Revue de presse

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Le Télégramme, par Alexandre Fillon

Deux voix se croisent dans les pages de « Sortir au jour ». Celle d’une écrivaine qui a peur de la mort. Et celle de Gabrielle qui a renoncé à travailler dans une agence de communication pour devenir thanatopractrice et proposer des soins funéraires. La première compose comme elle peut, avec un manuscrit retors, l’annonce du cancer de son père, le confinement ou la disparition de France Gall. La seconde explique son métier, sa manière de le pratiquer et les rencontres qu’il provoque. Réunies par le talent d’Amandine Dhée, ces deux voix différentes et complémentaires parlent de leur rapport à la mort avec beaucoup de sensibilité et de justesse.

https://www.letelegramme.fr/culture-loisirs/livres/a-lire/sortir-au-jour-le-roman-damandine-dhee-en-poche-6612289.php

Trouble Bibliomane, par Marie Jouvin

Après le succès de La Femme brouillon (2017) récompensé par le prix Hors Concours ou encore A mains nues (2020), l’écrivaine et comédienne Amandine Dhée prend un virage à 360 en publiant Sortir au jour (éditions La Contre Allée) au début de l’hiver 2023. Loin d’être passé inaperçu dans la sphère littéraire, le court ouvrage a de quoi susciter la curiosité par sa thématique. Ce n’est pas tous les jours que l’on aborde la thanatopraxie, et pourtant…!

« Près des vêtements, j’ai vu une médaille. Il est fréquent que les vieux messieurs soient enterrés avec leurs décorations de guerre. Je l’ai accrochée à sa veste et j’ai regardé par curiosité. Il s’agissait en fait d’une médaille de fidélité Daxon. Je suis retournée voir la voisine, elle m’a dit qu’elle savait qu’il avait eu une médaille militaire, mais elle ne l’avait pas trouvée, alors elle avait mis celle-là. Mais vous êtes sûre qu’on la laisse ?, j’ai demandé. Elle m’a dit, Ne vous inquiétez pas, de toute façon, personne ne viendra. »

La narratrice du roman est autrice. Lors d’une rencontre en librairie, elle fait la connaissance de Gabriele, une thanatopractrice. Si les deux femmes semblent évoluer dans des milieux professionnels très distincts, elles nouent rapidement un lien et le dialogue s’installe. Abordant leurs activités respectives, Gabriele évoque ce métier jonché de clichés et de préjugés qui tendent à la décrédibiliser parfois. Cet échange mènera petit à petit à l’écriture d’un livre initiant de chaque côté des récits de vie, mais aussi de mort, qui s’entremêlent volontiers pour laisser naître toute une philosophie sur l’existence humaine.

Il est difficile de faire entrer ce livre dans une catégorie ou un genre : est-ce un roman ? Un entretien ? Un récit ? Il semble tout à la fois, marqué par une hybridité dans laquelle il est très agréable d’avancer. Ces chapitres qui mutent donnent la parole à la narratrice et écrivaine, angoissée par la mort, figée par ce jour tant redouté où tout s’arrête. A cela, s’ajoute la transmission aux générations suivantes et la peur, en tant que mère, de ne pas avoir assez fait ou assez donné à ses propres enfants. Cette rencontre cruciale avec Gabriele ouvre la voie d’une pensée nouvelle pour elle, tandis que la crise sanitaire et les morts se succèdent. La lumière se fait alors toute particulière sur ce métier, Gabriele est une travailleuse de l’ombre pourtant essentielle dans le processus de deuil. Pour le commun des mortels, être thanatopracteur est un métier de « dérangé » , c’est celui qui fait « la sale besogne » du cycle funéraire.

