop, voulez-vous ? Laissons-nous plutôt aller au bonheur de la rencontre fortuite, à l’improbable destination de la bouteille à la mer.J’ai tant de choses à vous dire.Cela fait plusieurs mois déjà que je pense à vous écrire, que je cherche sans cesse votre nom, que j’épuise les bibliographies pour tenter de vous approcher, de vous saisir.L’existence si particulière de l’île ne quitte plus mes pensées. »
« Cher ami » est le destinataire de ces lettres, donc de ce coup de coeur de lecture.
Après « L’odeur de chlore », où elle contait et voyait son corps se faire femme, et un ordre du monde où il fallait s’efforcer, construire, Irma Pelatan revient avec un livre étonnant, à l’imaginaire épistolaire et insulaire qui nous emporte dans un beau voyage oulipien, via des enveloppes « par avion » qu’elle a en sa possession, vers une île déserte.
Située à 13 000 kilomètres de Paris, à 6 000 de Tahiti et à près d’un millier de kilomètres de Mexico, l’île de La Passion-Clipperton voit flotter le drapeau tricolore en haut d’un mât installé sur l’îlot. Ce territoire de seulement 1,7 km2, en forme de beignet avec en son centre un lagon d’eau douce croupissante, est un atoll inhabité mais qui bénéficie tout de même d’un code postal.
Irma Pelatan s’inspire du « PPP » : Projet Poétique Planétaire de Jacques Jouet, un envoi quotidien d’un poème à un parfait inconnu. Elle décide d’adresser ses courriers à « Tout résident, 98799 La Passion-Clipperton ». Bel exercice de style, qui crée un monde pour s’évader du réel, en quelques lettres timbrées, comme ce très étonnant projet, fou et documenté.
Chaque lettre est adressée à ce « Cher ami » inconnu mais porteur d’envies de mots, et chaque lettre surprend et étonne. Ce n’est pas un journal intime, mais pourtant. Il libère. Il révèle une histoire, intime et frontale comme tout message dans une bouteille jetée chaque jour à la mer, et il révèle aussi, sans détournement, l’histoire de Clipperton.
Voyager intimement par les mots, quel délice, quelle évasion, quelle belle tangente, quelles belles lettres grâce aux Editions La Contre Allée. On lit, on savoure, on se délecte de chaque lettre, on se déleste aussi de tout ce qui pèse, on s’envole car cette aventure épistolaire est si belle, si créative et révélatrice, aussi, que ça donne envie de continuer pour devenir soi-même une île de liberté.
Voulez-vous venir lire pour ensuite écrire avec moi à ce livre ?
« Cher ami, …