Mère d’invention
Clara Dupuis-Morency
Je ne veux pas être une mère qui est toujours dans ses livres, je veux être interrompue, je veux pouvoir être dérangée, je ne veux pas qu’ un enfant sente qu’ il vit dans un ordre inférieur de réalité, que sa vie est contingente. Je veux qu’ il se sente souverain, qu’ il soit impérieux, qu’ il soit insupportable. Je veux que ce soit l’ écriture qui ressente les secousses du quotidien, les dérangements, la maladie, les caprices, je veux que l’ écriture soit insomniaque, dépassée par la vie, qu’ elle en souffre, et qu’ on le sente, qu’ on se dise : clairement, elle n’ arrive pas à gérer, c’ est trop pour elle, ça se voit que tout ça est au-dessus de ses forces, qu’ elle concilie mal le travail et la famille, toujours en retard, décalée, c’ est agaçant, à l’ arrache, sur le bord d’ une table, entre deux boires ou deux repas, dans un interstice de l’ existence, c’ est l’ écriture qui finit par en souffrir, fatiguée, exténuée, on sent qu’ il ne reste pour écrire qu’ un zombie, une volonté exsangue, c’ est instable, et c’ est ça que je veux, qu’ on dise que c’ est bâclé et, pourtant, qu’ on n’ arrête pas de lire […].
Clara Dupuis-Morency
Les libraires en parlent
- Livre protéiforme à l'arborescence aussi indéterminée et véloce que l'existence elle-même, Mère d'invention emprunte au genre de la creative non fiction tout en s'en démarquant grâce à une démarche d'écriture totalement transparente qui réussit le pari fécond de faire cohabiter 3 types d'engendrement: la thèse, le roman, la procréation. Librairie Gallimard de Montréal
- Cette ode à la liberté, enracinée et physique, fait également appel à l’esprit, nous donnant à lire une oeuvre unique et complète qui s’imposera au-delà du temps. Revue Les libraires (Québec)
Revue de presse
- Dans ce livre l’autrice parle de la maternité sous toutes ses formes. Elle évoque le désir d’enfants mais aussi l’absence de désir et l’avortement. Elle parle de la grossesse et de la manière dont on fantasme le rôle de mère.La page qui marque
- Hermétique et dense par moments, le roman démontre la puissance du langage ne se soumettant à aucun impératif de compréhension.Artichaut magazine
- C’est là toute la force de ce premier livre de Clara Dupuis-Morency, qui n’assoit rien, à aucun moment, et qui arrive à nous faire éprouver le réel dans ce qu’il a d’indicible et d’indomptable.Spirale, arts lettres sciences humaines
- Il s’agissait de donner naissance à une œuvre "monstrueuse", "difforme", pour reprendre les mots de l’auteure, et c’est bien face à une création-créature originale, pulsante, vivante en somme, que nous nous retrouvons. […]Spirale
- L’autrice Clara Dupuis-Morency parle de sa première publication, Mère d’invention. Inspirée par le style de Christine Angot, de Virginie Despente et de Marcel Proust, qui est au centre de sa thèse, elle propose un premier récit troublant sur la maternité.Radio Canada
- Aborder la maternité d’une façon originale, est-ce encore possible? La réponse vous surprendra, et elle se trouve quelque part au coeur de ce récit à la prose vertigineuse et ensorcelante, écrit par une spécialiste de Proust qui porte aux mots un véritable amour.Ton barbier
- On peut facilement dire cependant que rien au Québec ne s’apparente à ce qu’elle nous livre dans cette première publication. Les méconnus, webzine québécois
- Et s’il est difficile d’écrire à partir d’un texte qu’on aurait voulu écrire, il faut avoir l’impudeur de le dire, d’avouer au sein d’un milieu d’envieux qu’il y a, autour de soi, des voix qui ont le courage « d’aller au plus difficile », de croire à l’idée que l’écriture, « c’est comme au yoga, il faut amplifier le geste ».Lettres québécoises