Revue de presse

← Marco Pantani a débranché la prise

Professeur Ragondin

Article du 19 mars 2018

Pantani, mythes et solitude d’un grand champion

La vie de Marco Pantani, champion cycliste de son état, fut un roman. Sa mort à 34 ans le 14 février 2004 dans une chambre d’hôtel à Rimini en fut malheureusement l’un des principaux ingrédients. Solitaire, mythifié vivant, adulé, porté par les foules, timide, malchanceux, grimpeur de génie, vainqueur du Tour d’Italie et du Tour de France la même année, puis banni, honni, injurié, repoussé, dépressif, et enfin terrassé par la drogue.

Et à en croire certains, l’intrigue ne serait toujours pas dénouée.

On ne sait plus par où commencer, ni où et quand ça finira pour de bon. Dix années, de 1994 à 2004 – sobrement mais précisément décrites par Jacques Josse dans un joli petit essai aux éditions de La Contre Allée en 2015, Marco Pantani a débranché la prise – concentrent toute l’histoire médiatique, fulgurante, de ce champion d’exception passé de gloire à opprobre, de triomphe à trépas. En 98 chapitres courts et factuels, qui capturent des moments emblématiques, Josse retourne à l’essentiel et roule sur l’arête cassante qu’a suivie le campionissimo. En suivant cette route de faits et d’aspérités, Josse nous fait traverser la lumière et la pénombre qu’a traversées Pantani.

Mais toutes les années écoulées depuis son décès continuent d’abreuver cette histoire qui ne semble jamais s’achever tout à fait : non seulement les circonstances de sa mort n’ont pas cessé de susciter des interrogations et des suspicions de meurtre, mais la théorie selon laquelle le tonitruant scandale de dopage qui a précipité sa perte en 1999 était un coup monté trouve encore du crédit. Cette théorie revient par flux et reflux.

Or cette affaire de dopage est l’un des noeuds de l’histoire de Marco Pantani, indubitablement le point de bascule qui l’a entraîné sur une pente irrésistiblement descendante de cinq ans vers la mort, tout bonnement. Qu’elle soit une overdose accidentelle, un suicide, un meurtre ou un assassinat, cette mort ne peut en effet s’expliquer sans l’affaire de Madonna di Campiglio.

Madonna di Campiglio, le point de bascule

Au départ, Marco Pantani est un jeune coureur cycliste de 24 ans qui se révèle sur la scène internationale en 1994 et devient l’un des meilleurs spécialistes de la montagne que le sport cycliste ait connus. Et ce sont justement les grimpeurs qui font les plus beaux mythes du vélo. Valeureux, téméraire, sombre aussi, lunatique, Pantani devient une idole pour ses compatriotes et une vedette très appréciée à l’international. Sa progression le conduit aux sacres suprêmes, le Tour d’Italie et le Tour de France qu’il gagne tous les deux la même année, en 1998, un doublé très rare – le dernier à ce jour. Sa victoire du Tour 98 est même saluée pour le réconfort qu’elle apporte après le dévastateur scandale Festina.

En 1999, il confirme être le meilleur coureur du moment, et domine de la tête et des mollets le Tour d’Italie, qu’il s’apprête à remporter à nouveau, sans résistance. On l’imagine même renouveler le doublé Giro-Tour. Mais la veille de l’arrivée à Milan, après 3 semaines de course, maillot rose de leader sur le dos, Pantani est contrôlé avec un taux d’hématocrite à 52%, pour un maximum autorisé de 50%. A l’époque, on ne sait pas dépister l’EPO : seul le contrôle de l’hématocrite peut en laisser soupçonner l’usage, mais sans le prouver. Il ne s’agit donc pas formellement d’un contrôle antidopage positif, mais d’un contrôle de santé qui oblige à l’arrêt immédiat du coureur. Pantani est exclu de la course, soupçonné de dopage à l’EPO, l’onde de choc est immense. Il ne s’en relèvera jamais.

On imagine difficilement le retentissement de ces deux affaires consécutives, Festina et Pantani, à un an d’intervalle, quand on n’en a pas vécu l’intensité médiatique. Aujourd’hui les scandales de dopage et de corruption se multiplient et se banalisent. On ne s’en étonne plus. A l’époque, l’émotion est immense.

Une défense vaine

Cette exclusion à Madonna di Campiglio, Pantani la subit comme une mort publique. Plus qu’abasourdi, il est anéanti. Il passe de la gloire à la vindicte. La suspicion générale le dévore. Banni, honni, le champion sensible sombre dans la dépression, s’enferme, se cloître, se terre. La suite n’est plus qu’une succession de tentatives de retour et de naufrages. Il ne supporte pas d’être devenu indésirable. Il ne retrouve plus son niveau d’avant, malgré quelques coups d’éclat. Mais il demeure constant dans ses dénégations : il ne cessera de crier au complot pour le contrôle de Madonna di Campiglio.

Certains vont dans son sens. On prétend qu’on voulait l’abattre, qu’il était gênant. Mais pour qui, exactement? On dit que le contrôle a été effectué dans des circonstances troublantes, que des éprouvettes ont été échangées… Le problème, c’est qu’à peu près tous les champions convaincus de dopage se défendent de la même façon, dérisoire, voire ridicule. Tous crient au complot. Tous trouvent des excuses loufoques. Pantani n’est pas crédible.

Une mort entourée de mystères

Il s’enfonce dans une mélancolie tenace, devient cocaïnomane, grossit, erre comme une âme endolorie, jusqu’à mourir comme un misérable junkie dans une chambre d’hôtel en désordre. Sa mort est un coup de tonnerre. Et quatorze ans après, elle n’est pas tout à fait claire.  Les heures précédant la découverte de son corps sont entourées de zones d’ombre qui font dire à certains qu’il pourrait avoir été victime d’un meurtre, voire d’un assassinat.

La cause même de son décès est problématique : oedème cérébral et pulmonaire, et détresse cardiaque, certes, mais à cause d’un excès involontaire de drogue, d’une volonté suicidaire ou d’une administration de force par des tiers? Ses dealers identifiés sont condamnés, mais l’enquête judiciaire est relancée quelques années plus tard. Dans Vie et mort de Marco Pantani, le journaliste de L’Equipe Philippe Brunel a consacré à ces mystères une contre-enquête, à mi-chemin entre roman policier et journal d’un homme, celui de l’auteur (ex-interlocuteur de Pantani), troublé par son rapport au sujet. Le thriller de Brunel ne parvient pas à élucider le mystère mais il soulève le doute, met en lumière les contradictions et les incohérences.

Au fil des ans, et dans la contre-enquête de Philippe Brunel, les interrogations relatives à l’affaire de Madonna di Campiglio sont relancées : des langues se délient, le milieu parle. Le milieu? Le Milieu. La mafia. On aurait corrompu les contrôleurs pour faire sortir Pantani du Tour d’Italie, coûte que coûte, avant qu’il ne gagne le classement général final. On aurait falsifié le contrôle sanguin! Pourquoi? Parce qu’on avait parié gros, très gros, très très gros, sur sa défaite et sur la victoire d’un concurrent.  Pantani vainqueur, ç’aurait été beaucoup trop d’argent perdu. Invraisemblable? Fumeux? Et pourtant, ces langues qui parlent sont prises au sérieux si bien que la justice italienne finit par s’intéresser à l’hypothèse, du moins rouvre-t-elle l’enquête sur la mort du champion, en vue de déterminer si, oui ou non, il a pu être contraint d’ingérer la dose de cocaïne qui lui fut fatale.

Mais en septembre 2017, l’homicide est définitivement écarté. La thèse officielle revient au point de départ : mort due à l’association de cocaïne et d’antidépresseurs, sans intervention d’un tiers.

Cela ne suffit pas, pour autant à balayer tous les doutes relatifs au contrôle antidopage de Madonna di Campiglio en 1999 : certains persistent à y voir un coup monté, destiné à éjecter Pantani de la compétition.

Dopé certes, mais liquidé?

N’est-ce pas là une tentative un peu pathétique pour réhabiliter un champion déchu qu’on avait tant aimé et qui, avec le recul, ne méritait assurément pas une telle opprobre? Le problème, c’est que la succession des affaires de corruption ces dernières années dans le sport a accrédité la thèse du complot qui semblait un peu délirante il y a quinze ans. On prend aujourd’hui pour acquis que des contrôles positifs de Lance Armstrong ont été occultés par les instances internationales, alors pourquoi pas l’inverse, des contrôles falsifiés pour être positifs? L’Union cycliste internationale a été totalement discréditée sous la présidence de Hein Verbruggen puis par les différents rapports qui ont mis en lumière ses douteuses implications dans les affaires de dopage touchant Armstrong.