La narratrice l’assume, elle aussi avait des idées reçues sur la profession : « Forcément, pour un métier pareil, j’imaginais une personne jaunâtre et grisonnante et pas cette jolie jeune femme qui sourit avec malice » . Dans cet entretien, Gabriele peint son quotidien avec les morts, elle leur parle avec douceur, les maquille de tout son attirail Make Up For Ever, leur enfile les habits préalablement préparés par les proches. Tout doit être parfait pour ces familles endeuillées qui verront dans ce résultat final une image immuable de l’être chéri, la toute dernière avant la mise en terre ou la crémation. Dans l’envers du décor, le macabre n’a pas sa place au laboratoire. Ici, on honore le corps en le préparant vers le dernier chemin avant l’ultime espace de repos.

S’initient alors plusieurs réflexions intrinsèques autour de la mort, « De toute façon je l’ai bien entendu dans la bouche de Gabriele, elle dit leur défunt, leur mort. Une fois mort, on ne s’appartient plus tout à fait » , « il me semble que l’on peut naître et mourir sans jamais être le préféré de qui que ce soit. C’est ensemble qu’il faut penser nos morts » . Toutes les deux racontent une histoire à la lueur de l’étrangeté inédite qui perdure dans la vie qui s’arrête, l’une s’occupe d’un nouveau-né, sa « bébée » , l’autre d’un nouveau mort et cette passerelle ténue est extrêmement bien amenée par l’écriture d’Amandine Dhée. Si le texte entier aborde le décès, il crie l’absolue nécessité de se tourner vers le vivant tant que c’est encore possible. Sortir au jour est un memento mori qui embrasse fougueusement un carpe diem. Une vraie réussite.

Les soins de la mort. Entretien avec Amandine Dhée

Dans ses œuvres, Amandine Dhée traite des questions du corps féminin, de la maternité et de la mort. Dans son dernier roman, Sortir au jour, inspirée par la connaissance d’une thanatopractrice, l’écrivaine nous raconte une histoire autour de la mort et de la transmission.

Velimir Mladenović : Votre dernier livre traite d’un sujet assez particulier. Vous parlez d’une femme thanatopractrice. Pourquoi ce métier vous inspire-t-il ?

Amandine Dhée : À vrai dire, c’est d’abord la personne de Gabriele qui a suscité ma curiosité ; son intelligence, son humour, sa malice m’ont donné envie de la rencontrer et de l’écouter. Son métier est au cœur de l’humain et interroge notre lien à la mort et aux rituels funéraires. La thanatopractrice est celle qui prodigue les derniers soins à la personne défunte, elle est un lien entre les vivants et les morts. C’est un métier dont on parle peu et qui en dit pourtant beaucoup sur nous-mêmes !

V. M. : Ce métier est directement lié à la mort, mais votre roman ne parle pas que de ça. C’est également une ode à la vie.

A. D. : Oui, en parlant de la mort, de la perte, je voulais mettre en lumière ce qui nous lie, ce qui nous tient ensemble. Et ce lien nous accompagne jusqu’au bout, dans les derniers gestes vis-à-vis de nos défunts. J’imaginais ce livre comme une invitation à parler de la mort, à cesser de fuir ce qui nous effraie pour l’envisager plus sereinement. Chaque livre est une invitation au partage, un antidote à la solitude et au silence.

V. M. : Dans la plupart de vos textes, le point de départ est quelqu’un qui est en train de se battre. Pourriez-vous expliquer ce procédé ?

A. D. : C’est cette bataille intérieure qui préside chaque fois à l’écriture d’un livre. La traversée permet ici de modifier le rapport à la mort, de retrouver du mouvement de pensée. Les temps de l’écriture et de la lecture sont des parenthèses, des temps dilatés, où je propose au lecteur et à la lectrice de ralentir et de s’offrir un temps d’introspection, en résonance avec le texte.

V. M. : Comme pour vos textes précédents, le titre Sortir au jour est évocateur. Pourriez-vous le présenter ?

A. D. : J’aime ce titre, car il offre plusieurs sens. Les personnes pensent souvent à une naissance et ce malentendu me plaît, car la naissance et la mort sont des temps de passage, qui interrogent notre humanité commune. Le titre est inspiré du rituel funéraire de l’Égypte ancienne. Après son embaumement, le défunt devait traverser le royaume des ténèbres, et pour l’aider, pour le guider dans son périple, on lui confiait le livre des morts. La traduction littérale du titre de ce guide est « le livre pour sortir au jour ».

