Les libraires en parlent

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Romain, Librairie La Fleur qui pousse à l’intérieur (Dijon)

En poésie, Romain vous invite à découvrir Au pieu, de Selim-A Atallah Chettaoui, éd. La contre allée, 16 €.

Une odyssée à partir du lit, voici ce que nous propose Au pieu. Comme un jeu de pile ou face, on y parle des matins où l’on décide, à cause de la flemme, de mettre des miettes partout et de rester allongé·e toute la journée s’il le faut. D’autres fois, on se motive et on essaie de répondre à toutes ces injonctions qu’on voit passer sur les réseaux, à savoir : se lever avant le soleil, boire une tisane au gingembre, faire sa séance de yoga avant d’aller courir… Des sollicitations schizophréniques qui sont ici maniées dans une langue très moderne, pleine de références à la pop culture. Les jeux de répétition donnent au texte une musicalité de la scansion, qui révèle toute sa magie en lecture à voix haute.

Performeur·euse très active, nous vous invitons à aller écouter Selim-A Atallah Chettaoui sur le net, et encore plus de chercher à le·la voir « en vrai ». Une écriture de l’intime qui parle aux nouvelles générations, et qui permet sans doute aux autres de mieux les comprendre.

Lundi Poésie, Libération par Guillaume Lecaplain

L’auteurice livre un long poème qui tente de s’extraire de l’attrait dangereux des draps.

«Juste sortir du lit plein de miettes». Il est des mouvements ordinaires qui paraissent aussi périlleux qu’un retour à Ithaque. Dans un livre d’un seul poème, Selim-a Atallah Chettaoui fait entendre le chant d’une tentative de départ. Il s’agit de s’extraire des habitudes qui collent le corps au cœur de l’«humidité malsaine dans les draps» et l’esprit à la poursuite du «binge eating binge watching binge scrolling». Pas de glorification du moelleux d’une couette accueillante ici. Pas d’amour de la paresse. Malgré un texte qui ne manque pas d’humour, notamment face à l’impossibilité de «faire les choses bien», la quête décrite par Atallah Chettaoui fait part d’une réelle douleur, celle de ne pas parvenir à s’échapper de l’inertie : «game over try again».

Le texte avance par détours et refrains, se laisse contaminer par les obsessions de l’auteurice (Selim-a Atallah Chettaoui se définit comme non-binaire) comme le porno ou le jeu mobile 2048 ; mais c’est surtout la recherche de rythme qui prend les rênes du déroulement des mots sur la page. 

Selim-a Atallah Chettaoui est un·e habitué·e des performances et on sent que le poème a été pensé pour être dit, peut-être même composé la voix haute, jusqu’à parfois prendre des airs de pure chanson : «boum boum / la terre humus repart / boum boum / le corps humus repart / boum boum s’empare du corps mort / boum boum les cendres du corps s’assemblent / les cendres tapent tapent tapent tapent tapent / recroquevillé le corps tapote».

C’est finalement en plongeant au fond du lit (le mot «trou» est une des clés du livre) que l’auteurice trouve cette vigueur insufflée à son texte. Le combat mené contre «l’anhédonie» – cette incapacité à ressentir du plaisir – se révèle ainsi paradoxalement plein d’énergie : car les mots «suffisent / presque / à vivre».

Selim-a Atallah Chettaoui, Au pieu, la Contre Allée, 112 pages, 16 euros.

https://www.liberation.fr/culture/livres/au-pieu-de-selim-a-atallah-chettaoui-punaise-de-lit-20250303_SBCRR737VBAGVJWGPP5MOMLAOU

Librairie La Madeleine (Lyon)

Au pieu, Selim-a Atallah Chettaoui, La contre allée. 16,00€
Après Des odeurs de bretzels de barbecue et de weed aux éditions 10 pages au carré, le·a poète performeure qui enflamme les scènes parisiennes, nous donne à lire un poème-fleuve qui tient en haleine sa·on lecteur·ice. Tenir, même quand on n’est pas productif, quand on est pas « quelqu’un de lisse de propre et de beau et qui participe au PIB ». C’est là la difficulté, cette contradiction qui veut qu’on désire le mouvement – faire des trucs, sortir du lit, être productif, s’organiser pour être productif et pour se sentir bien – et l’immobilisme à la fois – on a juste envie de retourner au pieu. Un texte dont le rythme trouvera des échos chez beaucoup d’entre nous. Une pépite !

Le Bateau livre (Lille)

« c’est pas grave parce que demain demain arrive »

Dans une ère où le développement personnel et la productivité est valorisé comme un idéal à atteindre pour être heureux, Selim-a Atallah Chettaoui nous partage son cri alors qu’iel s’englue dans sa propre existence.

Un recueil qui nous remet face à un quotidien rythmé par l’appel du « pieu », toujours plus fort que ces idéaux qui nous poussent vers une réussite artificielle.

Un texte qui se veut accessible à toutes et tous, de la poésie pour les gens comme tout le monde, qui luttent pour réussir, sur le fil du désir de mouvement et de l’attractivité de l’immobilité.

Librairie La Tanière (Lyon)

Bonjour à toutes et tous, on vous présente nos nouveautés ! On y parle d’évolutions des idéologies, de sciences sociales, de progrès humain…

Au pieu, de Selim-a Atallah Chettaoui, éditions la contre allée

“mais c’est pas grave parce que demain

demain arrive il y a encore demain

qui arrive tous les jours tant qu’on n’est pas

mort il y a demain qui arrive et tant

qu’il y a de la vie il y a de l’espoir c’est

les gens lissent et propres et beaux et

qui participent au PIB qui disent ça”

Ana, Librairie Les Nouveautés (Paris)

Sortir du lit, mais pour quoi ?

Ce cri du fond du pieu fait écho à nos pensées les plus secrètes, nos désirs les plus enfouis, nos envies de vaincre les rouages d’un quotidien qui peut être écrasant. Ça pulse, ça vibre, ça piétine et ça libère…

mais c’est pas grave par que demain

demain arrive !

Librairie Le Divan (Paris)

Déferlement émotif et sensoriel n’ayant que faire des formes établies, le poésie de Selim-a Atallah-Chettaoui délie la langue et la fractionne, absorbe le sens et lui redonne texture. Une poésie exigeante et âpre, déroulant les affres du quotidien, entre anxiété et addiction. Une voix singulière de la poésie francophone contemporaine, à découvrir !

Librairie Majo (Paris)

C’est la Saint-Valentin·e ? Ok, mais c’est surtout le jour où paraît le nouveau recueil de @selim.a.a.x : Au pieu aux éditions @la_contre_allee ❤️ Selim-a Attalah Chettaoui capture l’immobilité, et cette culpabilité qui en découle bien souvent quand tout nous enjoint à être actif·ves, productif·ves, à faire mieux, toujours mieux. Et si demain tout changeait, et si on arrêtait la cigarette et le café, et si on se tenait bien droit·e, et si on devenait enfin la meilleure version de nous-mêmes ? On a adoré ce recueil, à dévorer (évidemment) sous les draps – et nos bonnes résolutions attendront…