Alors, si cette incroyable thèse était vraie, on serait l’air de rien devant un scandale inouï. En soi, il n’est plus question d’innocenter Pantani qui, comme la plupart des champions de sa génération, était très probablement gorgé d’EPO et d’autres substances illicites, mais cette thèse l’innocenterait sur ce contrôle de Madonna di Campiglio, qui deviendrait alors l’instrument diabolique de la Camora pour éliminer un immense champion traité comme un simple et vulgaire objet de pari. Que Pantani fût dopé, cela ne semble plus faire de doute. Mais la lucidité nous commande de considérer tous ses rivaux comme pareillement coupables. Un seul enjeu demeure alors : ce contrôle, à Madonna di Campiglio, a-t-il été falsifié ou pas? Pantani a-t-il été désigné pour être écarté, afin de sauver les paris astronomiques d’une mafia?

Théorie délirante ou véritable machination?

Depuis 1999, on se demande comment Pantani a pu se faire prendre, de surcroît à 24 heures de l’arrivée. Une erreur de débutant! Les contrôles d’hématocrite étaient faciles à neutraliser, tous les champions de l’époque usaient du même procédé de dilution du sang pour faire chuter leur taux en quelques minutes. Pantani savait qu’il serait contrôlé, sa position le désignait comme le coureur le plus ciblé. Alors, comment a-t-il pu se laisser prendre? Le désespoir de Pantani, ce matin-là, traduisait toute la sincérité de son incompréhension devant ce contrôle à 52% : nous savons qu’il se savait dopé, mais nous voyions qu’il ne comprenait pas le résultat de ce contrôle. Il ne fait presque plus aucune doute, désormais, qu’il soupçonnait réellement, en toute bonne foi, un coup monté. Tragédie du coupable victime. Obligé de se défendre d’être dopé, quand il ne pouvait pas dire : « c’est vrai que je me dope, mais ce contrôle-là ne peut pas être vrai, c’est un complot ».

Consulter le billet du Pr Ragondin, en 2015, sur Marco Pantani a débranché la prise, l’essai de Jacques Josse.

Pour lire l’article en entier, c’est par ici.

vélo101

A travers Marco Pantani a débranché la prise, l’auteur Jacques Josse revient sur la carrière du Pirate.

Chris Froome a remis au goût du jour l’idée du doublé Giro-Tour dont on fêtera, en 2018, le 20ème anniversaire du dernier défi relevé. Années de coupe du monde de football ou pas, ce challenge a été tenté par des grands, mais toujours pas de successeur à Marco Pantani, le grimpeur italien qui sprintait dans les pourcentages les plus difficiles et ce, mains en bas du guidon et sur un gros développement la plupart du temps.

En 98! chapitres courts et factuels, Jacques Josse retrace la carrière du Pirate de Cesenatico, en deux versants, celui où le Romagnol grimpe et gagne, et celui de la descente, lente, mais irrémédiable, qui le conduira à la mort, la veille de la Saint Valentin 2004. Une couverture jaune, une centaine de pages, un calendrier qui s’y prête, un livre qu’il faut lire pour se remémorer le parcours de celui qui a marqué les mémoires et pas seulement parce qu’il a dompté les mythes du Giro ou du Tour de France.

Le récit débute sur les succès de Marco Pantani lors du Giro 1994 dans les Dolomites, enchainement logique avec le Tour de France dans les années ’90 et un podium à Paris avec le maillot blanc du meilleur jeune à la clé. Les succès en France viendront l’année suivante, 2 victoires et une 13ème place au général pour celui qui, déjà, manie la victoire, mais aussi très souvent, trop souvent la chute comme un signe du destin tout tracé. Comme le prouve son accident du 18 octobre 1995 lors de Milan-Turin, à 7 kilomètres du but, double fracture ouverte du tibia et fracture du péroné de la jambe gauche. Il a 25 ans, 5 victoires chez les pros, et sa carrière est déjà pleine d’interrogations. Les chirurgiens feront leur oeuvre, sa jambe gauche a perdu 8 millimètres, ses chaussure et pédale gauche seront adaptées à cette nouvelle donne; dans l’ombre la justice va elle aussi, activer le dossier.

C’est en 1997 qu’il revient et plus que bien sur le devant de la scène. Il est chez Mercatone Uno, fait 5ème de la Flèche Wallone et 8ème de Liège-Bastogne-Liège, la guigne ne le lâche pas sur le Giro, 8ème étape, un chat sauvage met au tas un paquet de coureurs, il est pris dans la chute abandon et ses espoirs sont reportés sur Rouen et le Tour de France. Il a bien récupéré, pèse 56 kilos, sa première victoire depuis ses fractures est retentissante, il vainc à l’Alpe d’Huez, pour la seconde fois, et explose son record de montée, imbattu depuis, un autre monde! Le surlendemain, arrivée à Morzine, il a attaqué dans Joux-Plane, personne n’a suivi, même la descente lui a permis d’assurer sa victoire, à Paris, il est 3ème. Il y a de la place pour l’ambition.

1998, on y est, il est passé de Wilier à Bianchi, Felice Gimondi et la dernière victoire d’un Italien sur le Tour ne sont jamais loin. Le Giro est la première rampe vers le succès à double étage. 17ème étape du Giro, c’est le premier maillot rose, lendemain victorieux, et le 4 juin à Plan di Montecampione, la bien nommée, le rose ne peut plus lui échapper; 3 jours plus tard, c’est fait. Année de coupe du monde oblige, le départ du Tour est non seulement en Irlande, mais déplacé au 11 juillet. La 11ème étape mène au Plateau de Beille, nouveau venu sur le Tour et victoire du pirate, le morceau de bravoure reste à venir; c’est le 27 juillet, arrivée aux Deux Alpes, météo exécrable, Galibier, à 50 kilomètres de l’arrivée, c’est parti, les favoris ne le reverront plus. Jan Ullrich lâche 9′, l’Italie va connaître son 6ème coureur victorieux à Paris, le 2 août c’est fait.

Marco Pantani est le 7ème coureur à réaliser le doublé Giro-Tour, il ne côtoie que des grands et son nom est autant peint par les tifosi qu’il marque les communiqués de course. 1999 est parti pour être le bis répetita de 1998 sauf que… Les victoires d’étapes s’enchaînent et à 2 jours de l’arrivée, le 5 juin à Madonna Di Campiglio, c’est la déflagration, 52% de taux d’hématocrite, il y aura un avant et un après Madonna Di Campiglio; la descente est amorcée, elle sera vertigineuse.

Marco Pantani va revoir la lumière sur des étapes de prestige comme sa victoire au Ventoux le 13 juillet 2000, puis Courchevel, 3 jours plus tard, 8 victoires d’étapes sur le Tour, mais abandon par la suite, un parmi tant d’autres. Son nom va disparaître des communiqués de résultats victorieux, les faits divers ont pris le relais, jusqu’au 14 février 2004, il avait 34 ans.

« Je me sens un ex dans tous les sens du terme. J’ai débranché la prise ». L’ultime échappée du rebelle vient conclure ce livre qui ravira tous les amoureux du coureur au style et à la dégaine à nul autre pareil. Tous les fans de vélo auront plaisir à parcourir cette centaine de pages qui se lisent comme un roman.