V. M. : Pourriez-vous nous raconter votre rencontre ? Peut-on considérer ce roman comme le récit d’une rencontre ?

A. D. : Nous nous sommes rencontrées par hasard dans une librairie. Gabriele a évoqué son métier, que je connaissais peu. Elle a choisi ce travail après un long cheminement, il s’agit d’une reconversion. Elle m’a dit : « J’ai enfin trouvé du sens à mon travail. » J’ai eu envie qu’elle m’en dise plus ! 

V. M. : Que faites-vous au théâtre en ce moment ? 

A. D. : La plupart du temps, je partage mes textes sous forme de lectures musicales, avec la musicienne Sarah Decroocq (June Bug). Ces moments constituent de belles traversées collectives autour des questions qui nous travaillent intimement. Le spectacle vivant permet de toucher les personnes autrement que lors d’une lecture solitaire. Ce sont des moments de partage très précieux ! Il m’arrive aussi de vivre des temps de plateau avec d’autres musiciennes ou des plasticiennes sur des projets plus ponctuels. C’est l’un des aspects de mon métier que j’aime le plus. Ces rencontres sont souvent très fécondes.

[Amandine Dhée est une écrivaine et comédienne française. Son écriture questionne notamment le désir, la sexualité, la maternité, le corps et la mort. Elle remporte en 2017 le Prix Hors Concours pour son roman La Femme brouillon (La Contre Allée). Parmi ses autres ouvrages, citons Les Saprophytes, urbanisme vivant, La Contre Allée, 2017 ; À mains nues, La Contre Allée, 2020 ; Cramoisir, L’Onde théâtrale, 2022 ; Sortir au jour, La Contre Allée, 2023, sélection Prix Orange du livre 2023 et sélection Prix Babelio 2023.]VELIMIR MLADENOVIĆ

https://www.la-nouvelle-quinzaine.fr/mode-lecture/les-soins-de-la-mort-entretien-avec-amandine-dhee-1276

Catherine Painset, pour La Voix du Nord

Catherine Painset, pour La Voix du Nord

« Sortir au jour » : l’écrivaine Amandine Dhée met des mots réconfortants sur la mort

La Lilloise parlait de sexe dans À mains nues ; cette fois, elle nous ouvre la porte du royaume des morts. Après Éros, Thanatos ? La question sonne comme une blague. « Avec les copines, on parle de sexe mais aussi de mort, avec sagesse. Les femmes savent que le temps est précieux. Qu’il faut prendre soin du lien, de la transmission », réagit l’écrivain. Le temps, le lien sont des thèmes récurrents dans l’œuvre d’Amandine Dhée. Sortir au jour (titre emprunté à l’Égypte antique) est né de sa rencontre avec Gabriele, thanatopractrice, qui a parlé avec confiance de son métier. Le livre est aussi une adresse à son petit garçon. “Quand la question de la mort est posée et qu’on est un peu lâche, on a envie de fuir. Mais il faut bien répondre quelque chose…” L’autrice le fait avec délicatesse et esprit, profondeur et légèreté, loin de l’affliction.

Podcast avec Amandine Dhée dans l’émission d’Aurélie Fontaine <em>Breton.ne.s & féministes</em>

Podcast avec Amandine Dhée dans l’émission d’Aurélie Fontaine Breton.ne.s & féministes

Retrouvez ci-dessous l’enregistrement de la rencontre avec Amandine Dhée, écrivaine féministe et comédienne, à l’occasion de sa tournée bretonne pour son dernier livre Sortir au jour.

La discussion a eu lieu au café-librairie Les Déferlantes, à Morlaix, dans le Finistère, et c’est Lénaïg Jézequel, la propriétaire de la librairie, qui la recevait.

