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INTERVIEW pour Bookalicious

INTERVIEW pour Bookalicious

Lou Darsan : « Nous sommes pétri·e·s de phrases qui nous habitent »

Elle se définit comme une « écrivain nomade », Lou Darsan. Ses voyages commencent par ses mots, leur agencement, la langue rythmique et imagée qu’elle crée et qui emporte très loin. Où ? On ne le sait pas quand on part, mais on la suit volontiers, de page en page, dans cette ode à la nature qui s’apparenterait à de la poésie en prose. Ode au voyage intérieur, également, à la rencontre, à la véritable aventure qui commence en soi, ce second roman (après le très beau « L’arrachée belle ») dépasse les frontières et propose une délicate cartographie de l’humain. Il faut beaucoup de sensibilité, beaucoup de talent, aussi, pour inviter au voyage avec cette force. Lou Darsan, comme le montre l’interview à suivre, a beaucoup des deux.

© Ayla Saura

Qu’est-ce qui vous a inspiré ce texte ?

Plusieurs lignes se sont croisées : l’envie d’explorer les réminiscences d’un voyage le long de la rive nord de la Méditerranée dont je n’ai aucune trace écrite, puisque j’étais alors plongée dans l’écriture de L’Arrachée belle et que je ne tenais pas de journal ; l’expérience  troublante de la nuit polaire et d’un hiver près du cercle arctique ; l’envie de répondre à L’Arrachée belle et de savoir quelle fiction peut se tisser lorsque l’on montre une relation d’égalité entre deux personnes. À l’intersection de ces lignes sont nées des questions auxquelles le roman essaie de répondre : comment est-ce possible d’être deux sans que chacun•e soit une limitation à l’autre ? Que se passe-t-il dans un abri au creux de la nuit et du froid ? Comment l’inscription dans un territoire nous modifie-t-elle ? Quelle est la dynamique qui se crée entre une mémoire incertaine du mouvement et une immobilité choisie dans une nature dépouillée par l’hiver ?  

La nature est très présente dans ce texte, quel est votre lien à la nature, comment le définiriez-vous ?

J’ai envie de répondre : tout est nature ! On sait aujourd’hui que l’idée de nature et sa séparation avec la culture sont une construction… Dans mes romans, il n’est pas question d’une nature vide des traces de l’humain, mais plutôt d’espaces où la présence humaine est plus diluée que, disons, dans les villes ou les régions agricoles. Pourtant, partout nos traces s’y imposent — sentiers creusés, constructions, forêts d’élevage, etc. Les bois sont parsemés de chalets, les rivières traversées de ponts, l’on aperçoit les lumières de la ville sur la rive d’en-face. Je résiste peu à l’envie très humaine de nommer : les plantes, les pierres, les animaux, ceux qui me sont familiers et que je reconnais quand je les croise. J’ai grandi à la campagne, je randonne dans les montagnes dès que je peux, je suis familière d’une vie loin des grandes concentrations humaines, et le silence que j’y trouve me nourrit. Surtout, j’aime l’attention aux détails que cela demande de l’écrire, la lenteur.  Le sauvage, dans mon écriture, ne se situe pas dans ces grands espaces que je décris et dans lesquels j’immerge la narratrice. Il est ce qui est autre et qui m’échappe, ce qui réside dans la liminalité entre conscience et rêve.

© Eric Darsan

On vous qualifie « d’écrivaine nomade », quel sens y mettez-vous ?

Cette dernière décennie, surtout ces cinq dernières années, j’ai beaucoup voyagé de lieux en lieux, d’espaces en espaces, dans un mouvement permanent qui est celui du nomadisme : ne jamais défaire ses valises ni rester plus de trois ou quatre mois au même endroit, apprendre à s’ouvrir aux rencontres, apprendre à quitter les lieux et les personnes, à faire siennes les chambres provisoires ou un véhicule aménagé, à vivre dans une temporalité différente de celle de la sédentarité, un rythme fait de cycles, d’accélérations et parfois d’arrêts. Cela modèle le rapport au temps, à la distance, au corps et donc à l’écriture, qui devient indissociable de ce rapport au monde. « Écrivaine nomade » est alors à prendre au sens littéral, mais c’est aussi une vision de l’écriture : quelque chose de vivant, en mouvement et en porosité, qui ne reconnaît pas les frontières en tant que lignes mais préfère explorer les zones de transition.

