Les libraires en parlent

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Librairie Esperluette (Lyon)

Quand je veux dire quelque chose que je ne sais pas exprimer, j’essaie un peu, puis ça se dilue dans les choses qu’on peut dire. 

Après une première parution aux éditions du Castor Astral, ce petit roman si atypique arrive en poche à La Contre Allée. Pourquoi atypique me direz-vous ? Eh bien, nous sommes ici en possession d’un texte qui ressemble à un conte sans en avoir la forme… en fait un texte qui ne ressemble à aucun autre. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit d’une oeuvre qui surprend, d’une histoire d’amour aussi, et d’une réflexion sur l’identité, l’écriture et la lecture.

Dans ce roman il y a…

Un lieu de vacances constitué de rectangles : un de terre, un « bleu avec de l’eau dedans » et un exactement de la même taille pour construire la maison. À côté, il y a le voisin qui vit également sur un rectangle qu’il creusera jusqu’à atteindre la terre rouge, celle qui ramène les souvenirs de ceux brûlés sur le bûcher car ils pensaient autrement. Un peu plus loin, il y a une boulangerie, le Grand Café, un tabac, la supérette Aux Courses du Jour.

Quelques personnages : la narratrice – épouse du mari et mère des enfants du monde, les amis, le voisin sa fille et son cheval pas très grand, la boulangère, le médecin en tracteur, le vendeur de tabac Merci Merci, les tenanciers du café. Tous croqués avec beaucoup de tendresse (surtout les femmes qui se découvrent sensibles et sensuelles).

Une suite de petits événements, anodins mais peut-être pas tant que ça.

Et il y a l’arbre de papier et l’homme à la camionnette qui passe ses nuits dans cet arbre. Cet arbre, c’est la narratrice qui l’a fait naitre à partir de papiers dessinés par les enfants du monde. « Ici, il ne pleut pas. Pour pousser, les arbres doivent attendre qu’on ramasse des papiers, qu’on les empile. » Cet homme, c’est la rencontre que fait la narratrice et qui la fait (re)devenir femme, aimée, désirée, désirante.

Le tout narré dans une langue alliant simplicité apparente et métaphores qui suscite autant de questions qu’il ne donne de réponses. C’est ainsi qu’Eva Kavian nous emporte et que ses mots restent en tête une fois le livre refermé, avec les images qu’on s’est créées.

On avait été particulièrement touchés par L’engravement (autre livre de l’autrice également à La Contre Allée), la justesse des émotions et états mentaux des personnages nous avait saisis. Avec Trois siècles d’amour, le style est radicalement différent mais Eva Kavian poursuit cette exploration de soi, des autres, et la magie opère de nouveau.

Un coup de cœur pour ce texte, et un pour sa couverture, avec cet arbre de papier qui illustre si parfaitement ce roman-conte.

Rien ne me permet de croire qu’ici tout existe, mais avec ce goût dans la bouche, j’ai ressenti le besoin de me lever, de regarder de plus près le feuillage blanc de l’arbre.

Pour accéder à ce coup de cœur directement sur le site de la librairie, cliquez ici !

Les yeux qui pétillent (Valenciennes)

Quel bonheur de retrouver Eva Kavian ! Cette lecture est étrange. Dans l’aspect merveilleux du mot étrange. À travers ce roman (ce conte ?), Eva Kavian aborde des thèmes aussi forts que l’amour, le temps, la liberté, l’émancipation, l’identité, l’écriture, nos relations aux autres. 

Que j’aime ces livres qui nous font vivre une intense expérience de lecture. À la lecture de ce texte, on est bousculé, on rit, on se questionne… Et j’adore ça ! 


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https://www.instagram.com/reel/DOdOjt6DSc5/?igsh=OGQ4dXJzempweXF1