Amandine Schmitt, pour L’Obs

À l’origine de ce petit livre violet, la rencontre, lors d’une signature en librairie, de la romancière avec Gabriele, thanatopractrice de son état. Celle-ci décrit son choix de reconversion qui décontenance ses interlocuteurs (alors que quand elle « travaillait dans une agence de communication, personne ne [lui] demandait jamais pourquoi »), ses gestes, ses relations avec les endeuillés, et sa belle mission. Amandine Dhée s’interroge sur la façon d’aborder le temps qui passe avec ses enfants. Un dialogue serein, apaisé, comme pour apprivoiser la fin de vie et la faire entrer avec douceur dans nos conversations.

Henri-Charles Dahlem, pour Ma collection de livres

Henri-Charles Dahlem, pour Ma collection de livres

Charline Cauchie pour l’Echo

Charline Cauchie pour l’Echo

Amandine Dhée, Salomé Kiner et Myriam Leroy rendent hommage à Annie Ernaux

Soazic, pour L’Affranchie Podcast

Retrouvez tous les podcasts de L’Affranchie ici
Nathalie Peyrebonne, pour <em>Délibéré</em>

Nathalie Peyrebonne, pour Délibéré

Sortir au jour d’Amandine Dhée: la mort à visage humain

J’assiste, tu assistes, nous assistons, jour après jour, au défilé de l’actualité : la petite phrase de l’un ou de l’une, le déplacement d’un autre, l’évènement, celui qui vient de se produire, se rappelle à nous, ou se produira immanquablement. Parfois, aussi, au milieu de tout cela, se glisse un non-évènement.

Un non-évènement ? Mais qu’est-ce donc que cela ?

C’est, dirait monsieur de La Palice, le contraire d’un évènement, de ce qui s’est produit donc, mais là on est dans le non, dans ce qui n’est pas, n’a pas été, ne sera pas. Sauf que bien sûr chaque jour des tas de choses ne se produisent pas et on n’en parle pas, comment pourrait-on d’ailleurs s’arrêter sur tout ce qui ne se produit pas, partout, tout le temps, quand tant de choses se produisent bel et bien. Et pourtant, il arrive que l’on prenne le temps de mentionner un non-évènement, on s’y attarde même, on l’observe, on le soupèse, on le compare à d’autres non-évènements voire même à des évènements.

Le non-évènement est l’évènement qui a failli, ou qui plutôt a manqué à sa mission d’évènement : il aurait dû être évènement, et puis non. Il a raté le coche. Le non-évènement, souvent, est cible de critiques dures, de rancœur, on lui en veut, pour son ratage ou parce qu’il s’est pris pour ce qu’il n’était pas, ou parce qu’il aurait dû être mis sur le devant de la scène et qu’on l’a lâchement planqué. Ainsi Le Point, dans un article du 23 février 2023, nous informe qu’Emmanuel Macron a remis en catimini (rien ne figurait sur l’agenda présidentiel) les insignes de la légion d’honneur à l’Américain Jeff Bezos, 4e (ou 3e selon les sources) fortune mondiale, et cela le 16 février, le jour même où des milliers de manifestants défilaient en France contre la réforme des retraites: « Pour le coup – précise Le Point – voilà un non-évènement dont on aurait pu se passer en pleine crise sur les retraites ». Cette remise de médaille est un évènement, puisqu’elle a bien eu lieu sous l’égide présidentielle, mais c’est un non-évènement parce qu’en réalité, selon Le Point, ce n’est pas important. Mais, tout de même, on s’en serait bien passés. En gros, l’évènement qui n’en est pas un est tout de même bien encombrant, pour un non-évènement s’entend, à moins bien sûr qu’il ne s’agisse au bout du compte d’un véritable évènement, mais sur ce point les avis divergent.