Qu’est-ce qui vous donne envie d’écrire ?

C’est une question dont la réponse est protéiforme ! Je pense qu’il s’agit avant tout d’un besoin de mettre le monde et le vécu en mots pour les comprendre. La dynamique entre mémoire et imagination est un moteur : j’ai besoin de revivre le souvenir et pour cela je dois faire appel à ma capacité d’imagination, qui passe autant par l’image que par les mots. Ce faisant, je le transforme et un texte naît. À ceci est couplé l’envie de tisser des liens avec d’autres humain•es, de partager le regard que je pose sur le monde. Il s’agit de faire ressentir, de tendre une main vers l’autre et de voir si nos expériences et nos sensations peuvent se rejoindre et se toucher.

Qui nourrit votre écriture ?

Je pourrais réciter une liste de noms, comme une litanie : Monique Wittig, Annie Ernaux, Virginia Woolf, Ursula Le Guin, Maggie Nelson, Joan Didion Eleni Sikelianos… et j’en oublierai. Dans Alma Matériau, un essai qui analyse les oeuvres d’art réalisées par des femmes aux XXe et XXIe siècles, Émilie Notéris cite cette phrase de la critique d’art féministe Helen Molesworth : « Être artiste et femme, c’est parfois faire l’expérience de se retrouver orpheline de mère(s) et découvrir qu’il faut partir à leur recherche — afin de ne pas céder sous le joug de l’imposante paternité artistique — pour finalement développer une pléiade d’affinités sororales. » Cette idée résonne fort en moi, la quête d’un matrimoine à laquelle succède ou se superpose la rencontre de sœurs en écriture, et c’est aujourd’hui une grande partie de ce qui me nourrit, que ce soit sur les plans intellectuels ou émotionnels.

Le titre est très poétique, est-ce un clin d’oeil à Mallarmé ?

Pas du tout ! On m’a aussi cité « Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie » de Gérard de Nerval, mais je n’ai pensé ni à l’un ni à l’autre. À moins que ces vers que j’aime beaucoup et qui font partie de mon patrimoine littéraire aient nourri mon affection pour le mot « aboli » et soient à l’origine de ce que je trouve de poétique à sa sonorité ? Je crois que nous tous•tes, lecteur•ices, sommes pétri•es de phrases, de vers, qui nous habitent et que nous faisons nôtres à force d’intimité avec les mots. Pour revenir au titre, il est tiré d’un vers de l’un des poèmes en prose insérés dans le flux du roman : « La nuit nos corps n’ont plus de frontières, peut-être que ce sont les heures qui sont abolies et que l’on ne distingue plus le corps des heures ». J’ai écrit ce poème lors de mon séjour hivernal en Laponie suédoise, pour tenter de traduire en mots ma découverte de la nuit polaire, ce qu’elle fait aux corps et aux esprits — une suspension du temps.

Les heures abolies. Lou Darsan. Editions La Contre Allée

Nikola Delescluse, émission Paludes

Retrouvez la recension de Nikola Delescluse au sujet des Heures Abolies de Lou Darsan dans l’émission Paludes n°1019 du 3 mars sur le site de Paludes ou directement sur SoundCloud.

Jacques, de la librairie Quilombo (Paris)

Dans un golfe étroit veillé par des montagnes jumelles et des forêts ogresses, un homme et une femme traversent côte à côte l’obscurité de l’hiver boréal. Deux solitudes, deux funambules qui marchent à gestes et pas comptés sur une ligne, entre sauvagerie et civilisation, monde animal et humain. Lou Darsan cartographie avec finesse nos désirs et nos failles, révélant brillamment les tensions qui nous parcourent.
Voyage au coeur d’une nature sublime, mais aussi voyage introspectif aux échappées oniriques, qui sont comme autant de fenêtres ouvertes sur nos imaginaires, la lecture des Heures abolies nous fait l’effet d’une ample respiration salvatrice dans nos quotidiens balisés.

