Les libraires en parlent

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Margot, Librairie Passage (Lyon)

Chanceuse, me suis-je sentie, de recevoir cet exemplaire dans ma boîte aux lettres. Sourieuse, aussi, d’avoir de prime abord lu « Easter », vu le jour et ma passion pour l’interlangues. Emportée, une fois le livre ouvert. Avec le cœur. Puisque je suis admirative de l’auteur et du fait qu’il a été son propre traducteur pour cette version en français, offrant ainsi un texte sans doute, donc avec, subtilement différent – admirative de ces éditions que j’adore aussi, tant elles font bouger mes habitudes de lectrice.

Une jeunesse et amitié remémorées en brefs épisodes très parlants, la vitesse de la vie mise en mots, où les Beatles (surtout George Harrison, haaaaaa Mon Beatles préféré) et Fangio, (un des rares pilotes automobile dont j’aie retenu le nom, parce qu’argentin, mon défaut personnel) jouent le rôle de détonateurs et où le minutieux exercice de mémoire amène à parler de ces moments où la trajectoire de vie tangente, sans qu’on puisse le prévoir, vue la vitesse des choses.

Un tableau générationnel, aussi, journalistique et fragmentaire, tout en finesse et émotions, une pointilleuse friction entre la musique, la vitesse, le sport et l’amitié, les regards de deux jeunes observateurs ainsi liés, de la fin des années 1970 au début des années 1980.

Quelques phrases parsemées comme des mantra que Fangio aurait pu formuler, mais que Steve McQueen a dites, dans un contexte particulier et précisé.

«“La course, c’est la vie. Tout ce qui se passe, avant ou après, n’est rien d’autre que de l’attente.» Fangio aurait pu le formuler. C’est Steve McQueen qui l’affirme, cigarette à la main, dans le film Le Mans. »

« “Dans une course, pas de temps pour deux décisions. Il n’y a de temps que pour une seule, et elle doit être la bonne.” Fangio aurait pu le formuler. C’est Steve McQueen qui le dit dans une interview avant sa mort, alors qu’il était malade. »

Course à la vie, à l’amitié, contre la mort, et pour le mot juste, malgré.

Quand la conscience est ravivée, entre spontanéité naturelle et ironie, et que le rappel de mémoire est amitié réelle, solide, lien profond au fil des ans, la lecture secoue le passé personnel aussi.

Une folle et délicieuse lecture, comme à chaque livre d’Eduardo Berti qui sait embrasser les lignes intimes avec celles du temps, pour donner envie d’écrire, à son tour. Ce que ce texte m’a fait, bien évidemment. Ainsi, entre autres, je le conseillerai en librairie.