Revue de presse
← Vie de Milena, de Prague à Vienne
Phoenix
Une chronique de Charles Jacquier dans la revue Phoenix du mois de janvier, extrait :
« Le prénom de Milena Jesenskà (1896-1944) est mondialement connu pour les lettres que lui adressa Franz Kafka à l’occasion d’une relation amoureuse épistolaire, au début des années 1920. Mais Milena Jesenskà n’est pas seulement un prétexte pour parler de l’auteur de La Métamorphose : l’itinéraire et l’oeuvre de ctte personalité incandescente méritent d’être connus pour elles-mêmes. Deux livres, récemment réédités, le permettent. Le premier, écrit par sa fille qui fit elle-même partie d’un cercle d’artistes et d’intellectuels dissidents et non conformistes de l’underground pragois, en brosse un portrtait sensible et attachant, mais sans concession. Issue d’une famille aristocratique slovaque, Milena abandonne des études de médecine et se marie avec Ernest Pollak, un traducteur d’origine juive, ave lequel elle vit à Vienne. Devenue journaliste en 1920, elle revint à Prague après son divorce. Mariée avec un architechte, Jromir Krejcar, elle s’épanouit dans son travail, mais un accident de ski, alors qu’elle est enceinte, la laisse infirme d’une jambe et dépendante de la morphine. Devennue communiste, elle travaille pour la presse du Parti, mais le quitte en 1936. Entrée dans la Résistance après l’invasion de la Tchécoslovaquie par le IIIe Reich, elle est arrêtée en novembre 1939 et déportée l’année suivante à Ravensbruck où elle trouve la mort en 1944… »
La Marseillaise
Biographie. Vingt-trois ans après la mort, injuste et tragique, de Milena Jesenska, sa fille retrace sa vie.
Une Journaliste de talent
La guerre était finie. Milena était morte depuis un an, je refusais toujours de le croire. Tels sont les premiers mots écrits dans Vie de Milena par sa fille Jana Cerna, personnage clé de l’underground pragois sous le stalinisme, née en 1928 et morte en 1981, comme nous rappelle son fils dans sa postface, des suites d’un accident de voiture. L’écrivain tchèque Egon Bondy (qui fut l’un de ses nombreux époux) nota dans un carnet le jour de ses obsèques : « On enterre en ce moment et moi je suis si loin, dans une ville glacée où personne ne sait qu’elle a été ce que l’homme peut atteindre de plus grand. »… Les lecteurs seront nombreux à avouer qu’ils ne connaissent Milena que par ses lettres envoyées à Franz Kafka dont elle entreprit de traduire les oeuvres. Etrange rencontre, nous dit sa fille, d’une femme « pleine de vitalité, impulsive, passionnée » et d’un homme « malade, précautionneux, éloigné de tote passion« . Aussi seront-ils étonnés d’apprendre que celle qui mourut le 17 mai 1944 dqns le camp de Ravensbruck (pour avoir contribué à organiser la fuite de personnes menacées par les nazis) fut avant tout une journaliste de talent, lancée à corps perdu dans le militantisme et révélée au communisme par un comte bolchevique. La plupart de ses chroniques, que nous vous invitons à lire, sont réunies dans Vivre (éditions Lieu Commun, 1985) et certaines sont publiées dans le livre de Cerna.
Difficile de faire son choix, tant la Vie de Milena est riche de ses souvenirs racontés à son enfant, mais aussi de témoignages recueillis auprès des femmes qui ont survécu aux affres de leur détention à Ravensbruck. Nous restent les rapports de Milena avec son père « invraisemblable salmigondis de peur, d’amour, de dégout, de haine et de respect« . Son enfance passée entre la maladie maternelle et le despotisme paternel. Son enthousiasme pour le cinema qui avait le pouvoir de l’éloigner de la triste réalité et pour les romans policiers grace auxquels elle s’adonnait à sa passion des jeux intellectuels. Nous restent surtout son accident qui la laissa boiteuse (d’où son addiction à la morphine). Sa force de résistance. Son refus de se poser en autorité. Sa relation épistolaire avec Kafka qui s’effacera « comme un paysage disparait dans le lointain« . Son opiniatreté à ne point se plier aux volontés autres que les siennes. Son gout du risque frisant l’inconscience. Son amour des animaux et plus particulièrement des chats. Son besoin de dialoguer avec des objets familiers… Cette biographie vaut bien des romans, mais elle conserve sur ces derniers l’avantage d’avoir été vécue. Et puisque nous avons le désir de vouloir surprendre les hommes et les femmes dans leur vie intérieure profonde, faisons bon accueil à ce livre dont l’auteur a l’art d’aiguiser le tranchant des ses idées. L’art d’écrire en somme.
A-M M.
Sophie Pujas pour Le Point
Hors-série Nov-Déc 2014
Cherchez la femme
C’est grace aux sublimes Lettres à Milena qui lui adressa Franz Kafka que Milena Jesenská (1896-1944) est passée à la postérité. Cette femme de talent méritait pourtant d’être connue pour elle-même, ce que nous propose sa fille Jana Černá (1928-1981), dans cette biographie traduite pour la première fois en français.