Lenaïg, de la librairie Les déferlantes (Morlaix)

J’avais dit: Non je ne lirais pas de nouveautés pendant les vacances pour freiner cette boulimie de parutions et me laisser porter par d’autres textes… 

Oui mais voilà… Quand tes maisons d’éditions chouchou t’envoient des SP avant le départ, bah tu les glisses dans la valise et tu dégustes  

Je peux déjà vous dire qu’ils seront sur la table des coups de  à la réouverture et que ces 2 autrices ont dit OUI pour venir à la librairie ce printemps…

Librairie La pluie d’été (Mèze)

Librairie le Bleuet (Banon)

Un instant suspendu où les heures sont abolies. Lou Darsan et son compagnon vont vivre une expérience unique  : un hiver dans le grand Nord, où l’obscurité et le froid mangent tout. Contemplation, souvenirs des temps chauds, balades et impressions, songes surréalistes, tout devient sujet d’écriture pour Lou Darsan, qui partage cet instant de vie avec délicatesse et grâce. Un réel plaisir de lecture pour une échappée libératrice ! Une écriture magnifique ! 

Jean-Louis Zuccolini, pour Froggy’s delight

L’heure est de nouveau à la découverte avec cet ouvrage de Lou Darsan, gentiment proposé par Aurélie, édité par les éditions de La Contre Allée. C’est déjà le deuxième ouvrage de cette jeune auteure qui, après des études de lettres modernes et une courte carrière de libraires, s’est lancé dans l’écriture. Son premier ouvrage, L’arrachée belle avait rencontré de belles critiques lors de sa sortie, étant nominé pour de nombreux prix de premier roman.

Déjà il y a le titre de cet ouvrage que je trouve superbe, Les heures abolies ; superbe et intrigant aussi. Ensuite, il y a la couverture qui est à la hauteur du titre et le livre, en tant qu’objet qui est magnifique. Tout semble réunit pour passer un bon moment en sa compagnie.

Retrouvez l’intégralité de la recension : https://www.froggydelight.com/article-26591-Les_heures_abolies

Mathilde Ciulla, pour Untitled Magazine

D’un séjour dans le Nord froid et sauvage, Lou Darsan crée un voyage où sensations et émotions, solitude partagée et temps long fournissent une intense respiration en même temps qu’une introspection en toute bienveillance.

Après un long voyage, la narratrice et son.a partenaire – ce “tu” qui nous inclut – arrivent dans le chalet d’un ami qui leur est mis à disposition dans un pays du nord de l’Europe. Un chalet isolé, pour se retrouver à deux, mais surtout face à soi-même dans cet environnement hostile aux conditions extrêmes. Une impression traverse tout le récit : celle d’être à l’intérieur même de cet environnement, d’en faire partie intégrante au même titre que les montagnes, la forêt et ses habitants. Lou Darsan transpose à la perfection ce besoin d’ancrer le paysage et ses composantes à l’intérieur de soi, de les faire siens.

Retrouvez l’intégralité de la recension : https://untitledmag.fr/lire/critiques/les-heures-abolies-un-livre-de-lou-darsan

Lune Depassage, Carnets

Magnifique premier roman qui préfère emprunter les chemins noirs et les sous-bois plutôt que les départementales peuplées où l’on est à l’abri de tout et de l’inconnu.

Une envolée, belle, téméraire, qui cogne fort en dedans. Les mots comme des exuvies à embrasser puis abandonner pour trouver le chemin vers soi, comme le personnage au centre de l’essaim de mots bourdonnants de Lou Darsan.

Une écriture rare, salée comme le varech, libre et affamée. Traverser des paysages et les métamorphoses. La roche, le sable qui crisse, la douceur gelée d’un torrent et tout ce qui pulse dans le cœur d’une femme qui retrouve l’instinct de vivre.