Pour lire cet article sur la page du site vélo101, c’est par ici !

le Cri de l’Ormeau

le Cri de l’Ormeau

« Depuis plus de trente ans, Jacques Josse creuse tranquillement son chemin d’écriture entre prose et poésie, sans souci des genres, ni des modes. Le festival de littératures vagabondes des Escales de Binic a souhaité pour sa 7e édition inviter cet écrivain natif des Côtes d’Armor et vivant à Rennes, notamment autour de ce petit livre de facture soignée qu’il a consacré à Marco Pantani, figure tragique du cyclisme mondial, prématurément mort en 2003.
En 98 courts chapitres, Jacques Josse trace le portrait net et précis du champion tombé de son piédestal, des scandales liés au dopage qui auront raison de son génie sportif jusqu’à l’overdose finale. On suit ce parcours accidenté avec attention, depuis l’essor de l’adolescence et l’ascension fulgurante du héros affûté jusqu’à sa chute, poignante. Le style de Jacques Josse, sobre, nerveux, sans un gramme de trop, rend hommage avec élan et mesure à la personnalité hors du commun du grimpeur, coureur de légende.
On saluera la qualité du travail éditorial de La Contre Allée : couverture à rabats, typographie élégante, belles marges où le texte respire, et joli clin d’œil de l’achevé d’imprimer en forme de roue de bicyclette. »
– Mérédith Le Dez

Lien ici: http://www.cridelormeau.com/jacques-josse-marco-pantani-a

Cahier Critique de Poesie

Cahier Critique de Poesie

Un article d’Etienne Faure dans de Cahier Critique de poésie, version numérique de la revue papier, daté du 16 février :

Marco Pantani a débranché la prise est le dernier ouvrage de Jacques Josse qui offre ici un ensemble organisé en 98 textes dont les gabarits avoisinent la page. Jacques Josse y déroule le parcours du cycliste – homme et mythe – Marco Pantani, son itinéraire, ses épreuves en prise directe avec le cyclisme-spectacle de son époque, jusqu’à sa mort à 34 ans. Un reportage en quelque sorte. Mais Jacques Josse a l’œil et l’écriture du poète qui saisit, voit et finement fait voir. Un peu comme une caméra dans la roue de Marco : la tension monte, par étapes, avec l’avancée du vainqueur dans la vie. Le pirate, de course en course, atteint la gloire. C’est l’ascension. Jusqu’au jour où, contrôlé avec un taux de 52% d’EPO, il est mis hors de course. « Anéanti, déshonoré », il peine à retrouver l’énergie, devant « composer avec le vide, l’abîme ». Commence la lente descente. Reparti à l’assaut des courses, successivement lâché, vainqueur, convaincu de « fraude sportive », il perd confiance, se bat, chute, entre en clinique, en sort, est acquitté. Puis meurt « déchu et meurtri », victime « d’un monde cycliste gangrené par l’argent et le dopage ». Il faut aussi à Jacques Josse « du souffle, de la légèreté » pour nous emmener ainsi dans ce superbe récit – qui happe.

Lire l’article sur le site de Cahier Crtique de Poésie ici

France Culture

France Culture

Dans l’émission Les Bonnes feuilles, chaque jour, un auteur lit les premières pages de son dernier livre.

Jacques Josse passait dans l’émission du 22 décembre.

 

Club de Mediapart

Club de Mediapart

Un billet de blog posté par l’épistoléro le 29 novemvre 2015 :

 » Non mais vraiment qu’est ce qui t’a pris. D’aller mourir à Rimini ? » (extrait d’une chanson des Wampas, Rimini)

Ce livre a l’économie de la poésie et une précision toute sportive. C’est un livre qu’on couve des yeux dès sa couverture : jaune et jolie. Pas une couverture à deux sous, mais à deux roues (vertes).

Son format en fait un presque livre de poche. Ça tombe bien bien : il parle d’un grimpeur de poche, fort d’un allant pédalant.

Marco Pantini, c’est son nom.

A l’heure où les cotes de popularité se dopent sans scrupule, c’est l’histoire d’un coureur qui avait des ascensions populaires mais que la dope a rattrapé. Un lutin à la carrure Carrera qui joua, sa vie sportive durant, avec sa grinta de grimpeur. L’ivre de poche atteignit des sommets avec maestria.

C’était un homme fait pour le vélo. Il suivait les préceptes d’un vieil italien nommé Horace : « Pas un jour sans une adrénaline » (nulla dies, sine adrenalina). Durant sa carrière, pas question pour lui de se pelotonner dans le peloton. Il préféra consacrer son temps au jaillissement, au coup de rein solitaire, à l’exploit épique. Son étoffe de héros l’attifait pour la joie des tifosis et ses surnoms, du coup, sentaient une belle poudre : le petit diable, le pirate, le petit éléphant (qui oublia, hélas, la porcelaine de sa vie).

Malgré ses succès, c’est un homme qui, pourtant, connut la chute tout au long de sa vie. La chute physique, souvent ; la chute morale, terriblement.

Ses petits capitoles cyclistes eurent tous leur roche tarpéienne. Et puis ce drôle de tarpé fut eclipsé par l’EPO. Ce coureur mal armé pour le juteux business sportif aurait pu en vouloir à ces anabolis bibelots d’inanité sonore. Ou se protéger d’un confus « à l’insu de ma grinta ! » Mais ce champion était taciturne et ne fit que souffrir en silence. Peu à peu, le cœur vaincu du vainqueur passa par dessus les barrières du spectacle pour flirter avec les barreaux de la justice. On tombe, on se relève et puis on tombe une fois de trop.

C’est cette prise-là que Pantani n’a pas su débranché. Jusqu’à sa fin à Rimini.

Lire l’article sur le blog ici

Revue En Jeu

Une chronique dans la revue « En Jeu » de l’Ufolep n°18 :

Bien que son nom soit lié à la gangrène du dopage, le tragique destin de Marco Pantani, retrouvé mort en février 2004 dans une chambre d’hôtel de Rimini, à l’âge de 34 ans, suscite volontiers l’empathie : une miséricorde posthume accordée à celui qui ne fut pas épargné par les coups du sort et paya au prix fort un péché alors très communément partagé. En 1998, année de l’affaire Festina, ce grimpeur de poche réalise le doublé Giro-Tour de France. Il est alors au pinacle. L’année suivante, il est mis hors course du Tour d’Italie en raison d’un taux d’hématocrite trop élevé, caractéristique de la prise d’EPO. Le début de la déchéance. En cela, celui qui fut surnommé Il Diablito puis Il Elefantino, pour ses grandes oreilles mises en valeur par un crâne lisse, restait humain, parmi un peloton où débutait le règne d’un surhomme nommé Lance Armstrong. Une humanité que le poète Jacques Josse s’emploie à ressusciter en 98 textes courts.

Site de la revue ici.

La Voix du Nord

La Voix du Nord

Coup de coeur d’Hervé Leroy dans l’édition du 9 octobre :

A Lille, La Contre Allée poursuit un remarquable travail éditorial. je viens d’avoir un coup de coeur pour cet ouvrage extrêmement soigné. Même le code barres évoque les grimpeurs du Tour de France et du Giro. Le titre est extrait d’une déclaration de Marco Pantani : Je me sens un ex dans tous les sens du terme. Ce n’est pas un livre sur le dopage ni sur le cyclisme. Juste le destin d’un homme qui, parvenu au sommet, chute louredement. Jusqu’à cette mort dans une chambre d’hôtel. L’écriture est rpécise, belle, fluide.

Eulalie

Eulalie

Une chronique de Fautine Bigeast dans la revue Eulalie, atualités des lettres et du livre en Nors Pas-de-Calais :

Il diablito, il Elefantino, il Pirata. Les surnoms se sont succédé au gré des coups d’éclat et des changements de look. Leur nombre relativement conséquent trahit à la fois l’étoffe et la popularité de celui qui s’en est vu gratifiés ou affublés, selon l’apprécation. L’olibrius en question, vous l’aurez deviné, n’est autre que Marco Pantani, cycliste coriace, grimpeur fulgurant. Dans son nouvel ouvrage, Jacques Josse se propose de disséquer sa trajectoire éclair, faite de prodiges et d’échecs, de chance et de déveine, entachée aussi de scandales, comme le sont souvent celles des mythes vivants. Disséquer, le terme s’applique parfaitement à son projet, car la chronique qu’il en offre est clinique. Dénuée de sensationnalisme, exempte de toute extrapolation, elle relate de manière purement factuelle les principaux événements qui l’ont transmuée en légende. N’attendez donc pas que la subjectivité de l’auteur fixe votre opinion sur les démêlés du sportif avec la justice. Son point de vue affleure à peine. Mais son écriture imagée éclaire efficacement les stratégies d’équipe qui peuvent rester obscures aux néophytes et révèle, sans esbroufe, ce qu’il y a de grandiose dans l’effort.

Let’s Motiv

Let’s Motiv

Un article de Thibaut Allemand sur le magazine culturel gratuit Let’s Motiv :

La petite reine a souvent inspiré les écrivains (Albert Londres, Antoine Blondin…). La rote , la douleur : de quoi irriguer une plume. Quoi de plus romanesque que ces coureurs à la fois héros et martyrs ? Surtout lorsqu’ils meurent, seuls, dans une chambre d’hôtel… Ce fut le cs de Marco Pantani (1970-2004). La vie du diable du peloton est narrée par Jacques Josse. Il ne s’agit pas d’une biographie, mais d’un portrait inspiré en mouvement permanent. En de courts chapitres aux phrases alertes, l’Italien est rendu à sa condition d’homme – hors du commun, certes. Le Rennais dépeint les efforts, les défaites et les (maigres) victoires de Pantani. Des victoires sur lui-même, surtout. Et puis cette solitude, toujours.

