Alice, Librairie La Boîte de Pandore (Lons-le-Saunier)
Gros coup de cœur !
La Morelle noire est avant tout une plante connue pour ses propriétés apaisantes mais avec Teresa Moure et sous le patronage des éditions de La Contre Allée, elle se transforme en un précieux herbier où se mêlent et s’entre-mêlent les histoires de trois femmes sauvages, insoumises et profondément libres.
Christine, reine de Suède, passionnée par la philosophie, qui accueillit à sa cour René Descartes et finit par abdiquer refusant le destin qui lui était assigné de se marier et de donner un héritier à la couronne.
Hélène Jans, herboriste, guérisseuse, qui s’attacha à rédiger « Le Livre des Femmes », un manuel de remèdes à destination des femmes pour guérir les nombreuses maladies de leur corps et de leur âme, que Hélène ne conçoit pas séparés comme l’envisageait au contraire son célèbre amant et père de sa fille, Francine, décédée prématurément à l’âge de 5 ans.
Rien de prédestinait ces deux femmes à se rencontrer si ce n’est le projet laissé inachevé à la mort du philosophe, de constituer une langue universelle pour assurer une meilleure diffusion et transmission des savoirs entre les peuples et les générations et ainsi garantir la paix entre les êtres et les Etats.
Et puis il y a Inès Andrade, jeune étudiante espagnole, bien décidée à rédiger une thèse sur le penseur du dualisme et qui à la faveur de fouilles dans une malle du grenier familial entame un dialogue au travers des siècles avec Hélène et la reine Christine.
Mais ne nous y trompons pas ce qui unit ces femmes n’est pas le grand homme, mais bien le souhait, à ce moment précis de la vie où chacune d’elles se trouvent, de réaliser pleinement leur être qui sommeille à l’état de puissance, d’habiter enfin pleinement le monde de leur présence.
Et au moment de refermer le livre on ne sait plus qui parle, Inès ou Teresa Moure : « Tout le temps que j’écrivais, je me suis rendue compte que je récupérais la mémoire de ces femmes invisibles qui m’avaient précédée et, mue par leur esprit, j’ai parfois inventé, exploré l’anecdote, me suis laissée emporter par les fumées de l’imagination, et j’ai pressé le plus possible les mots pour en faire sortir le miel qu’ils retiennent. »
Mais après tout, peu importe qui parle et peu importe que ce projet de langue universelle n’ait pas abouti, car finalement est-ce que la sororité et la liberté ne seraient pas les premières étapes nécessaires à une meilleure compréhension de soi et de l’autre pour atteindre cette union entre les individus ?
Non, mais en fait on n’est plus sur un coup de coeur, on est plutôt sur un coup de foudre !