C’est par un non-évènement que s’ouvre le beau livre d’Amandine Dhée sorti au début de cette année, Sortir au Jour (Editions La Contre Allée). Une visite à l’hôpital. Elle est avec son compagnon et son fils, lequel doit subir des examens : « Il était paisible. Il s’est toujours prêté de bonne grâce aux examens médicaux, avec une confiance qui me serre le cœur. (…) Si au moins il pouvait résister et pousser quelques hurlements, il m’offrirait l’occasion de le rassurer, de jouer ma partition de mère protectrice et, ce faisant, me détournerait de ma propre angoisse. Mais sa conduite digne m’oblige à rester stoïque et me laisse me ronger du dedans ».

Le petit est calme, donc. La mère se ronge les sangs : « Voilà, on y est. Au lieu de gambader dans la cour de récré ou de s’efforcer d’obtenir un bon point, qui fait une grande image avec un animal sauvage dessus au bout de dix, mon fils est là ».

Examen. Attente. Examen. Et puis, après une nouvelle attente forcément interminable, le diagnostic tombe : tout est normal.

« Ce non-évènement a été l’une des premières choses que j’ai racontées à Gabriele ».

Parce que les non-évènements nous marquent profondément, nous font réfléchir et servent même occasionnellement de ponts vers les autres.

Gabriele, donc, fait son entrée dans le récit : « Le métier de Gabriele, c’est d’être là quand la catastrophe a eu lieu. Elle travaille avec les morts ». Elle n’a pas toujours fait cela : « Parfois, les gens insistent, mais pourquoi tu fais ça ? (…) Quand je travaillais dans une agence de communication, personne ne me demandait jamais pourquoi. Alors que c’est une vraie question, non ? »

Dans le livre alternent la voix de la narratrice et celle de Gabriele, et, toujours, il est question de la mort, des morts, de la façon dont on les côtoie, des légendes qu’on se raconte à leur propos ou qu’on s’empêche d’interroger (« Pas toucher au permafrost »), des rituels qui nous abritent.

Le livre d’Amandine Dhée parle de la mort, par touches subtiles, l’air de rien, de ce que l’évènement qui jamais n’est qualifié de non-évènement nous inspire, des histoires qui nous aident à tenir debout, parce que voilà, c’est bien de cela qu’il s’agit, au bout du compte, d’histoires, de mots, de voix, de récits qui se poursuivent, envers et malgré tout, parce qu’« ensemble, nous tiendrons tout court ».

Les défricheurs de la rentrée littéraire (Edelweiss France)

Les défricheurs de la rentrée littéraire ont repéré Sortir au jour ! Le dernier ouvrage d’Amandine Dhée apparaît dans le palmarès des dix romans préférés des libraires indépendants !

Laurent Pfaadt, pour Hebdoscope

En évoquant le métier de thanatopracteur, Amandine Dhée délivre un véritable manifeste en faveur de la vie

La vie réserve parfois de surprenantes rencontres même pour quelqu’un qui les attend et en fait la matière de son activité créatrice. C’est ce qui arriva à Amandine Dhée, autrice de plusieurs romans dont La Femme brouillon (Contre Allée, 2017), prix Hors Concours qui évoque son expérience de la maternité.

Alors qu’elle fait la promo de son dernier ouvrage, elle rencontre une femme, Gabriele, qui lui parle de son métier : thanatopractrice. Commence alors une relation entre les deux femmes qui allait aboutir à ce livre magnifique.

Retrouvez l’intégralité de la recension : http://www.hebdoscope.fr/wp/blog/parle-avec-elle/

Blog littéraire Les mafieuses

J’attendais avec impatience le dernier livre d’Amandine Dhée depuis que j’ai découvert le ton singulier de cette autrice dans « La femme brouillon ». Un petit bouquin sur la maternité qui touche et qui est sorti en 2017. Dans ce nouvel essai il est question de la mort, suite à une rencontre dans une librairie pour un livre précédent. Amandine Dhée croise une thanatopractrice et plusieurs échanges vont découler de cette rencontre. Ce livre en restitue une partie et questionne le statut de la mort dans notre société, que ce soit lorsqu’on en parle avec des enfants ou lorsqu’on se représente la mort d’une manière ou d’une autre. Comme souvent chez Amandine Dhée son approche est intéressante et amène de nombreux questionnements. Le ton n’est pas dénué d’humour et nous met facilement face à nos contradictions. Un réel plaisir de lecture.