Un livre beau, qui respire transpire et enfle de force sous nos doigts. Lire en sentant la couverture fripée sous la pulpe de l’index. Un délice.

Lune Depassage, Carnets

Dans Les heures abolies, d’autres trajectoires s’ouvrent. Y sont disséminés des coups d’œil dans le rétroviseur sur les kilomètres parcourus en solitaire, la chaleur méditerranéenne et les inconnues dont les visages et les gestes ne s’effacent jamais tout à fait.

Dans une cabane qui sent le pin, la poussière et la laine, la narratrice s’installe pour un hiver boréal, là où le soleil n’en fait qu’à sa tête. Une personne l’accompagne, et dans cet espace chaud et reclus il faut apprendre la compagnie de l’autre, la solitude à deux, à ouvrir les portes de l’intimité. Parcourant les sous-bois, longeant la langue de mer qui vient laper la côte, la narratrice visite ses errances passées, convoque la mémoire des détails infimes et infiniment grands à la fois. Chaque pore, chaque souffle semble se tourner ensuite vers l’au dehors, les eaux, les vents, les lumières, le passage des biches dans la neige, les oiseaux du golfe. Pourtant tout se joue à l’intérieur de soi.

S’inscrivent alors des métamorphoses, des mues, des glissements, « flanc contre flanc » avec soi, sans que ce que nous ayons vécu ne nous quitte.

Retrouvez l’intégralité de la recension https://carnetsdelunedepassage.wordpress.com/2023/01/23/les-heures-abolies-%c2%a4-lou-darsan/

Réseau les libraires ensemble

Les libraires ensemble 2023

L’arrachée belle, sublime premier roman, Lou Darsan, dévoile un peu plus de sa poésie dans ce second récit. 

S’il rappelle le précédent par le thème du voyage et de l’exploration de roi, cette fois-ci l’exploration est totale et le voyage se fait à deux. 

Exploration de nos relations, du vivant, de nos émotions fauves, rien n’en semble échapper à ces pages, qui abondent d’images. Les mots, la forme, ce roman est d’une sensibilité absolue, et il faut savoir se laisser porter pour véritablement l’apprécier. 

Lucile, de la librairie Page et Plume (Limoges)

Délicat & Troublant

Après L’arachée belle, sublime premier roman, Lou Darsan dévoile un peu plus de sa poésie dans ce second récit. S’il rappelle le précedent par le thème du voyage et de l’exploration de soi, cette fois-ci l’exploration est totale et le voyage se fait à deux. Exploration de nos relations, du vivant, de nos émotions fauves, rien ne semble échapper à ces pages, qui abondent d’images.
Les mots, la forme, ce roman est d’une sensibilité absolue, et il faut savoir se laisser porter pour véritablement l’apprécier.

Librairie Delamain (Paris)

Un voyage onirique et introspectif au coeur de la forêt boréale. Les heures abolies est un roman dont la puissance évocatrice nous emporte. Un grand moment de lecture !

Le blog de la librairie Esperluette (Lyon)

On se souvient, presque comme si nous l’avions relu hier, de l’Arrachée belle de Lou Darsan, un écrit qui reste donc. C’est peu dire qu’on avait hâte de lire son second roman.

Avec ce nouveau texte, on suit un couple qui trouve refuge dans le nord du Nord, dans la fixité du chalet que leur a confié Sacha, pas tout à fait au milieu de nulle part. On va suivre, au gré du changement de saisons (Estivales, Automnales, Hiémales, Vernales constituent les quatre parties du livre), au gré de «la transition si douce entre l’aurore et le crépuscule», la variation des paysages qui l’environnent et ceux, en surcouche, qui peuplent son imaginaire ou convoquent des souvenirs («les jours et les lieux s’emmêlent» ; «l’archipel des réminiscences»). C’est que la narratrice, à l’aide de petits carnets, consigne au quotidien les petits détails et brouillonne habilement cette «procession de paysages». Le tout avec énormément de poésie («j’orchestrerai la mutation de ce paysage en poèmes») : «Je me déploie en filaments de brume sur la cime des mélèzes centenaires».