Zone Critique

Zone Critique

Un article signé Jean-Claude Le Chevère sur le site de Zone Critique, daté du 1er octobre :

Les éditions La contre-allée consacre un ouvrage au coureur italien Marco Pantani, victorieux du tour de France 1998, et tragiquement décédé à Rimini en 2004. L’occasion pour l’écrivain Jean-Claude Le Chevère de revenir, pour Zone Critique, sur le destin éminemment tragique de l’Oreste du cyclisme des années 90.   

« Surtout je redoutais cette mélancolie / Où j’ai vu si longtemps votre âme ensevelie… »

En lisant le dernier ouvrage de Jacques Josse consacré à Marco Pantani me sont revenus en mémoire ces vers de Racine quand Pylade s’adresse au malheureux Oreste dans la première scène d’Andromaque.

Le jeune homme frêle au regard perdu de Cesenatico a toujours traîné avec lui cette mélancolie – au sens fort que lui donnaient les classiques. Il n’a jamais manifesté l’exubérance d’un Chiappucci qui pouvait captiver les journalistes accrochés à ses basques en leur racontant sa course ou en leur révélant que c’était grâce à la pasta que lui préparait la mamma qu’il ridiculisait la concurrence à Sestrières ou qu’il triomphait sur la Via Roma à San Remo sous les yeux d’un public conquis, charmé, enthousiaste, aveugle.

Je me souviens du jeune Marco rencontré après son premier Tour de France, timide et silencieux, se tenant obstinément dans l’ombre de Claudio, tout sourire, qui amusait la galerie de ses bons mots, affichant une bonne humeur qu’il communiquait à tous, sauf au petit jeune homme triste qui allait bientôt le dépasser.

Destin tragique

Marco Pantani est un personnage tragique. Son sort est scellé dès ses premières années de compétition : chutes et fractures se multiplient, l’immobilisent, semblent briser définitivement ses espoirs de gloire. Mais il se relève toujours et repart, plus fort encore. Il n’a pas le choix. L’Italie entière l’attend et le pousse vers son destin. A n’importe quel prix.

Le livre de Jacques Josse ne nous lâche pas un instant tout au long de ses 98 chapitres – nombre magique de l’histoire pantanienne -, écrits dans un style nerveux et délié, comme la pédalée de son héros. Jacques Josse a en effet trouvé, ce qui est de plus en plus rare, une écriture qui correspond exactement à son sujet. La phrase épouse le coup de pédale si particulier de Pantani : pas question de souffler comme cent diables en ahanant dans l’escalade des cols ; avec Marco tout doit paraître facile, même si la sueur lui embue les yeux, ses développements impressionnants semblent se jouer des pourcentages, effrayants pour les autres, mais qu’il dompte irrésistiblement. Et le texte, tout en propositions brèves et nerveuses, nous tient magiquement en haleine alors que, pourtant, nous connaissons le dénouement.

Parce que Marco Pantani est un héros tragique. Comme pour Oreste l’issue ne peut être que fatale, même si, toute sa vie,  il luttera contre le sort. Et le livre de Jacques Josse, par touches rapides, sans être jamais démonstratif, nous fait saisir ce que son personnage a d’unique, comment il subit une destinée qu’il n’a pas choisie. En cela il se distingue des mafieux, comme des consommateurs besogneux, tous amateurs de pharmacopées stupéfiantes. Marco n’a pas choisi, il doit aller au terme de son destin. Les Italiens l’ont bien compris qui lui vouent un culte jamais démenti depuis sa disparition.

Marco Pantani a débranché la prise est donc une réussite et ce texte composé de chapitres brefs comme autant de démarrages nerveux, d’ascensions rapides, nous embarque dans le sillage de ce personnage étrange qui dépasse le cadre du sport. Mais revenons à Racine avec deux autres vers qui suivent immédiatement ceux cités en exergue. C’est toujours Pylade qui s’adresse à son ami Oreste : « Je craignais que le ciel par un cruel secours / Ne vous offrît la mort que vous cherchiez toujours. » Pour Marco Pantani la descente aux enfers sera inexorable. Pour lui aussi le ciel se montrera impitoyable. Mais n’est-ce pas là le sort du héros tragique ?

Lire l’article sur le site de Zone Critique ici

Biloba

Biloba

Un billet du 29 septembre sur le blog Biloba – poésie et environs :

Un ami qui me connaît bien, m’a envoyé récemment ce petit livre jaune dont voici les références : Jacques Josse : Marco Pantani a débranché la prise, éditions La contre allée.

On se souvient sans doute de ce coureur cycliste italien, intenable en haute montagne, mais trop souvent victime de chutes gravissimes et parfois limite quand il tutoie les sommets hématocrites…

Un petit rafraîchissement par ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marco_Pantani.

Jacques Josse a écrit là un livre exemplaire qui retrace le parcours chaotique du champion italien, une vie d’étoile filante, aussi brève que celle d’un Jésus : des hauts très hauts et des bas très bas, jusqu’aux enfers de la tragédie finale… Un découpage subtil et documenté (98 « chapitres »), une écriture nerveuse, tout en phrases sèches, ultracourtes, à l’image des attaques fulgurantes du « pirate »… Si bien que le lecteur a l’excitante impression de faire le voyage « sur le porte-bagages » de Pantani !… Et ça secoue dur, croyez-moi : sûr que vous allez vous mettre dans le rouge dans l’Alpe d’Huez et serrer les fesses dans les descentes des cols !… En plus d’être un grimpeur hors pair, le Marco est, en effet, un chien fou, un casse-cou de première, un trompe-la-mort, si l’on peut dire ainsi…

Plus de dix ans après sa disparition, Marco Pantani demeure pour les tifosi un personnage sacré, une icône absolument intouchable. Pour d’autres, c’est un sujet sulfureux, à prendre avec des pincettes, et dont le nom revient périodiquement sur le devant de la scène, plus pour des affaires de dopage et de drogue que pour des compétitions cyclistes. Un des mérites du livre de Jacques Josse, c’est de s’en tenir aux faits avérés, sans l’accabler ni le disculper, pour relater le douloureux cheminement d’un athlète atypique, secret, assez malhabile dans sa communication, mais toujours capable, même après un passage « au fond du trou », de trouver la force de « rebondir » et de susciter l’étonnement, voire de forcer l’admiration…

Lire l’article sur le blog ici

Syllabus

Syllabus

Billet sur le blog helvète de passionés de livres, daté du 28 septembre :

ALORS QUE « THE PROGRAM » CONSACRÉ À LANCE LE BRAS FORT SQUATTE LES ÉCRANS DE CINÉ, PROFITONS D’UN OPUSCULE CONSACRÉ À PANTANI, L’UN DE SES MEILLEURS ENNEMIS.

A part dans le milieu du vélo, je ne suis pas sûr de connaître un sport où les destins sont autant cassés, concassés, fracassés sur l’autel d’une gloire éphémère que ceux des professionnels du peloton vélocipédique. C’est qu’au royaume de la petite reine, les roitelets d’un jour apparaissent souvent comme autant de bouffons jetés en pâture aux gémonies des bords de route. Un cycliste, semble-t-il, doit avoir une vie qui épouse celle du bitume qu’il avale, faite de hauts et de bas, de grimpées et de vertigineuses descentes, à ceci près que lorsqu’il y a dérapage, les dégâts ne sont généralement pas jolis jolis à voir.

Ainsi de Pantani Marco, physique de poche aux oreilles éléphantesques, gamin pauvre de Cesenatico, Emilie-Romagne. Le prototype du grimpeur de génie pour qui chaque col équivalait à une forme d’ascension sociale gagnée à la force des mollets.