Née dans un milieu bourgeois, Milena est un esprit libre, qui fréquente les cafés où s’affirme l’effervescence intellectuelle et artistique de la Prague de l’entre-deux-guerres. Emigrée à Vienne, elle s’affirme comme une journaliste au ton très personnel, et devient la première traductrice de Kafka, à qui va la lier une relation passionnée. Revenue à Prague avec la guerre, elle s’engage dans la Résistance et meurt à Ravensbruck en 1944.
Jana Černá dresse de sa mère un portrait tout en nuances, émouvant par sa sobriété même. Un brio qui n’a rien d’étonnant de la part de celle qui fut une figure de la dissidence tchécoslovaque, et l’auteure de Pas dans le cul aujourd’hui, appel à la liberté provocant. «
Marie Laure Fréchet pour Eulalie
Article de Marie Laure Fréchet, pour le numéro d’octobre 2014 :
Remue.net
Un article de Jacques Josse, daté du 13 octobre, extrait :
« Jana Černá, que sa mère et ses proches ( Egon Bondy, Bohumil Hrabal et bien d’autres) appelaient Honza, offre aux lecteurs un document passionnant, extrêmement fouillé et sensible. Elle le ponctue de confidences, de témoignages, d’anecdotes, d’éléments rares, issus de la chronique familiale, de lettres et d’extraits d’articles signés la plupart du temps par Milena elle-même… »
Lire l’article complet ici
Adaptations théâtrales
Trois adaptations au théâtre de la vie de Milena Jesenská ont été réalisées récemment, preuve que la personnalité fulgurante de cette intellectuelle tchèque passionne encore.
Milena/Kafka, mise en scène d’Hélène Darche, 2014.
La chambre de Milena, mise en scène de filip Forgeau, 2014.
Milena de Prague, mise en scène de Johanna Colboc, 2005.
Milena Jesenská, chanson de Dominique A
Vous pouvez écouter cette chanson de Dominique A sur l’EP L’Attirance de 1998, la réedition de 2012 de l’album Remué ou encore sur la compilation Le Détour de 2002.
Alina Reyes, Nus devant les fantômes, Numero 1, 2000.
Janvier 1944 : l’ombre noire et glacée règne encore sur l’Europe. Sur tout le continent, les mille et une têtes de l’hydre nazie continuent de broyer des millions d’êtres. Dans l’enfer du camp de Ravensbrück, une femme, Milena Jesenska, se souvient. Elle se souvient de Prague, » la
petite mère « , de sa jeunesse débridée, de ses enthousiasmes littéraires, des discussions enfiévrées dans les cafés enfumés, de ses engagements politiques. Mais surtout, elle se souvient de lui, Franz Kafka. Le génie littéraire dont elle a traduit l’œuvre en tchèque. Le séducteur en proie à une peur panique face à la chair de la femme aimée. Le juif écrivain de langue allemande. Le visionnaire d’un monde où les individus sont condamnés pour des crimes qu’ils n’ont pas commis. Cette passion épistolaire – dépourvue d’amour physique – entre Franz et Milena ressuscite un univers disparu. A travers cet amour malheureux se lisent les aspirations et les contradictions de la Bohême gouvernée par l’orgueilleux empire des Habsbourg, les sanglantes cicatrices causées par la Première Guerre mondiale, les formidables espoirs de l’entre-deux guerres. Chronique d’un amour impossible, C’est aussi la peinture d’un monde condamné.
Vivre, Milena Jesenská, Cambourakis, 2014.
À propos de Vivre
« Un livre qu’on aimerait offrir à ses amis, encenser à voix haute dans la rue ; un livre qu’on voudrait voir dans le métro entre les mains d’inconnus – qui nous deviendraient par là même familiers et intimes au milieu de la cohue. »
Jorge Semprun
« Qu’elle parle de Georg Kaiser ou de Charlie Chaplin, des ses nombreux déménagements ou des arrière-cours de Prague au printemps, Milena Jesenská a toujours cette voix qui lui est propre, cette vision douce et vive des hommes et des choses. Une soliste parmi le choeur de journalistes de cette ère légendaire de la presse qui a sombré, comme Milena, avec la folie nazie. »
Die Zeit
3 Biographies
Voici trois biographies de Milena Jesenská :
Margarete Buber-Neumann, Milena, Seuil, 1986.
Mary Hockaday, Milena de Prague, Calmann-Levy, 1997.
Alena Wagnerova, Milena, édition du Rocher, 2006.
Lettres à Milena de Franz Kafka, Gallimard
Recueil de lettres faisant parties de la correspondance entre Franz Kafka et Milena Jesenská.
Milena, film de Véra Belmont, 1991
Film de Véra Belmont, sorti en 1991, sur la vie de Milena Jesenská et qui s’inspire de la biographie écrite par Jana Černá.