Margot, Librairie Les Vinzelles (Volvic)
En avant première, un roman beau comme un rayon de lumière Editions La Contre Allée !
Un triangle, quel bel instrument géométrique, simple et musical. Et ici, le tiers, le trois, le trio, nous parle.
Elvire et Yann d’un côté, Mina de l’autre. Trois personnages que tout oppose, qui n’auraient sans doute jamais dû se rencontrer. Mais. Elvire est violoncelliste de talent, un peu asociale. Yann est un gentil bourgeois désœuvré prêt à tout pour laisser être et vivre l’amour de la musicienne. Mina, au cœur de tout ça fait le ménage, comme une femme qui cherche pourtant le désordre. « D’ailleurs, on dit plus femme de ménage, mais agent d’entretien. C’est comme ça, les mots changent sans nous. »
Mina, Elvire et Yann, trois personnages en quête d’espace, l’espace vital réel et recherché, le sens de la vie, celui de l’être, respirer, soupirer, revenir à l’essence, aux frontières des tabous et des interdits, trois personnalités, trois corps, qui vivent l’expérience de l’autre, entre attirance et répulsion , peur et assurance, confiance et défiance, un, deux, trois, oui, le rythme et là, comme une valse tribale. Une comédie humaine dérangeante, un huis clos infernal mais révélateur.
Des questions partout, des réponses aussi, tout s’entremêle, comme une tribu, oui, aussi. Une délicieuse danse à trois au rythme enlevé et aux phrases courtes, comme des pas de côté, une danse des âmes, des pulsions, des instincts.
L’animanité nous empêche-t-elle d’être humains, ou est-elle la preuve de notre humanité ? Notre humanité ne réside-t- elle pas justement dans notre part de bestialité, que la société tente de normer et de réguler ? Faut-il rester soumis à ces pulsions pour être soi ? Les autres, pour nous aimer, doivent-ils tenter de les contrôler ? La force et ses rapports, la domination, la soumission, le sexisme, la peur des autres, des différents, des divergents, la sauvagerie, la bestialité, l’animalité, l’humanité, tout ça peut-il se réguler par soi-même sans nous être imposé par la société et ses mécanismes ? Comment trouver sa place ?
Les chapitres sont brefs, donc frappants, Tribu est un roman percutant, comme une symphonie fulgurante,
un chœur de vérités relationnelles, géométriques, millimétrées, rythmées, sociétales, idéologique et logiques, une langue volontairement simple et musicale, une oralité littéraire dans sa beauté absolument offerte.
Une énergie, un dynamisme sans manque et sans faille, des scènes fortes et denses qui s’enchaînent, une fascination folle se laisse aller et venir, la beauté du dire étant transcendée par ces pages en ellipses, en pulsions, pulsations, humanité et bestialité délicieusement entremêlées.
Bref, c’est un coup de coeur et il sort demain !!!