La voix de Rimini Cricket

Pantani a attendu ses 34 ans pour crever dans un hôtel de Rimini. Suicide. Ou pas. Jacques Josse en retrace le parcours cahotique tout au long de cent bornes textométriques, portrait par fulgurances d’un forçat de la route qui, pour un jour s’être rasé le crâne, s’était soudain mué en flibustier du goudron, attaquant à tout-va, le guidon entre les dents, le panache au vent, faisant sienne la devise du blaireau Hinault : « Tant que je respire, j’attaque ». Pantani tombe souvent, se relève d’autant. Pantani est attaqué de toutes parts, mais c’est lui qui, généralement, porte l’estocade finale. Héritier des Fausto « le Héron » Coppi, Claudio « Il Diablo » Chiapucchi et Charlie « l’Ange de la Montagne » Gaul, figure tutélaire de Renzo « le Cobra » Ricco ou de Vincenzo « le Requin » Nibali, Pantani s’est confondu avec le mythe, se brûlant les ailes pour s’être trop approché des cimes enneigées. Avec sa disparition, c’est un peu de folie qui a été balayée par le vent. Avec ce Marto Pantani a débranché la prise, c’est un peu de cette aura irradiante qui nous est rendue par accélérations ghislain-lambertiennes. (mp)

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Poezibao

Poezibao

Le site de l’actualité éditoriale de la poésie recense une note de lecture de Jean-Pascal Dubost, datée du 23 septembre :

Jacques Josse, l’écrivain, l’homme, a une capacité d’empathie pour les vies cassées, démontées ou malmenées qui a peu d’égal en sincérité, ses écrits attestent une présence humaine parmi ce monde-là. Est moins connue sa passion pour le cyclisme, pour la Grande Boucle notamment, or, voilà quelques années qu’il rumine ce livre-ci, son désir d’exprimer sa sympathie pour le coureur cycliste et l’homme que fut Marco Pantani, retrouvé mort dans des circonstances demeurées obscures, dans une chambre d’hôtel, au bord de l’Adriatique, le jour de la Saint Valentin 2004, dans une résidence nommée, paradoxe ( ? ) du destin, pour un vainqueur du Tour d’Italie et porteur du maillot rose, une résidence nommée Le Rose. Circonstances demeurées obscures d’une mort provoquée par une prise excessive et conjuguée d’anti-dépresseurs et de cocaïne, prise et mort accidentelle ou « auto-suppressive », quand la famille du coureur cycliste se bat pour la thèse de l’homicide volontaire, du meurtre. Le mystère n’est pas élucidé. Le livre de Jacques Josse ne s’attarde pas sur les circonstances et le mystère, ne fait pas son miel avec la dose de scandale d’un fait divers, ni effet de mode (ainsi que dans le domaine romanesque). Il relate la carrière fulgurante et accidentée, au sens propre comme au sens figuré, d’un homme qui rêvait de sommets, au sens propre comme au sens figuré de même. Escaladeur, grimpeur hors pair, époustouflant, le coureur italien, avalant le bitume, faisait rêver, remuait des mythes, par son esprit combattif, guerrier, battant, franc-tireur et opiniâtre contre le sort qui le malmenait (de multiples accidents ont entravé son ascension) et sa légèreté aérienne dès lors que la route s’élevait. En 98 proses courtes, l’écrivain suit l’ascension chaotique de celui qu’on surnommait Le Pirate, pour la raison de son apparence (boucle d’oreille, barbiche et bandana sur le crâne chauve) et de son esprit d’attaquant à l’abordage de la difficulté penteuse et tortueuse. Des proses qui demeurent dans la description, presque journalistiques par moments, en retrait, dans l’ombre du champion déchu, par respect autant pour sa mémoire que pour sa pétulance volontaire, proses qui ne procèdent pas par démarrages foudroyants et mimétiques du grimpeur, mais, par avancées sûres et certaines, dans le sillage à distance respectueuse, gardant en ligne de mire celui qui est insuivable, aussi bien sur la route que dans sa vie d’homme. Aucune emphase, aucune gradation, rien qui ne montre une volonté première d’émouvoir le lecteur, la discrétion d’écriture est de mise, en ce livre, et force l’admiration pour ce qu’elle parvient à provoquer ce qu’elle ne cherche pas à provoquer directement, l’émotion. On sort de ce livre ébranlé, quand bien même n’est-on point un amateur de courses cyclistes, c’est la réussite de ce livre, qui, à l’instar de ceux de Jacques Josse s’attachant aux vies de marins ou de piliers de bars, nous clouent et nous scotchent de trouble profond, c’est la réussite : une non-biographie, mais l’hagiographie d’un saint maudit. Si la canonisation est le fruit d’une procédure catholique, la canonisation littéraire peut bien être celle mise en place par un écrivain, en tant que « postulateur », ainsi comme Jacques Josse pour Marco Pantani.

Lire l’article sur le site de Pezibao ici

MEL

MEL

Une chronique dans la revue Métropole Européenne de Lille de septembre octobre 2015 :

Pirate

Après avoir vibré des exploits de Froome, de Nibali ou de Pinot sur les routes du Tour, les passionnés de vélo peuvent se lancer dans la lecture du livre trépidant de Jacques Josse. L’auteur retrace l’incroyable et tragique parcours de Marco Pantani, cycliste légendaire au look détonant. Des chapitres courts, un rythme survolté, racontent dix ans de vélo, de hargne et d’excès en tout genre.

Club de la presse Nord Pas-de-Calais

Club de la presse Nord Pas-de-Calais

Un article daté du 14 septembre, sur le site du Club de presse Nord Pas de Calais, signé Hervé Leroy :

Jacques Josse prend la contre allée : Dans la roue de Marco Pantani…

Vers 23 h, quand les paupières sont lourdes au creux du lit, difficile de quitter le Marco Pantani a débranché la prise de Jacques Josse aux éditions La Contre Allée. C’est le genre de bouquin qui se lit d’une traite. Pas envie d’éteindre la lumière.

Toute la nuit, la question vous taraude. Entre les bonheurs d’Antoine Blondin et les fulgurances de Philippe Le Gars, tous les deux secoués par le démon et la beauté de l’analogie, comment retisser simplement le fil d’un homme, fût-il le vainqueur du Tour de France 1998, le Tour « de l’affaire Festina », ou le maillot rose du Tour d’Italie 1999 contrôlé avec un taux d’hématocrite trop élevé ?
En quelques secondes, le 5 juin de cette année-là, Pantani passe du statut de pirate à celui de bagnard, homme banni, « dopé » et maudit. « Il ne sort pas. Ne touche plus à son vélo. Il se terre dans la villa familiale, via Fiorentina, à la sortie de Cesenatico. Tout autour, les journalistes font le guet. Des tentes ont été plantées. Ainsi que des téléobjectifs. Chez lui, il vit volets clos. Il ne communique avec personne. Ne s’éclipse que par une porte dérobée, à la nuit tombée. Comme un voleur. Et comme un paria. » Marco Pantani ne se remettra jamais totalement de cette descente aux enfers. Icare s’est brûlé les ailes.
Poète et écrivain, né des Côtes d’Armor, terres de cyclisme et de légendes, Jacques Josse va au plus près, au plus ras. En 98 tableaux, page après page, la mécanique du destin se met en branle, sans pathos ni fascination morbide, mais toujours avec cette obsession de l’humain, du goût de l’autre. Ce Pantani qui, sur les pentes, s’extirpe du troupeau, c’est une part rêvée de chacun de nous. Josse ne juge pas. Il tient le lecteur en haleine.

La mort de Pantani, seul dans une chambre d’hôtel à deux pas de Rimini et du kiosque à journaux où sa mère jour après jour pouvait lire et ses exploits et sa déchéance, ajoute à la cruauté du destin. Unité de temps. Unité de lieu. Au bout de cette route qui grimpe de lacets en lacets, une seule réalité : la solitude absolue. La fraternité d’armes avec Charly Gaul, Gino Bartali ou Felice Gimondi n’y pouvait rien changer.
Jacques Josse n’est pas du côté des Malraux du cyclisme d’avant le dopage. Pas non plus du côté de l’ineffable et des petits bonheurs professoraux. L’écriture est à bonne distance. On est aux côtés de Pantani dans la montagne, quand il chute, quand il est percuté par une jeep, quand il réussit le doublé Tour de France et Giro, quand il est cueilli par les carabinieri. Du coup, même après 23 heures, même lessivé par une journée de travail (col à franchir de tout un chacun), on n’a pas envie de fermer la lumière.
Avec l’agréable sensation de n’avoir pas relu, pour la énième fois, le même… livre.

Lire l’article sur le site du club de la presse ici

Remue.net

Remue.net

Un billet de Dominique Dussidour sur le blog de la revue remue.net :

Grâce à Hervé Bougel, le cyclisme a fait son entrée sur la piste de remue. Jacques Josse prend le relais et nous fait maintenant suivre Marco Pantani.

Aimez-vous le cyclisme ? Connaissez-vous Marco Pantani ?

Non !

Alors ce roman est pour vous. N’appartient-il pas à la littérature de nous faire découvrir ce dont nous n’avions jamais entendu parler, de nous faire aimer ce à quoi nous ne nous intéressions pas ?