Amandine Farges, pour Encres Vagabondes

Le thème de Sortir au jour d’Amandine Dhée a de quoi surprendre au premier abord : l’autrice y relate ses conversations avec Gabriele, une thanatopractrice rencontrée au sortir d’une dédicace en librairie.
Alternant les comptes-rendus détaillés que Gabriele fait de son métier et de ses enjeux et les réflexions qu’ils font naître chez son interlocutrice, le récit interroge la complexité du rapport à la mort dans notre société. Complexité poussée à son extrême dans la période particulière où Amandine Dhée écrit son livre qui est celle du Covid : « Et tous les soirs, le décompte des morts à la radio. Des amis perdent des proches, comment se débrouillent-ils avec leur deuil ? »
La pandémie mondiale a en effet bouleversé notre rapport au monde, à la mort et à nos morts qui n’ont pu être veillés, laissant ceux qui restent démunis. Car comme l’explique Gabriele, le métier de thanatopractrice est tout autant un rituel envers les morts qu’un travail au service des vivants.

Retrouvez l’intégralité de la recension : https://www.encres-vagabondes.com/magazine9/dhee3.htm

JT 12-13 France Nord Pas-de-Calais

JT 12-13 France Nord Pas-de-Calais

Margot, pour Cultures Sauvages

Margot, pour Cultures Sauvages

Envie de lire un livre étonnant, plein de talent, éclairant, surprenant, instructif, intuitif, sensible et riche d’humanité ? De comprendre, expliquer, rencontrer, ressentir et sentir des frissons de tendresse, d’apprentissage, ceux de la vie ? Oui ? Alors, alors…

Une superbe couverture, comme les éditions majeures La Contre-allée nous en offrent souvent. Un titre attirant, expliqué dans le livre : « Sortir au jour » est la traduction littérale du titre du Livre des morts des anciens Egyptiens. Une histoire de rencontre, de sagesse et d’apaisement. Une curiosité titillée, une envie de savoir justement faire la part des choses sur la vie, la mort, les sens à mettre derrière tout ça, et ainsi, en lisant, connaître un métier qui nous lie, tous, mais ici présenté sous un regard multiple et peu ordinaire.

« Sortir au jour » est un livre étonnant qui aborde sincèrement, intimement un thème souvent évité sous cette forme. La mort est censée être triste, tragique, indicible, une perte infinie… Mais « Sortir au jour » nous montre aussi, surtout, combien la mort est un thème qui nous lie.

Les pages sont une rencontre, un dialogue pour rendre l’inévitable acceptable, pour accepter le cours du temps même quand il se brouille, pour ouvrir les portes, aussi, comme une quête de sens collectif.

Lire l’intégralité de l’article en ligne en cliquant ici

Cécile D pour Addict-culture

Alors qu’elle conclut une rencontre littéraire pour un précédent ouvrage, la narratrice/écrivaine de Sortir au jour, alter ego d’Amandine Dhée dont c’est le dernier livre publié aux Éditions La Contre Allée, doit affronter un lecteur (homme !) qui tient à lui signifier qu’il n’aime pas le mot autrice. Par solidarité chacune des femmes présentes s’étonne qu’on ne leur ait pas reproché d’être pour l’une institutrice, ou pour l’autre animatrice, voire thanatopractrice. Thanatopractrice, cette jeune femme ? Ce sont alors les propres projections de la narratrice qui viennent questionner celle qui prétend l’être… La rencontre devient inévitable.