Lire l’intégralité de l’avis en ligne, en cliquant ici

Julian, de la librairie Privat (Toulouse)

Partir, se retirer dans le Nord, dans un petit chalet où l’hiver règne : c’est cette expérience que sublime Lou Darsan. Une lecture qui se savoure tant par sa beauté que par sa magnifique poésie sensorielle et onirique. Un récit qui nous emporte comme une bulle d’évasion, un souffle apaisant.

Librairie l’Apothicaire (La Souterraine)

Amies, Amis,

L’exploration des parutions de janvier se poursuit. Et parmi d’innombrables merveilles, un joyau singulier fait son apparition.

Lou Darsan nous avait envoûtés avec « L’arrachée belle » publié en 2020 aux Editions La Contre Allée. « Les heures abolies » (également publié aux Editions La Contre Allée) confirme et sublime la naissance d’une grande écrivaine, d’une incontestable grande poétesse.

Il n’est point nécessaire de préciser que c’est un véritable coup de cœur !

Amitiés de L’Apothicaire.

Dans les conseils lecture du festival Escale des Livres

En ligne par ici

Émission Mosaïques littéraires sur Alternantes

Daniel Raphalen reçoit l’écrivaine Lou Darsan. Retour sur son premier roman « L’Arrachée belle » publié aux Éditions La Contre Allée (2022) et « Les Heures Abolies » second livre qui paraitra le 13 janvier 2023 chez le même éditeur. La découverte d’une auteure talentueuse…

Le podcast à écouter en ligne en cliquant ici

Sylvie Lansade pour Encres Vagabondes

Le bonheur n’a pas d’histoire. C’est pourquoi l’auteure ne nous en transmet que les sensations dans un long poème divisé en quatre saisons, les saisons de l’amour : la solitude, trépidante ou désespérante, la rencontre, la fusion, la séparation (s’éloigner pour mieux se retrouver ?)

On est en été, en Grèce, dans les Pyrénées, dans le Monténégro, qu’importe. Je ne peux plus conduire sans que les paysages de ma mémoire se superposent à ceux que je vois. Il ne faut pas chercher à savoir où l’on est, il faut se laisser porter, emporter par le flot des mots, des images, des souvenirs, des odeurs, des bruits, du goût du sel, de la mer et de l’ombre des tamaris…

Puis c’est l’automne, l’amour est là, comme les lieux, indéterminé, et la décision est prise, à Berlin, de tourner le dos au midi, d’aller vers le nord, le grand nord où le jour va disparaître complètement, s’enfermer pour s’aimer dans le chalet prêté par Sacha.

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Librairie L’alternative (Neuilly-Plaisance)

❤COUP DE COEUR❤

Tout récit sur l’émancipation m’intéresse a priori.J’avoue avoir été d’abord sceptique regrettant que l’émancipation de l’héroïne soit psychologisante éludant les carcans sociaux mais ils sont bien là, en toile de fond, une ville, un appartement, un compagnon, dont l’héroïne finit par s’échapper.

Mais c’est surtout l’histoire d’une fuite onirique, une quête d’identité. D’abord en voiture, puis en auto-stop, enfin à travers champs, plus son dépouillement est grand plus l’héroïne renaît, devient elle-même. Le texte de Lou Darsan est fascinant, sa langue est organique, riche, précise, on a envie de lire à voix haute pour mieux en apprécier la poésie.Aucune sensation ne nous est épargnée, les cauchemars, la dépression violente puis la communion de l’héroïne avec la nature, liquide, caressante, odorante. Car il s’agit aussi d’une véritable ode à la nature luxuriante, d’un retour à la terre comme moyen d’échapper en beauté aux déterminismes sociaux, d’une arrachée belle ! Une invitation à prendre nous aussi un premier départ, puis d’autres échappées suivront, multiplions nos personnalités, étendons-nous, devenons enfin nous-mêmes. Un premier roman remarquable.