Marco Pantani a débranché la prise de Jacques Josse nous fait découvrir, aimer à la fois le cyclisme et Marco Pantani. D’une écriture dense, nette, sobre, c’est un texte qui va toujours de l’avant, sans une phrase inutile ni un mot de trop tout au long de ses 98 courts chapitres. Il vous emporte, sans que vous y preniez garde, du Giro au Tour de France, de 1994 à 2004. Installé d’emblée aux côtés du jeune coureur cycliste, qui est ce qu’on appelle un grimpeur, vous restez près de lui jusqu’à sa disparition à l’âge de trente-quatre ans. Ce destin brisé, sans doute par le système sportif mis en place sans qu’il s’en aperçoive et qui se révèle au-dessus de ses forces de résistance — lui à qui n’a résisté aucun col des hautes montagnes — est le récit d’une incursion dans le domaine du corps sensible à l’endurance physique et à la dure beauté des paysages.

Lire l’article sur le site remue.net ici

Unidivers

Unidivers

Un article dans le Webzine culturel de Rennes et Bretagne, écrit par Denis Heudré le 7 septembre :

Après s’être retourné sur son passé avec Liscorno et les balades littéraires à Rennes et Nantes, Jacques Josse, écrivain rennais, nous propose dans son nouvel ouvrage de découvrir Marco Pantani, cycliste à la carrière interrompue prématurément par les affaires de dopage et à la vie courte également qu’il a choisi d’interrompre le 14 février 2004 à l’âge de 34 ans.

Dans un style simple et dépouillé, et dans toute l’humanité qui est la sienne, Jacques Josse renoue avec une littérature sportive qui s’est difficilement remise de la disparition d’Antoine Blondin. Bien sûr il y a eu le Jacques Anquetil de Paul Fournel et le Luis Ocana de Hervé Bougel, le Zatopek de Jean Echenoz, mais Jacques Josse dresse un portrait attachant d’une étoile filante sportive, illuminant de courage, ayant dû subir de nombreuses épreuves douloureuses, et toujours remontant sur la selle en serrant les dents. Sauf ce jour de Saint Valentin 2004 où, acteur de sa propre sortie de route dans la descente aux enfers, il abandonne sa vie devenue trop lourde dans une chambre d’hôtel de Rimini.

acques-josse-marco-pantani-a-debranche-la-priseOn découvre ici un personnage secret, mais certain de son talent et de sa résistance au mal, victime des années noires du cyclisme devenu un spectacle demandant toujours plus aux coureurs. Pantani, héros de tragédie, nous donne une leçon de courage et d’abnégation. Jacques Josse sait se placer à hauteur d’homme dans ses courtes proses où la montagne est toujours en filigrane (les Alpes italiennes en particulier, dans un Giro souvent injustement oublié des retransmissions françaises sur les télés publiques).

Ce livre n’est ni une biographie ni un reportage, ce livre est un livre pour les amoureux du cyclisme assurément, mais surtout un exercice de style littéraire auquel se prête Jacques Josse avec le talent des mots sobres et pudiques qui touchent au cœur même les non-initiés. Prix Loin du marketing 2014, c’est avec modestie que Jacques Josse aborde le côté sombre de la personnalité d’une figure importante du cyclisme de la fin du XXe siècle. Et si le destin de ce coureur italien est tragique, Jacques Josse, en sa qualité de poète, parvient à y trouver de la lumière et de la noblesse.

Lire l’article sur le site de Unidivers ici

Ouest france

Ouest france

un article d’Agnès Le Morvan daté du 02 septembre :

Cyclisme. Dans la roue de Marco Pantani

Pas besoin d’être fan de cyclisme pour être happé par le nouveau livre du Rennais Jacques Josse.

Marco Pantani a débranché la prise est plus qu’une histoire de vélo, c’est le récit d’une dégringolade. Celle d’un homme adulé, qui a magnétisé les foules dans les lacets du Tourmalet ou du col d’Aspin. Et qui a été retrouvé mort d’une overdose de cocaïne, seul, dans une chambre d’hôtel, à 34 ans.

Avant d’être rattrapé par le scandale du dopage et écarté de la compétition, l’Italien, au look si reconnaissable avec son bandana et son bouc, a forcé l’admiration. Jusque dans ses accidents mémorables, qui, malgré leur gravité, ne l’ont jamais empêché de remonter sur un vélo. Mais la dernière chute, celle d’un homme vaincu par le sport spectacle, héros devenu paria, sera fatale.

L’écriture est vive, précise, documentée. Les chapitres courts défilent comme des étapes du Giro. Sans totalement percer le mystère Pantani, Jacques Josse, connu avant tout comme poète, conte la vie d’un homme hors du commun.

Lire l’article sur le site de Ouest France ici

Gravillon

Gravillon

Un bel article de Henri Aubisque sur ce site de passionnés de vélos, daté du 2 septembre :

PANTANI ÉLECTRISE TOUJOURS LES FOULES

La révélation de nouveaux éléments vient de provoquer la réouverture de l’enquête concernant le décès tragique de Marco Pantani, survenu en février 2004 dans une obscure chambre d’hôtel à Rimini. Tant adulé pour ses exploits dans les plus grands cols des Dolomites, des Alpes ou des Pyrénées que décrié pour ses accointances avec la Chose dopante, le frêle grimpeur originaire de Cesenatico continue donc de créer la sensation.

La carrière fulgurante du coureur et le destin tragique de l’homme sont retracés aujourd’hui au détour des 98 chapitres courts et percutants de l’ouvrage publié par Jacques Josse aux Éditions de La Contre Allée. Reportage qui s’aventure sur le terrain de la littérature, Marco Pantani a débranché la prise rend un hommage inédit et baigne, de l’aveu même de l’auteur, dans l’univers de L’échappée de Lionel Bourg (consacré au cycliste luxembourgeois Charly Gaul) et du Tombeau pour Luis Ocaña d’Hervé Bougel.

« En ce 5 juin 1994, il a frappé les esprits. Sa cavale en solo a été suivie en direct par des centaines de milliers de téléspectateurs qui ont vibré en le regardant, deux jours durant, virevolter avec aisance. Il a franchi un cap. Signer un doublé dans les Dolomites n’est pas à la portée du premier venu. Il est désormais deuxième du classement général du Giro et il va le rester jusqu’à l’arrivée à Milan.

Ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’il vient d’entrer, subrepticement, dans l’inconscient de nombreux tifosi. On parle de lui comme d’une pépite, un diamant même, qui va briller de plus en plus, et ce dès que la route s’élèvera. » (Chapitre 6)

« Son beau Tour d’Italie ne lui ouvre pas les portes du Tour de France. Celles-ci se referment à nouveau, tout début juin. Les organisateurs en souhaitent pas sa présence. La décision est cruelle. Il ne s’exprime pas mais ses proches le disent écœuré, brisé, déprimé. Bien plus fragile qu’on ne le pense. » (Chapitre 91)

Le monde cycliste, bien qu’il se défende, est accablé par la disparition de ce talent exceptionnel tandis que les Wampas pleurent électriquement l’être. Marco Pantani a débranché la prise.

Découvrir l’article sur le site Gravillon.net ici

ça sent le book

ça sent le book

Blog collaboratif de lectures en tout genre, mêlant lecteurs avides et bibliothécaires voraces, plusieurs rédacteurs (-trices) aux goûts variés pour des idées mélangées, ça sent le book a sélectionné15 romans de la rentrée littéraire qu’il serait dommage de laisser passer inaperçus, parmis lesquels Marco Pantani a débranché la prise.

Voir la page sur le blog ici.

Mediapart

Mediapart

Un article de Jean-Claude Leroy daté du 25 août :

Dans la roue ravie du grimpeur-pirate, Marco Pantani
« Son orgueil, sa volonté, sa dureté au mal le propulsent encore un peu plus haut dans l’imaginaire collectif. Sa personnalité attire la sympathie. Les malchanceux capables de se transcender en trouvant en eux assez de ressources intérieures pour déjouer les coups du sort, parvenant même à les retourner en leur faveur, sont des oiseaux rares. Marco a démontré qu’il appartenait à cette catégorie de compétiteurs. C’est un battant, un bagarreur, un coriace, un type jamais résigné qui est en passe de devenir l’un des plus grands grimpeurs de l’histoire du vélo. » (Jacques Josse, Marco Pantani a débranché la prise)

J’avais lu avec surprise l’an dernier le beau livre d’Hervé Bougel : Tombeau pour Luis Ocaña. Une façon de récit à ellipses, enfilade de fragments, œilletons donnant chacun sur un aspect, un fait, une image. D’un coup de feu dans les vignes du domaine de Miselle, l’ensemble des mots partaient vite sur les pages et portaient haut la mémoire, ils rendaient justice à un homme.

« Consumé, carbonisé, noir animal. Nous étions des coureurs, nous étions des bêtes. Nous étions des forcenés. » (Hervé Bougel, Tombeau pour Luis Ocaña, La Table ronde, 2014.)

