READ, Recommandation littéraire
/ RECO LITTERAIRE #1 /
L’engravement de Eva Kavian est un livre qui parle du cheminement de celleux dont les proches decompensent un jour, alors que rien ne les prédestine à devenir ´fous ´.
Décompenser c’est lorsque la structure psychologique, jusque là en équilibre, se déséquilibre.
En lisant ce recueil, le.a lecteur.ice découvre le monde psychiatrique, mais pas par le prisme de celleux enfermé.e.s, par celui de celleux qui rendent visite
C’est un texte qui parle de celleux dont on ne parle jamais. Des celleux qui restent à l’extérieur.
Du désemparement et de la solitude face à ce qui arrive.
Dans une société où la maladie psychiatrique est un tabou, comment faire pour continuer à vivre normalement lorsqu’un.e proche est touché.e ?
Engrave c’est graver en anglais.
Les personnages se croisent dans l’allée qui mène à l’hôpital. comme des troupeaux de baleines.
le temps s’arrête dans ce monde et le changement se grave dans les chairs.
Car à partir du moment où l’on rentre dans l’hôpital psychiatrique plein rien ne sera pareil.
Eva Kavian arrive à parler de cet écroulement sans tomber dans le pathos et le lyrique, avec beaucoup de pudeur.
Chaque chapitre est une histoire privée sous forme de pensées, sur ce chemin qui mène à l’hôpital.
Pas de première personne parce que la pudeur c’est de créer un espace.
Parce qu’on parle des secondes personnes de ceux dont on ne parle jamais.
Du tu, du vous, du eux.
C’est un texte triste, dur mais incroyablement beau.
Alors oui lire l’engravement en vacances c’est peut être pas le moment le plus joyeux mais c’est beau, c’est court (174 p.) et ça remue quelque chose.
Parler des invisibles, parler des différents c’est nécessaire et peut être qu’être touché en vacances ça permet d’y réfléchir, d’en parler à l’apéro, de le digérer sans directement enchaîner avec la vie rythmée, la vie des visibles.