Revue de presse

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Babelio : critique

Critique de Isalire sur Babelio, à propos de Un Voyage d’Envers de Robert Rapilly et Philippe Lemaire, publiée le 12 février 2019.

Tout d’abord un grand merci à Babelio, aux éditions la contre allée, aux auteurs, Robert Rapilly et Philippe Lemaître, pour cette lecture issue de l’opération masse critique.

Je ne connaissais ni l’éditeur ni les auteurs, et j’avais choisi ce livre qui parlait de voyage, d’Argentine, d’illustrations poétiques et réversibles, de texte double.

Et oui, les dessins sont magnifiques, on dirait du Gustave Doré. L’idée d’un livre qui se lit « aller et retour », en le retournant, est excitante. Le texte est d’une poésie certaine, flirtant avec des univers littéraires qui me sont inconnus (l’Oulipo ?). Peut-être est-ce là que cela n’a pas fonctionné pour moi, je n’ai pas compris certaines phrases et même passages entiers. Alors finalement je l’ai lu en essayant de ne tisser aucun récit construit dans ma caboche, et cela m’a frustré. Sans doute ne suis-je pas la lectrice qui savourera le mieux cette création.

Je salue néanmoins la beauté de l’ensemble, indéniable.

Retrouvez la critique ici.

Eulalie

Chronique publiée dans la revue Eulalie du mois de décembre 2018, par Hervé Leroy, dans la rubrique « des auteurs et des livres »

Disponible ici (page 4).

Chronique de Gilles Esposito-Farèse à la Liste Oulipo

Chronique de Gilles Esposito-Farèse à la Liste Oulipo —

Aujourd’hui même, 21 novembre, sort en librairie le livre « Un voyage d’envers » de notre colistier Robert Rapilly et de Philippe Lemaire, créateur de gravures réversibles.

C’est tout d’abord un beau livre, à la mise en pages et à la typographie soignées. Une page sur deux offre une superbe illustration faite de collages de gravures du XIXe siècle, en leur apportant la modernité d’une double interprétation selon l’orientation. C’est si habilement construit qu’il est souvent impossible de comprendre où se trouve la frontière entre l’endroit et l’envers, et les gravures choisies sont tout simplement époustouflantes.

Le texte de Robert Rapilly est principalement en prose, mais avec l’élégance de style qui le caractérise. Il raconte les souvenirs argentins de Manuel Mauraens — qui était déjà le protagoniste de son précédent recueil de poèmes « El Ferrocarril de Santa Fives » publié en 2011. Ici, il s’agit vraiment d’une histoire avec des péripéties, par exemple l’élucidation d’un meurtre, mais dans une ambiance de rêve où la chronologie et les pays se mélangent, et dans une prose poétique d’une rare beauté. Évidemment, plusieurs contraintes formelles sont respectées sur certaines pages. Il y a par exemple des sonnets, soit explicitement annoncés et présentés comme tels, soit cachés dans la prose. Pour nous inciter à les lire d’abord comme de la prose, RR supprime parfois quelques syllabes au début, ce qui décale notre oreille interne des alexandrins — et une fois les vers repérés, le lecteur peut reconstruire ces syllabes manquantes. On trouve aussi plusieurs palindromes, et comme ils ne sont pas souvent explicitement annoncés, on finit par se demander si toute tournure un peu originale n’en contiendrait pas : il m’est arrivé plusieurs fois de relire dans l’autre sens pour m’assurer que je ne ratais rien ! Voici par exemple l’une des pages centrales, où RR attribue généreusement à son protagoniste cet époustouflant sonnet palindrome. Chacun de ses vers devient la conclusion d’un paragraphe de prose poétique sur les pages voisines, où toutes les images s’enrichissent de significations précises.

Ce livre se lit dans deux sens : une fois la fin atteinte dans le sens habituel, on le retourne pour en lire la seconde partie. Mais de la même façon que les textes et les images sont intimement liés sur une même double-page (j’ignore d’ailleurs si RR s’est inspiré des gravures ou si ses textes ont inspiré Philippe Lemaire ; probablement les deux), on se rend compte que les textes endroit et envers se font aussi écho. On ne sera pas étonné de trouver sous la plume de RR diverses allusions à des poètes qu’il aime — ne serait-ce qu’Hugo Vernier dès le titre du livre.

Outre l’originalité conceptuelle de ce livre, c’est surtout sa grande qualité littéraire et graphique qui me fascine. Un véritable objet d’art.