Hervé Bougel avait choisi la première personne du singulier, ou parfois du pluriel, pour asseoir son texte, porte-parole d’un homme mais aussi d’une corporation héroïque.

« Tous ont chuté, tous se sont redressés. Tous ont repris le vélo en main. » Jacques Josse, dans un livre répondant à la même exigence de sobriété respectueuse s’en tient à la troisième personne du singulier. Il ne s’identifie pas, il témoigne d’où il est, simple spectateur attentif, ému, connaisseur. Passionné de cyclisme et de simplicité, il recompose la trace d’un champion italien qui, sur les routes des plus grandes courses, du Giro au Tour de France, a subjugué des millions de tifosi par son panache impromptu, ses échappées foudroyantes, sa fougue si peu calculée. À l’heure où les victoires appartiennent déjà aux grands stratèges, Marco Pantani rappelle les grimpeurs les plus fameux de la mythologie cycliste, à commencer par Charlie Gaul qui, de sa retraite luxembourgeoise, devient son plus fidèle supporter. Bartali, du haut de ses quatre-vingt-quatre ans, lui avoue que « ses belles envolées dans la montagne lui ont permis de rajeunir de quelques décennies ». Et Gimondi.

Après ces deux-là, Marco Pantani est le nouveau grand champion italien ; montagnard intrépide, il gagne le Tour d’Italie en 1998, et enchaîne avec un maillot jaune à l’arrivée du Tour de France de la même année, soit un doublet exemplaire. Maillot jaune arraché à « l’ogre de Rodstock » au terme d’un exploit d’anthologie, détaché en solo dans le haut du Galibier – « Dans les cols je me sens comme un lion prêt à dévorer sa proie », dit-il – et vainqueur aux Deux-Alpes tandis que le favori Ullrich est à la ramasse. Charlie Gaul, surnommé à son époque « L’ange de la montagne », est là pour le féliciter. Il lui serre la main « en souriant et en hochant la tête ». Pantani n’est pas exactement un ange, on l’a surnommé diablito, puis elefantino, finalement il est le pirate.

Dès l’année suivante, les contrôles anti-dopages semblent faits pour l’évincer, au lendemain d’une victoire à Madonna di Campiglio, il se fait « voler » un maillot rose tout acquis. Quelques semaines plus tard, il ne peut être au départ du Tour de France, « il se terre dans la villa familiale, via Florentina, à la sortie de Cesenatico ». Son orgueil est blessé. Sa carrière ne sera plus qu’en dent de scie, entre sursauts et scandales, lors d’une période qui, à la suite de « l’affaire Festina » se voudrait éradicatrice d’un fléau sans doute inévitable. Marco Pantani a le profil du sportif héroïque dont raffolent public et médias, il est une vedette en même temps qu’il est maudit, et on dirait qu’il s’attache à brûler de son mieux la chandelle par les deux bouts.

« Il s’entraîne tous les jours. À l’ancienne. À la dure. Sept heures d’affilée. Il se fait mal. Bouffe du vent. Affronte la pluie, le grésil, la neige. Monte le plus haut possible. Se fout des parois glacées qui craquent. Prépare sa saison tout en broyant du noir. Se sent traqué. Visé. Condamné à en baver. Mis à l’index pour l’exemple. Début mai, il apprend que son équipe n’est pas retenue pour participer au prochain Tour de France. Il se focalise sur le Giro d’Italie. Non sans remarquer que les années impaires ne lui sont que rarement favorables. »

« Aussi généreux dans le supplice que dans l’effort. » Lui a qui si souvent chuté, il va connaître le fond, va remonter, mais jamais aussi haut ni assez bien. Il meurt dans une chambre de l’hôtel-résidence Les Roses le 14 février 2004, d’une overdose de cocaïne. Il a trente-quatre ans.

Jacques Josse sait plus qu’aucun autre accompagner les solitaires de tous ordres. Dans Marco Pantani a débranché la prise, il rend à ce coureur toute sa dignité d’homme, celle d’un martyr amoureux de la vie intense, qui tombait souvent, et se relevait tant que la course était cycliste. L’encre de ce livre est précise et calme, ne juge pas, d’un autre tonneau que celle qu’on lit trop souvent dans la presse dite populaire, la même qu’on achetait jadis, dans son kiosque à journaux, à la modeste Madame Pantani, maman de l’innocent Marco.

Lire l’article sur le site de Mediapart ici

Lekti-ecriture

Lekti-ecriture

Un article du Préfet maritime, daté du 28 août :

Josse pousse Pantani
Infatigable Jacques Josse qui enchaînes les parutions à un rythme de sprinter.
Il y va à fond, et avec entrain. Un gaillard.
Dans son dernier opus, rédigé très sobre sous une couverture de bouton d’or des bords de route, il rend hommage au coureur cycliste Marco Pantani, mort à trente-quatre ans d’une overdose.
Pantani, dit Il Pirata, c’était un sacré grimpeur au crâne chauve, avec bouc, un spécialiste des cotes alpines et pyrénéennes, un fils de pauvres brûlé dans l’ascension de sa propre existence au moment où le vélocipède devenait la grande foire télévisuelle que l’on sait, maquerellée par les chimistes et les cyniques tenants du spectacle et leurs commentateurs stupides comme des jantes.
Il avait décroché (débranché la prise), mais à l’instar de Maradona, il s’était esquinté.
Jacques Josse détaille en 98 moments cette vie agile et douloureuse qui s’est inscrite sur les murs du panthéon des sports, puisqu’on y souffre et qu’on y meurt aussi.
Lire l’article sur le site de Lekti-ecriture, ici
Liberation

Liberation

Une chronique datée du 29 août, extrait :

« Un récit éclaté, énergique, qui fait écho au coup de pédale vigoureux du pirate. Captivant, même pour les néophytes… »

Une chronique datée du 29 août, extrait :

« Un récit éclaté, énergique, qui fait écho au coup de pédale vigoureux du pirate. Captivant, même pour les néophytes… »

Rimini – Les Wampas

Rimini – Les Wampas

Eireann Yvon

Eireann Yvon

Un article du blog de littérature d’irlande, de Bretagne et d’ailleurs…

Victoires et défaites du « Pirate » de la route.

Le Tour 2015 est mort. Vive le Tour. Les flonflons de la fête se sont tus, les maillots rangés au fond des armoires et les noms des vainqueurs oubliés pour la plupart ! Maillot vert, maillot à pois, maillot blanc ne resteront pas dans la mémoire collective, seul le nom du maillot jaune, celui du grand vainqueur est pour un temps encore familier ! Mais une ombre tenace plane désormais sur cet évènement planétaire, et nous n’y avons pas échappé cette année : le dopage !

Jacques Josse nous raconte ici l’histoire d’un champion hors-normes, certainement l’un des plus grands grimpeurs du Tour, l’italien Pantani. Ses démarrages furent aussi fulgurants que sa carrière marquée, hélas, par de nombreuses et très graves chutes. Mais aussi par des périodes de suspensions pour dopage dont il fut blanchi bien après, le privant par exemple d’une victoire quasi assurée dans le Giro de 1999 !

Sa descente aux enfers commença ce jour-là.

4 juin 1994, Marco Pantani fête sa première victoire sur le Giro (Tour d’Italie).

4 février 2004, Marco Pantani est découvert sans vie dans un hôtel de

Rimini.

Mais entre ces deux dates, une des plus belles carrières de coureur cycliste va s’écrire ! Avec des victoires dans le Tour de France et dans celui d’Italie ! Une des plus douloureuses aussi !

Je vous parle d’un temps où les coureurs cyclistes ne ressemblaient pas à des espèces de robots casqués et affublés de lunettes noires plus grandes les unes que les autres. Je comprends pourtant les mesures de sécurité prises à la mort de Fabio Casartelli.

Pantani avait un bandana sur la tête, parfois une barbiche teinte en blond, bref un personnage marqué par la malchance, comme des chutes provoquées par un chauffard ou une autre collective qui se termina pour lui à l’hôpital, chute causée par un … chat sauvage ! Ou alors cette collision avec une Jeep dans une descente de Milan-Turin en octobre 1995.

Un champion très attachant que l’auteur nous décrit en homme fragile plein de panache dans sa carrière de coureur mais qui connut, hélas, une mort tragique (œdème cérébral et pulmonaire) d’un homme accro à la cocaïne dans une chambre d’hôtel ! Il avait 34 ans et un mois !