Le touchant récit que nous livre l’autrice de La femme brouillon et d’À mains nues, aborde avec cette gravité légère qui caractérise sa voix, un sujet toujours aussi sensible et délicat, celui de notre rapport avec l’idée de la mort. Sachant à la perfection offrir une caisse de résonnance tant à nos ultra-modernes questionnements existentiels qu’à nos peurs archaïques, Amandine Dhée nous confie avec beaucoup de simplicité des choses profondes et essentielles, de celles qu’on ne se dit parfois qu’à soi et encore, de celles qui viennent désormais étrangement prendre le pas sur le sexe, passé la quarantaine, dans les conversations entre amies. L’angoisse de la mort des enfants qui engloutit régulièrement la mère qu’elle est telle la vague incontrôlable d’un tsunami, la mort qu’on finit par rencontrer tout proche de soi dès qu’on avance en âge, celle de l’amie emportée par le cancer et qui était pourtant là hier, bientôt celle des parents peut-être.

Après les années de pandémie, on ne peut éviter de remarquer que ce sujet si rare, celui de du soin aux défunts qui a tant fait défaut durant la crise sanitaire, ait pollinisé plusieurs textes de jeunes autrices, comme ce fût le cas avec le premier roman de Marie Mangez chez Finitude en 2022, Le parfum des cendres, ou les récits d’écrivains qui n’ont pas pu accompagner ou de façon insatisfaisante leurs proches vers leur dernière demeure. Nos sociétés où la mort se cache, où la maladie est taboue voire honteuse, ont vu de près ce qu’on ne regarde que de loin, en coin, ce qu’on tente d’oublier. L’immersion collective dans une commune vulnérabilité semble peut-être avoir ouvert une porte, une porte permettant de Sortir au jour comme ces livres dont c’était l’objet et qui avaient pour finalité d’accompagner les défunts dans leur transformation corporelle post mortem. Une manière de faire la paix et de penser nos inévitables petits arrangements avec la mort, une manière peut-être d’avoir moins ou différemment peur.

Retrouvez l’article en ligne : https://addict-culture.com/amandine-dhee-sortir-au-jour-la-contre-allee/

ActuaLitté

ActuaLitté

Sortir au jour d’Amandine Dhée est dans « Les bonnes feuilles » d’ActuaLitté ! L’article de Noé Megel et un extrait du roman sont à retrouver ici.

Sortir au jour, ou comment écrire un livre réconfortant sur la mort

BONNES FEUILLES – Lors d’une rencontre en librairie, Amandine Dhée raconte comment un homme l’a un jour abordée, à l’issue d’une dédicace, pour lui faire part de son horreur du mot « autrice ». Désappointée, elle hésita alors sur la manière de réagir : se lancer dans le débat ou botter en touche… 

Les femmes présentes dans l’assemblée réagirent vivement à cette anecdote : Personne ne m’a reproché d’être « institutrice », ni moi « animatrice »… C’est alors qu’une voix renchérit : Ni moi « thanatopractrice ». Intriguée par Gabriele, la jeune femme qui a lancé cette remarque, Amandine Dhée lui demande ses coordonnées, « On ne sait jamais… », lui dit-elle.

De nombreux échanges s’ensuivent, pendant lesquels Amandine et Gabriele évoquent la thanatopraxie, le parcours de Gabriele, sa reconversion, les évolutions du métier, sa dimension « théâtrale », les préjugés et clichés qui entourent cette profession.

Mêlant le témoignage de Gabriele à ses propres réflexions, et utilisant comme toujours son humour et son sens de la formule, Amandine Dhée atteint l’objectif qu’elle s’était fixé : « écrire un livre réconfortant sur la mort ». L’occasion de réfléchir avec elle sur nos propres angoisses, sur notre désir de transmission, sur les pertes et les liens qui unissent les êtres et qui marquent les générations. Liant l’intime au politique, Sortir au jour est aussi un texte qui questionne nos façons de faire société.

Les éditions La Contre Allée nous invitent à découvrir les premières pages :