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Revue Phoenix

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dans le calendrier de l’avent de Lire peu ou Proust

Le livre de Pablo Martín Sánchez est dédié à Pablo Martín Sánchez.

C’est l’histoire d’un jeune auteur peu connu, né en 1977, Pablo Martín Sánchez. Il accuse son patronyme d’être trop commun. Un jour, de dépit, il se googlise et découvre, sur la toile, « dans un cocktail de surfeurs, de joueurs d’échecs ou de responsables d’accidents de la circulation poursuivis en justice », un fil qu’il tire.

Un autre Pablo Martín Sánchez est possible.

Un Dictionnaire international des militants anarchistes comporte la notice d’un homonyme. Ou plutôt la notice d’un certain Enrique Gil Galar qui fut condamné à mort en même temps que cet autre Pablo Martín Sánchez. Le dictionnaire ne va que jusqu’à G. Pas de M pour Martín. Cela aurait été trop simple.

Outre la fin tragique de son homonyme, il sait qu’il est lié à l’expédition de Vera de Bidasoa du 6 et 7 novembre 1924, « au cours de laquelle une centaine de camarades venus de France étaient entrés en Espagne ».

L’auteur cherche dans les archives des tribunaux, des journaux, à la Bibliothèque nationale. Et pour commencer il s’occupe de l’état civil de la ville de naissance de son homonyme, Baracaldo. Pas facile quand on ne sait pas la date exacte de la naissance de la personne. Il trouve par exemple un Pablo Martín Santos, mort d’un collapsus pulmonaire…quelques jours après sa naissance.

Il parvient à trouver Teresa, la nièce de Pablo Martín Sánchez, plus de 90 ans, à qui il dit devoir la moitié de ce livre. Avant de mourir, elle laissera ce mot à l’écrivain : «Merci pour tout, Pablo. Mon oncle aurait drôlement ri si on lui avait dit qu’il finirait en personnage de roman.  »
En 2012, Pablo Martín Sánchez sort une biographie de son homonyme, un anarchiste condamné à mort en 1924. Un homme qui aurait pu être son arrière-grand-père.

L’auteur a traduit Queneau et Le Tellier. C’est dire s’il aime jouer avec les mots et leurs en-tous-sens. L’espiègle en littérature, il connait.

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L’Anarchiste qui s’appelait comme moi sur RFI

L’Anarchiste qui s’appelait comme moi sur RFI

Pablo Martín Sánchez sur RFI
TV5 Monde

TV5 Monde

L’anarchiste qui s’appelait comme moi, sur TV5 Monde
L’Humanité

L’Humanité

un article de Sullivan pour le webzine Positive Rage

On aime ces livres qui ont des histoires incroyables ! Pour ce premier roman de Pablo Martin Sanchez, c’est son origine qui est folle. Car voulant écrire mais n’ayant pas trop d’inspiration, l’auteur eut l’idée de taper son nom sur Google, juste pour voir.

Des centaines d’homonymes apparurent. Il faut dire que Sanchez est un nom très répandu en Espagne. Des surfeurs, des joueurs d’échecs ou des gens responsables d’accidents de voiture. En fouillant un peu plus, notre homme tomba sur un anarchiste qui participa à une insurrection visant à renverser la dictature de Primo de Rivera arrivé au pouvoir grâce à un putsch en 1923.

Là ça devenait bien entendu intéressant. Et Pablo Martin Sanchez prit alors la décision de raconter l’histoire de cet anarchiste qui s’appelait comme lui. Mais le plus dur commençait car si les informations sur la fin de son existence ne manquaient pas (il fût condamné à mort par le régime…), par contre le reste de sa vie était un grand blanc qu’il fallait encore combler. Ce que parvint à faire l’auteur en se plongeant dans les archives et en obtenant l’aide précieuse de la nièce de l’anarchiste, âgée de plus de 90 ans, qui lui raconta la vie de son oncle une fois par mois, le premier samedi, lors de ses visites dans sa résidence pour personnes âgées.

Malgré tout, la vie de Pablo Martin Sanchez aurait pu se révéler inintéressante ou juste banale, elle était tout le contraire : incroyablement romanesque et passionnante…Lui qui aurait pu mourir lors d’un duel au pistolet, à l’ancienne, à cause de son amour pour Angela, rencontrée lors des tournées d’inspection de son père, dût s’exiler plusieurs fois pour éviter de se faire arrêter, travailla comme imprimeur d’un fascicule anarchiste à Paris (beaucoup de révolutionnaires, anarchistes et communistes espagnols vivaient alors dans la capitale française, ayant dû fuir la dictature), émigra en Argentine, faillit tuer le roi Alphonse XIII, fût reporter de la grande guerre, rencontra de célèbres penseurs d’extrême gauche comme Blasco Ibanez, Unamuno ou Ortega y Gasset et participa donc à une insurrection anarchiste lancée depuis la France pour renverser Rivera ! Le tout ponctué bien sûr d’histoires d’amitié fortes (avec Robinson ou Léandro), d’amours impossibles (les parents d’Angela s’opposèrent à leur relation) et de coups du destin hallucinants. Une vie que l’autre Pablo Martin Sanchez raconte avec envie (le syndrome de l’identification avec son héros a dû être encore plus fort qu’à l’accoutumée) et talent.

Très bien écrit, L’Anarchiste qui s’appelait comme moi est surtout porté par un choix narratif original qui donne tout son sel au roman : alterner le récit de la jeunesse et des années de formation de l’anarchiste espagnol et celui du Paris des années 20 où l’atmosphère était aux idées révolutionnaires, à la lutte des classes et au désir de renverser les dictatures jusqu’à ce qu’ils se rejoignent finalement pour la fin que l‘on connaît. Peut-être…Car la nièce de Pablo Martin Sanchez est morte avant leur tout dernier rendez-vous au cours duquel elle devait lui annoncer une surprise de taille…Un roman captivant !

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