Par ce livre, Jacques nous fait rajeunir de plusieurs années et cela fait du bien. Je ne suis pas naïf, mais malgré tous les bruits qui courent (parfois plus vite que les coureurs), j’aime le spectacle de cette grand-messe du vélo qui fait encore vibrer des millions de gens sur la route ou devant leurs écrans de télévision.

Il me semble que Pantani a subi les foudres des autorités du cyclisme qui ont fait preuve d’une beaucoup plus grande mansuétude à l’égard de Lance Armstrong par exemple !

Lire l’article complet sur le blog d’Yvon Ereann ici

Lire le sport

Lire le sport

Un article de saraypaco sur le blog Lire le sport, daté du 29 juin :

Un jour avec tous les pirates, tu reviendras crier vengeance. Le bandana sous les étoiles, pour réduire Rimini en cendres. Rimini – Les Wampas

Marco Pantani, c’est une « gueule » du cyclisme. La boule à zéro, l’anneau à l’oreille, le bandana, et le regard de celui qui veut vaincre. À tout prix.

Petit enfant d’Italie, un des meilleurs grimpeurs de l’histoire du cyclisme, le prodige de Cesena fût foudroyé une première fois le 5 juin 1999, il ne s’en remettra jamais. Nous non plus. Dopages. Mensonges. Trahisons. Drogues. Le cyclisme professionnel est une mer impitoyable, même pour le plus grand des pirates.

Jacques Josse nous immisce dans la vie de Marco Pantani par de courts chapitres à la manière d’ Eduardo Galeano de « football ombre et lumière ». C’est en quelques lignes que les étapes de la vie tourmentée de Marco Pantani nous sont contées. La brièveté des chapitres ne fait qu’accentuer l’effet « Pantani », éphémère dans l’histoire du cyclisme, mais éternel dans toutes nos mémoires.

De tous les hommages que l’on pourra écrire, jamais aucun ne pourra mieux représenter la douleur et la tristesse qu’évoque Marco Pantani que les Wampas et leur « Rimini ». Jacques Josse l’a bien compris, et c’est pourquoi son livre nous touche. Le récit est très factuel, l’émotion est ailleurs. Cela fait bientôt 10 ans que j’écoute « Rimini » en boucle en ayant les larmes aux yeux. Après avoir lu le livre de Jacques Josse, je comprends pourquoi. Alors merci, Jacques.

« Le dimanche 7 juin, quand il descend du podium à Milan, les bras chargés et les larmes aux yeux, il ne sait que dire à tous les micros qui se tendent. Il leur tourne ostensiblement le dos. Près de lui, Felice Gimondi, qui s’est faufilé au milieu de la foule massée sur la Piazza Duomo, le félicite et lui donne une longue accolade. Dans la soirée, Gino Bartali, 84 ans, décroche son téléphone pour lui avouer que son culot, sa fougue, sa fantaisie et ses belles envolées dans la montagne lui ont permis de rajeunir de quelques décennies. Celui que l’on surnomme Le Pieux (trois Giro à son actif) le remercie et promet de le suivre à la télévision, dans la fraîcheur de son salon, à Ponte a Ema, tous les après-midis de juillet. »

Lire l’article complet sur le blog Lire le sport ici

Ouest france

Ouest france

Un article d’Agnès Le Morvan daté du 17 août :

Pantani, l’histoire d’un gagnant qui a tout perdu

Le Rennais Jacques Josse signe avec Marco Pantani a débranché la prise un livre poignant, qui retrace le destin tragique du champion cycliste italien idolâtré, puis mort seul d’une overdose, à 34 ans.

Le vélo, pour Jacques Josse, comme pour beaucoup de Bretons, c’est une passion. « J’aime les courses, l’ambiance, tout ce monde qui borde les circuits… Et les coureurs, bien sûr, sans qui le spectacle n’aurait pas lieu. »

Mais parmi les forçats de la route, l’auteur, originaire des Côtes-d’Armor, qui s’éloigne pour la première fois de l’autobiographie, a été littéralement fasciné par Marco Pantani, « sa force, cette envie d’attaquer coûte que coûte, quitte à perdre. Je n’aime pas les calculateurs, mais les coureurs à panache, avec une personnalité. » Marco Pantani, le coureur italien, fait partie de ceux-là. Jacques Josse se souvient de l’avoir vu à Plouha (Côtes-d’Armor), l’année où l’étape du tour est partie de Saint-Brieuc, mais aussi au mythique col d’Aspin, dans les Pyrénées, « à l’époque où l’équipe Festina, bien avant d’avoir été éclaboussée par les affaires de dopage, faisait mener un train d’enfer au peloton. J’ai vu passer Pantani. Il était incroyable ! »

Cocaïne

Jacques Josse retrace l’histoire de cet homme hors du commun, qui grâce au vélo est devenu quelqu’un, a gagné, perdu, chuté beaucoup, parfois gravement mais sans jamais renoncer, idolâtré, jusqu’au scandale lié au dopage qui va l’évincer de la compétition.

« L’homme n’était pas fait pour être cette idole. Embarqué malgré lui dans le sport spectacle, secret, il rêvait sans doute de tranquillité. Il l’a payé cher. » Il mourra dans une chambre d’hôtel, dans une station balnéaire désertique, en plein hiver, à seulement 34 ans et 30 km de chez lui, victime d’une overdose de cocaïne.

Pour son livre, Jacques Josse a épluché la presse de l’époque, entre 1994 et 2004, relu L’Équipe, Ouest-France, Libération, Le Soir, visionné des étapes du Tour de France et du Giro (tour d’Italie), « pour voir comment Pantani respirait, tenait son guidon, abordait la descente, mais aussi le personnage avec son bandana, sa barbichette, son anneau à l’oreille… »

Marco Pantani a débranché la prise est composé de 98 chapitres courts, comme des étapes, des séquences de vie qui défilent, pour balayer sa vie, sans plonger dans la psychologie du personnage ou la vie privée. « C’est le récit d’une vie d’homme, d’un jeune cycliste doué, avec la montagne comme terrain de prédilection, une personnalité incomprise. Un rebelle qui a chuté après avoir tutoyé les étoiles. »

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L’Equipe

L’Equipe

« C’était des grimpeurs  »

La montage les a révélés puis les a engloutis.

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Anquetil tout seul, Paul Fournel

Anquetil tout seul, Paul Fournel

Anquetil tout seul, Paul Fournel, ed. Seuil, 2012

160 p. / 16 € / ISBN 9782021036725

J’avais dix ans, j’étais petit, brun et rond; il était grand, blond et mince et je voulais être lui. Je voulais son vélo, son allure, sa nonchalance, son élégance. J’avais trouvé en même temps mon modèle et mon contraire.

Jacques Anquetil a traversé mon enfance cycliste comme une majestueuse caravelle. Il était le plus beau cycliste possible. Je l’ai suivi, je l’ai admiré sans jamais chercher à le comprendre, ajoutant du mystère à son mystère. Il avait l’âme complexe, ses motivations étaient contradictoires, son élégance tranchait dans le peloton, sa vie de château sentait le parfum et la poudre.

Bien plus tard, parce que mon admiration ne s’est jamais éteinte, l’idée me vint de lui tirer le portrait. Mais ce cycliste de génie aimait-il vraiment le vélo ?

Né en 1947 à Saint-Étienne, président de l’Oulipo, Paul Fournel a publié des romans, des recueils de nouvelles et de nombreux ouvrages pour la jeunesse. Il est aussi l’auteur d’un essai, Besoin de vélo (2001) et, plus récemment, de Méli-Vélo (2008), un dictionnaire cycliste.

Tombeau pour Luis Ocaña, Hervé Bougel

Tombeau pour Luis Ocaña, Hervé Bougel

Tombeau pour Luis Ocaña, Hervé Bougel, ed La Table ronde, 2014
96 pages / 12 € / ISBN : 9782710372240

« J’appris à rouler sur la bicyclette de ma cousine Carmen. Je rejoignais mon père et l’oncle dans la forêt. Je cherchais la pente. Je travaillais le fond de mon souffle. J’entendais claquer, seul, dressé sur le mauvais cadre de ce vieux clou, mes tendons, mes muscles. Mes ligaments se dénouaient tels les beaux ressorts d’une impeccable machine. Je devins coureur. »
Hervé Bougel se glisse dans la peau du vainqueur du Tour de France 1973, qui s’est donné la mort en mai 1994. L’enfance de Luis Ocaña, l’apprentissage du métier de bûcheron, le premier vélo, la soif d’en découdre avec Eddy Merckx, le triomphe puis la chute s’entrecroisent au fil de textes pétris de sensations, de désir et de rage.